§2. DES POLITIQUES DE REDRESSEMENT
NÉCESSAIRES
Dans le vocable « politique de redressement »,
nous mettons l'ensemble des politiques
publiques112 adoptées au cours de cette
période en vue de faire face à la situation
délétère qui prévalait en ce moment même.
Plusieurs mesures ont été en effet prises, mais dans le cadre de
ce travail, nous nous contenterons de plancher sur les plus fondamentaux
notamment l'intervention de la communauté internationale dans le
contexte politique togolais à travers les Programmes d'Ajustement
Structurelle (PAS) (A) et les répercussions que la mise en oeuvre de ces
programmes de développement ont eu sur le jeu politique qui s'y
déploie(B).
A. Les programmes d'ajustement structurel
Les programmes d'ajustement structurel (PAS) sont un ensemble
structuré de mesures élaborées en vue de permettre aux
pays de rétablir les grands équilibres
macroéconomiques113. Ils s'articulent
fondamentalement autour des points suivants :
1. Des politiques monétaires et fiscales restrictives en
vue de maitriser la demande
globale à un niveau compatible avec l'offre globale, ainsi
que des mesures visant à rétablir l'équilibre des finances
publiques ;
111 T. A. GOGUÉ, « Impact des
programmes d'ajustement structurel sur le secteur de la santé : cas du
Togo », Op. Cit.
112 Entendu ensemble d'actions et de
décisions prise par les pouvoirs publiques afin de résoudre un
problème défini comme publique.
113 T. A. GOGUÉ, ibid.
2.
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Des contrôles plus rigoureux des procédures
budgétaires ;
3. Des politiques visant à rétablir la
vérité des prix en vue d'améliorer l'allocation des
ressources pour rendre l'économie plus compétitive ;
4. La libéralisation des mouvements internationaux des
biens et des capitaux ;
5. La dépréciation du taux de change en vue
d'améliorer l'Etat de la balance des paiements.
Au total, le Togo a mis en oeuvre trois (3) PAS de 1988
(année d'expérimentation du premier programme) à 1999. Le
premier PAS (1988 - 1990), soutenu par la Banque mondiale et le Fond
Monétaire International (FMI) et la Banque Africaine du
Développement (BAD) à hauteur de 13,8 millions
d'UC114, « visait la stimulation de
l'initiative privée afin de générer la croissance du PIB
à 3,6 % par an, la gestion efficace de l'économie en
restructurant le secteur parapublic, en améliorant la capacité
d'absorption du pays et en réduisant les déficits interne et
externe »115. Le deuxième PAS est
intervenu pour la période 1994 - 1998 et le PAS III pour 1996 - 1998
(avant le terme du PAS II). Il faut dire aussi qu'à part les PAS,
d'autres programmes visant également à redresser les
déséquilibres économiques ont été
initiés en faveur du Togo. Il s'agit entre autre du Programme
d'Ajustement et de Relance Economique (PARE), et des financements du Fon
Africain de Développement (FAD).
A l'analyse et au regard des mesures d'austérité
qui ont accompagné les programmes d'ajustement structurels, il est clair
que c'est la souveraineté de l'Etat sur la gestion de ses affaires
internes qui se trouve affectée. Le Togo se trouve ainsi contraint de
suivre les leçons sur la gestion de ses finances publiques
définies par les institutions financières internationales
notamment la Banque Mondiale, le FMI, la Banque africaine de
développement, conformément à l'impératif de
redressement du déséquilibre micro et macroéconomique. La
situation est plus remarquable à partir du deuxième et
troisième PAS du fait du cadre temporel de leurs déploiements.
Rappelons que le début de la décennie 1990 est marqué par
des soubresauts multiformes avec à la clef une profonde mutation des
systèmes politiques et économiques en vigueur. Impulsé
fondamentalement par le discours de la Baule, le déclin du monopole de
l'Etat dans la gestion des affaires en son sein et la promotion du secteur
privé sont entre autre mesures qui sont imposées au
114 Groupe de la Banque Africaine du
Développement, « Togo, programme d'ajustement structurel I et II
», Rapport d'évaluation de performance du programme (REPP).
115 Idem.
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Togo afin de maintenir la coopération avec les
partenaires financiers. L'envahissement somme toute, entière du champ
économique togolais n'est pas resté sans conséquence sur
la vie institutionnelle du Togo ainsi que sur le vécu quotidien des
togolais qui était déjà décrié. En clair les
PAS ont eu un impact indéniable sur le plan économique,
politique, mais aussi et surtout social.
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