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Ciblage de l'inflation.


par Wajdi Hammouda
Institut des hautes études commerciales de Carthage - Master de recherche en analyse et ingénierie économique  2020
  

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1-4-La politique monétaire selon les keynésiens

Pour les keynésiens, la politique monétaire est un outil de politique conjoncturelle dont on présente généralement le rôle dans le cadre du modèle IS/LM.

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Source : philippe guillot,op. cit. p25.

Figure n°1 :

Croisement des courbes IS et LM, se trouvent les points où l'équilibre épargne-investissement, en termes réels, cela signifiant sur le marché des biens et services, est réalisé. Quand le taux d'intérêt augmente, l'épargne est stimulée, mais l'investissement se réduit.

Y : le revenu national.

i : le taux d'intérêt.

L'équilibre général de l'économie est l'équilibre à la fois sur le marché monétaire et sur le marché des biens et services, est reçu au croisement des deux courbes. Il peut s'agir d'un équilibre de sous-emploi, dans ce cas on devra avoir recours d'un côté, à des mesures de politique budgétaire, par exemple des investissements autonomes de l'État, pour déplacer la courbe IS d'autre part, à des mesures de politique monétaire pour déplacer la courbe LM. Cette politique monétaire doit faire en sorte que le niveau de revenu, grâce à un augmentation

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du volume global de la masse monétaire, s'approche du niveau de revenu de plein emploi. Figure n° 2 :

Trois situations sont possibles, qui correspondent à l'endroit où IS coupe LM

1) dans la partie verticale de LM où les taux d'intérêt sont élevés, la politique monétaire doit être efficace : toute augmentation de monnaie accroît l'épargne et réduit les taux d'intérêt, ce qui doit stimuler l'investissement ;

2) dans la partie centrale de LM, la spéculation risque d'absorber une partie de la quantité de monnaie injectée dans la mesure où une partie des agents s'attend à ce que les taux d'intérêt remontent : par rapport à la situation précédente, les taux d'intérêt baissent moins, et la production nationale, qui équivaut au revenu national, augmente moins ;

3) dans la partie horizontale, où les taux d'intérêt sont très bas, l'augmentation de monnaie va être absorbée en totalité par la demande d'encaisses spéculatives : il y a là une telle préférence des agents pour la liquidité qu'aucun placement financier n'est réalisé ; c'est la situation de la trappe à la liquidité.

Pour les keynésiens est inefficace pour deux raisons :

La trappe à la liquidité : qui surgit à la baisse au-dessous d'un certain niveau du taux d'intérêt et empêche toute action de celui-ci d'être efficace.

La faiblesse de l'élasticité de l'investissement par rapport aux variations du taux de l'intérêt ; beaucoup plus importantes sont les anticipations des entrepreneurs quant au rendement futur de l'investissement. Donc la politique monétaire à peu d'efficacité sur l'inflation.

Section 2 -la politique monétaire un jeu de stratégie 2-1-Règle versus discrétion

La politique monétaire doit-elle être conduite de manière discrétionnaire ou suivre des règles fixées à l'avance ? Cette grande interrogation a suscité nombre de contributions durant les années 1980. Si la politique discrétionnaire est un ajustement au cas par cas des déséquilibres qui affectent l'économie (une politique conjoncturelle), l'adoption d'une règle, est basée sur une politique systématique duquel les arguments sont connus par les agents économiques qui les intègrent dans leurs anticipations. Dans une logique discrétionnaire, la banque centrale cherche à améliorer son comportement période après période en fonction du type de chocs imprévisibles affectant l'économie. Alors, l'attitude des autorités monétaires de la période courante peut changer de celle de la période suivante selon que le niveau de l'activité est jugé insuffisant (la logique de l'arbitrage par la courbe de Phillips tient ici).

Dès la fondation du débat, Kydland et Prescott (1977) critiquent cette manière de guider le système en la taxant d'incohérence temporelle (ou dynamique). Pour eux, la conduite de la politique monétaire n'est pas un jeu contre la nature, mais plutôt contre des agents rationnels. De ce fait, dans un environnement où les anticipations des agents privés sur la valeur des grandeurs futures aident à déterminer les grandeurs contemporaines, les autorités monétaires sont dans l'impossibilité d'atteindre la cible d'inflation socialement optimale. A la suite de cette remise en cause de la discrétion, Barro et Gordon (1983) prouvent que cette dernière introduit

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un « biais inflationniste . En effet, il existe ex post une différence positive entre l'inflation observée et l'inflation cible du fait que le gouvernement est tenté de renoncer à sa cible (pourtant fixée ex ante) pour accroître le niveau d'activité. Toutefois selon ces auteurs, la crédibilité de la règle par rapport à la discrétion doit être subordonnée par un système de contraintes afin d'éviter toute déviation ultérieure.

D'autres auteurs comme Rogoff et Walsh cités par Mourougane (1997) ont spécifié les conditions pour garantir la supériorité de la règle sur la discrétion. Rogoff (1985a) montre que la nomination d'un banquier central « conservateur », qui accorde plus de poids au conflit sur l'inflation que la société, ferait baisser les attentes des agents économiques. Ce résultat est à relativiser en économie ouverte (Rogoff, 1985b). Aussi, Walsh (1995) montre que le gouvernement peut par le biais d'un contrat inciter le banquier central à choisir l'inflation socialement optimal. Le contrat stipule que la banque centrale doit maximiser la différence entre le montant des transferts qui lui sont applicables et les coûts sociaux de l'inflation et du travail. Cependant, il est nécessaire de s'en tenir aux limites de ce résultat. D'une part, elle repose sur des hypothèses très fortes, notamment la nature paramétrique de la fonction de coût. De plus, le gouvernement n'a pas forcément la capacité de se dépasser, dans ce cas, aucune règle n'est acceptable, et même si elle n'est pas optimale, elle ne peut que mettre en oeuvre des politiques discrétionnaires.

Les années 1980 se terminent avec un consensus sur la supériorité de la règle vis-à-vis de la discrétion. Donc, le débat a été orienté sur l'analyse de la nature et de la forme des règles dans la conduite de la politique monétaire.

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