1-2-La stabilité des prix comme objectif principal
de la politique monétaire
La stabilité des prix est un objectif principal mais
non unique de la politique monétaire en Tunisie. L'article 7 de la loi n
2016-35(avril 2016) relatif au dernier amendement du statut de la BCT lui
assigne aussi de contribuer à la stabilité financière de
manière à soutenir la politique économique de l'Etat en
termes de croissance et d'emploi. L'article 22 stipule que la politique de
change est conçue par la BCT en coordination avec le gouvernement. Par
contre, le troisième paragraphe de l'article 10 interdit toute relation
directe entre la BCT et le Trésor public, éliminant ainsi le
recours systématique au seigneuriage (la planche à billes) pour
le financement du déficit budgétaire.
Il convient à ce niveau de remarquer que :
· La multiplicité des objectifs
(déjà énoncée au niveau de l'article 33 des statuts
de 2006) pose problème. Le BCT, désormais indépendante
(consacré dans plusieurs articles notamment le deuxième), en
poursuivant son objectif principal de stabilité des prix, pourrait
toujours se justifier, en cas d'échec, par la recherche de l'atteinte
d'un autre objectif (croissance économique par exemple). La BCT peut
décliner, dans ce cas toute responsabilité tout en étant
redevable.
· La stabilité des prix, objectif de premier rang
de la politique monétaire, n'est accompagnée d'aucune mesure
chiffrée (« cible » ou « fourchette d'inflation »
à atteindre sur horizon temporel déterminé) contrairement
aux nombreuses banques centrales de pays développés et en
développement qui ont adopté le ciblage de l'inflation comme
stratégie monétaire. En l'absence de l'annonce d'une cible
d'inflation, le maintien de la stabilité des prix signifierait que BCT
devrait éviter l'inflation et la déflation même si, de
manière générale, la stabilité des prix est souvent
confondue avec une inflation modérée, stable et
prévisible.
Actuellement, les débats à l'échelle
internationale portent moins sur les sur les objectifs de la politique
monétaire que sur les modalités pour les atteindre. Il existe
pratiquement un consensus sur la réalisation de stabilité des
prix et, depuis la dernière crise financière mondiale, sur la
stabilité du système financier. Les débats portent
plutôt sur les moyens pour atteindre ces
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objectifs. des thèmes anciens, au centre du
débat théorique entre monétaristes et keynésiens
revoient alors le jour : la banque centrale doit-elle adopter des règles
ou agir de manière discrétionnaire ? quels types de règles
retenir ? la banque centrale doit-elle être indépendante pour
atteindre l'objectif de stabilité des prix ? si oui ,
l'indépendance a-t-elle un cout en termes de croissance
économique ? la politique monétaire et la politique
budgétaire doivent-elles être coordonnées ? quelques
questions restent ouvertes comme le degré de « conservatisme »
du banquier central et l'importance du suivi des prix des actifs immobiliers
dans la stratégie de politique monétaire. La
réglementation prudentielle figure aussi au centre des
préoccupations internationales. Il y'aurait même, depuis
l'éclatement de la crise financière de 2007, pour certains un
« retour du keynésianisme ».
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