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Ciblage de l'inflation.


par Wajdi Hammouda
Institut des hautes études commerciales de Carthage - Master de recherche en analyse et ingénierie économique  2020
  

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2-2-3- Les règles d'objectifs

Les règles objectives sont basées sur la réalisation d'un objectif fixé par les autorités monétaires (Rudebusch et Svensson, 1998 ; Svensson, 2005). La littérature économique identifie deux types de concepts : les variables cibles et les niveaux cibles attendus de variables (sur la base des informations pertinentes disponibles). La règle d'objectif vise alors à réduire la différence entre le niveau attendu de la variable cible et le niveau cible de la variable via une fonction de perte (Svensson, 2005). Le but ultime est de contrôler l'inflation.

L'une des règles cibles qui a produit de nombreuses publications ces dernières années est la règle cible du taux d'inflation. En conséquence, certaines banques centrales ont spécifiquement choisi des cibles d'inflation depuis le début des années 90 (Siklos, 1999 ; Svensson, 2010).

Les promoteurs de la règle d'objectif indiquent que la Banque centrale ne cible pas les variables intermédiaires, mais elle doit opérer directement sur l'objectif d'inflation. En vue de cela, faute d'un consensus sur un canal de transmission prédominant à travers lequel la politique monétaire opère au sein de l'économie, c'est la prévision de l'inflation qui tient lien d'objectif intermédiaire. La Banque centrale doit donc veiller à l'évolution d'un certain nombre d'indicateurs reconnus comme étant aptes à prévoir l'inflation pour parvenir à contrecarrer les tensions inflationnistes avant qu'elles ne se concrétisent. L'intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire vise dans ce cas à ramener le taux d'inflation anticipé proche de l'inflation ciblée (Svensson, 1997 ; Gregory, 2003 ; Agenor, 2008).

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La définition de la règle de l'objectif d'inflation peut être attribuée à deux conditions (Rudebusch et Svensson, 1998). Le premier est que les objectifs d'inflation doivent être quantifiés. Il peut s'agir d'un point bien défini dans la règle de Taylor (point d'inflation cible) ou d'une plage de points (fourchette cible). La seconde est que les institutions financières doivent être en mesure d'estimer les niveaux d'inflation futurs sur la base d'informations internes et conditionnelles. Le niveau d'inflation attendu représente un objectif intermédiaire.

Les principales caractéristiques du système de ciblage de l'inflation sont une transparence et une responsabilisation élevées. Par conséquent, les banques centrales ayant des objectifs d'inflation sont tenues de publier une déclaration d'inflation et d'expliquer leurs politiques. Cette transparence en soi signifie un engagement à minimiser la fonction de perte.

Lorsque l'objectif d'inflation est le seul objectif de la Banque centrale, il s'agit d'un régime strict de ciblage d'inflation. Par contre, si la Banque Centrale poursuit d'autres objectifs tels que la stabilisation de la production ou du taux d'intérêt, il s'agit d'un régime flexible de ciblage d'inflation. Dans ce dernier cas, la politique monétaire est moins activiste, dans le sens où les instruments sont faiblement ajustés par rapport à un choc donné, et le niveau d'inflation s'ajuste progressivement au niveau objectif ou cible de l'inflation. Il en résulte que l'horizon de l'ajustement du niveau de l'inflation à la cible est plus long.

Dans un régime flexible de ciblage d'inflation, il y a asymétrie entre l'inflation et la production dans la fonction de perte. En effet, pour l'inflation, il s'agit à la fois d'un objectif de niveau (la cible fixée) et de stabilité (écart entre le niveau anticipé de la variable cible et l'objectif fixé de ladite variable). Mais pour la production, on ne retient que l'objectif de stabilité.

En effet, cette approche est formalisée selon l'expression de Bernanke et Mishkin (1997) comme un cadre de « discrétion contrainte ». Il s'agit de fixer des objectifs et de déterminer avec précision le poids de ces objectifs (minimisant ainsi la perte de fonctionnalité) pour les autorités monétaires, tout en leur permettant de percevoir les directions en utilisant toutes les informations qu'elles jugent pertinentes. Attentes des agents, donc pouvoir choisir l'orientation future de la politique monétaire (Bernake et al., 1999 ; Pollin, 2005, 2008). Ces informations comportent plusieurs indicateurs, financiers et réels, susceptibles de rendre compte des origines multiples de l'inflation et d'éclairer les autorités monétaires sur l'évolution future de l'inflation (Cecchetti, et al., 2000 ; Payelle et al., 2001 ; Mishkin, 2004 ; Brand, 2008 ; Diane, 2011).

D'autre part, dans cette nouvelle formulation, la recherche est portée sur les indicateurs qui peuvent bien anticiper l'inflation, tandis que dans le cas des objectifs intermédiaires la variable doit avoir une relation structurelle causale avec l'inflation. C'est le pouvoir de prédiction et le fait de ne pas être directement sensibles aux manipulations des instruments, et non plus la relation de causalité structurelle, qui devient la caractéristique la plus importante (Allegret et Goux, 2003 ; Layouni, 2007).

Donc, la pertinence d'un indicateur est jugée à partir de son pouvoir de prédiction qui détermine la qualité du signal et l'information qu'il peut renvoyer. Ce pouvoir de prédiction est d'autant

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plus précieux qu'il est avancé dans le temps. À cet effet, l'idéal serait que cette avance dans le temps correspond aux délais de transmission des actions de la politique monétaire jusqu'à l'objectif final pour que la Banque centrale ait le temps de l'exploiter pleinement et surtout de réagir (Allegret, 1999).

Avec cette approche pour garder la réputation, la crédibilité et l'engagement de la banque centrale à faible inflation, stabilité et prévisibilité, il y a le privilège de discrétion qui leur permet de concilier la poursuite des prix à long terme et la stabilisation du PIB réel à court terme.

Par ailleurs, dans un environnement caractérisé par une hétérogénéité de l'information (Morris et Shin, 2002), source de la non neutralité de la monnaie, la politique monétaire ne doit pas seulement reposer sur ses actions, mais la priorité à la communication est essentielle pour aider les entreprise et les ménages à mieux prédire ses interventions futures ; ce qui permet de réduire l'incertitude (Croce et al., 2000 ; Baeriswil et Cornand, 2008 ; Cateau et Murchison, 2010).

Puisque le ciblage de l'inflation est une stratégie de moyen et long terme pour la politique monétaire, elle présenterait un certain nombre d'avantages et d'inconvénients.

En effet, l'un des principaux avantages en faveur de la cible d'inflation est que celle-ci accroît la confiance des agents économiques dans la stabilité des prix futurs. Elle contourne en outre le lien incertain établi entre la croissance monétaire et l'inflation et évite par conséquent le problème d'instabilité des fonctions de demande de monnaie lié au ciblage d'agrégat monétaire. Elle est plus proche de l'objectif final et accorde une grande importance à la transparence de la prise de décision et à la communication régulière avec les agents privés. Ce régime permet éventuellement de réagir face à des chocs macroéconomiques imprévus, de manière plus flexible (Lecarpentier-Moyal et al., 2001 ; Mishkin, 2007 ; Stuckey, 2011).

Le principal inconvénient de cette politique réside dans la longueur des délais existant dans la transmission des effets de la politique monétaire, il faut attendre longtemps pour voir les conséquences de la manipulation du taux directeur sur l'inflation. Dans ces conditions les agents privés ne sont pas conscients de l'impact immédiat de la politique monétaire et les signaux des agrégats monétaires, des prix des actifs ou des objectifs de taux de change sont immédiatement transmis au marché. De plus, des facteurs exogènes à la politique monétaire peuvent intervenir pendant l'intervalle de temps nécessaire à l'action de cette dernière, remettant en cause les résultats escomptés de la politique monétaire et sa crédibilité. L'inflation observée peut s'écarter de l'inflation anticipée en raison des chocs affectant le niveau général des prix (Lecarpentier-Moyal et al., 2001 ; Mishkin, 2007 ; Bousrih, 2011).

Dans cette configuration, le prix courant des actions peut contenir une information supplémentaire sur l'inflation future, soit parce qu'il reflète les anticipations du marché, relatives aux évolutions économiques, soit en raison de son incidence sur les évolutions économiques. Ce qui conduit à une dynamique déstabilisante de l'économie débouchant sur d'amples fluctuations des prix d'actifs. La crise financière de 2007-2009 a remis en question le comportement que doit adopter la Banque centrale pour limiter les fluctuations des prix des

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actifs, qui exercent des effets aussi bien sur les activités de production que sur le système économique dans son ensemble. D'où l'intérêt de la construction d'une règle d'objectif spécifique intégrant l'objectif de stabilisation des prix des actifs (Goodhart et Hofmann, Durré, 2001 ; 2001 ; Myftari et Rossi, 2010 ; EngoneMvé, 2013).

Après cette présentation des règles d'instrument et de ciblage, nous pouvons conclure que de façon générale, dans un modèle donné, une règle d'objectif fait appel à une règle d'instrument, cette dernière étant implicite (Huchet, 2003 ; Pollin, 2008). Ainsi, au lieu de travailler sur des règles de ciblage qui dans leur application posent le problème de transparence et de responsabilité de la part des autorités monétaires, il est préférable de retenir des règles d'instruments. Surtout que, la banque centrale ne retient aucun élément qu'elle manipule plus ou moins directement, quotidiennement ou hebdomadairement, pour atteindre des objectifs spécifiques. (McCallum, 1997).

Les règles d'instruments sont préférées aux règles de ciblage d'autant plus qu'une règle fait appel à l'autre même de manière implicite.

En résumé, les règles activistes d'instrument permettent une meilleure représentation du comportement des Banques centrales. Cependant, ces règles sont formulées à partir d'une fonction de perte et ont un caractère particulier qui nous montrons dans la seconde articulation de cette section.

Ainsi, après ces débats, il convient à présent de statuer sur les caractéristiques propres à la formulation d'une règle monétaire.

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