B. L'impact sociopolitique des PAS
Les programmes d'ajustement structurels, dans leur conception,
visaient à corriger le ralentissement ou mieux la récession
économique dans laquelle certains pays du monde se sont trouvés
au gré des évènements (cf. para. A). Leur
implémentation au Togo fait suite à la stagnation puis à
la régression des performances économiques enregistrées au
début de la décennie 1970, marquées par un climat
favorable à l'exportation des matières premières. Leur
fondement réside donc dans leurs capacités à remettre
l'économie sur les rails de la croissance et la stimulation ou
l'impulsion du développement. D'un point de vue économique, il
faut reconnaitre que le tout premier PAS implémenté au Togo a
permis de réaliser des résultats encourageants même si de
façon générale, les résultats sont restés en
deçà des objectifs de départ
116. Cependant, « les problèmes
sociaux se sont aggravés »117. Le
bilan sur le plan social est en effet accablant, nonobstant «
l'absence de données statistiques fiables et le caractère
qualitatif de certains objectifs (sociaux notamment) rendant difficile
l'établissement des liens de cause à effet entre les
évolutions des variables socio-économiques constatées
pendant et après la mise en oeuvre des programmes »
118. Sur le plan de la santé par exemple,
l'accès aux soins primaires à nettement diminué,
l'espérance de vie réduite etc... malgré la mise en oeuvre
de ce PAS (cf. para. B). le PAS II a été initié pour
justement, pallier les insuffisances du PAS I comme le reconnait le rapport
d'évaluation des performances de programme de la Banque Africaine de
Développement (BAD). Cependant, de PAS en PAS, le bilan reste
très mitigé avec des conséquences sociales énormes.
Cela s'explique notamment par des défaillances dans leurs
conceptions.
116 « En effet, au terme du PAS I,
la balance commerciale est restée déficitaire, la croissance des
exportations étant restée faible par rapport à celle des
importations qui s'est accélérée ; l'objectif de
diversification des exportations n'a pas été atteint ; le
déficit global des opérations consolidées de l'Etat ainsi
que celui des opérations courantes ont certes baissé mais sans
atteindre les niveaux souhaités ; le secteur privé n'a connu
qu'une faible et lente redynamisation », Groupe de la Banque
Africaine du Développement, « Togo, programme d'ajustement
structurel I et II », Rapport d'évaluation de performance du
programme (REPP), Op cit.
117 Idem.
118 Idem.
En effet, il y avait 94 programmes à exécuter
dans le PAS II et 57 pour le PAS III, les deux exécutable en deux ans
seulement chacun. « Ce qui ne tenait pas compte du contexte
socio-politique dans le pays et des capacités réelles de
l'administration. Par ailleurs, chaque bailleur de fonds avait des
conditionnalités propres, différentes de celles des autres, ce
qui a désorienté le gouvernement et n'a pas facilité leur
réalisation » 119. En
outre, les partenaires sociaux n'ont pas été associés
à la formulation de ces PAS afin de susciter leur adhésion et une
active participation de leur part, ainsi qu'il n'eut pas tenu compte des
facteurs sociopolitiques (notamment la grève générale de
1991) et d'autres aléas climatiques, les fluctuations des cours
internationaux des produits d'exportation auxquels l'agriculture de rente est
sensible.
Si la nouvelle donne, de manière
générale, était censée constituer un coup de pouce,
une « bouffée d'oxygène » pour l'opposition politique
balbutiante, en ce qu'elle pourrait être convertie en opportunité
politique, force est de remarquer que l'implication de la communauté
internationale dans le champ économique du Togo, n'a pas eu une
incidence significative sur la distribution des cartes sur l'échiquier
politique. Toutefois les conséquences sociales de cette implication ont
tant soit peu eu une influence sur le comportement politique des
électeurs. En somme, la présence de la communauté
internationale dans le jeu politique s'est montrée déterminante
au regard des influences qu'elle exerce sur le déroulement du jeu
politique au point de constituer un véritable enjeu politique.
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119 T. A. GOGUÉ, Op cit.
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