La communauté internationale dans le jeu politique togolais à partir de 1990.par Rodolphe Assataclouli BAKOUSSAM Université de Kara - Master en Gouvernance internationale (Sciences politiques) 2018 |
B. L'impact social de la conjoncture économique d'avant 1990Il est superfEtatoire de rappeler le lien congénital qui existe entre l'économique et le social, l'un déterminant l'autre et l'autre permettant d'évaluer la pertinence du premier. En principe, c'est à partir de l'impact social d'une économie que l'on peut jauger l'effectivité du développement d'un pays notamment à partir de l'indice de développement humain (IDH)107. « L'un des principaux facteurs ayant contribué à ouvrir une fenêtre d'opportunité à la démocratisation est la crise économique prévalant dans la majorité des Etats africains à la fin des années 1980. Elle a culminé dans certains cas en une véritable banqueroute »108. La récession économique que le Togo a traversé vers la fin de la décennie 1970 et au cours de celle 1980 a eu un fort impact sur les conditions de vie des togolais. Cette perte de vitesse dans la croissance économique que le pays avait préalablement amorcée, pouvait se ressentir dans tous les secteurs. Ainsi, que ce soit dans la santé, les services publics, la détérioration devenait de plus en plus patente et se faisait ressentir indiciblement. Sur le plan social, on pouvait noter au cours de cette période une dégradation considérable du niveau de vie des populations. En effet, l'évidence était perceptible à travers l'évolution de la malnutrition dans le pays. Selon le ministre du plan et des mines, « le nombre de consultations pour malnutrition dans les centres de santé est passé de 3726 en 1980 à 7880 et 14166 en 1983 et en 1987, respectivement »109. Le secteur de la santé a présenté le tableau le plus sombre de la décadence du niveau de vie au cours de cette période. « La fourniture des médicaments a sensiblement diminué dans les centres de santé et les prestations de services n'ont pu se maintenir au niveau des besoins des populations »110. Ceci a eu pour corolaire la propagation de certaines pandémies notamment le SIDA, entamant considérablement l'espérance de vie de la population togolaise. En somme, cette parenthèse s'est avérée très difficile à supporter par les togolais,
108 M. GAZIBO, « La dynamique de la démocratisation », Introduction à la politique africaine, Montréal, Presse de l'Université de Montréal, 2010, pp. 167-189. 109 T. A. GOGUÉ, ibid. 110 « Rapport du PNUD sur le développement humain au Togo », in Le monde rural, novembre 2011, op cit. 42 tant tous les indicateurs étaient au rouge. L'indice de développement humain y décrira une courbe instable traduisant amplement les faibles performances réalisées par l'économie togolaise. « Pour corriger les déséquilibres macro-économiques et permettre la croissance durable, il fallait, par des mesures appropriées, s'attaquer aux problèmes fondamentaux de politique économique, de gestion et d'aménagement du cadre juridique et institutionnel du pays en difficulté »111. Des réformes en profondeur sur la gestion des finances publiques deviennent indispensables. Le Togo va alors avoir recours à ses partenaires financiers pour définir des politiques économiques et d'autres mesures nécessaires, à même de redresser la situation socioéconomique qu'il traverse. |
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