1.2.3. APERÇU HISTORIQUE
Dans le passé, les pratiques visionnaires de certains
moines franciscains qui avaient fondé au XVe
siècle des monts-de-piété
présentaient des orientations communautaires. Toujours en
Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich Wilhelm Raiffeisen,
fonde en Rhénanie la première
société coopératives d'épargne et de
crédit, une institution qui offre des services d'épargne
aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques.
L'épargne collectée permet de consentir des crédits
à d'autres clients. Ces organismes sont dits mutualistes.
Le mutualisme y compris financier connaît à partir de
1941, un développement assez exceptionnel au Pays basque
espagnol autour des coopératives de Mondragón.
Mis à part le cas de Mondragón, les organismes et
institutions qui se
4 Hernando de Soto, L'autre sentier, 1994,
La découverte, page inconnue. Édition anglaise The Other
Path: The Invisible Revolution in the Third World. Harper & Row
Publishers, New York, 1989, p. 162.
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développent sur cette base en Europe et en
Amérique du Nord, puis, après la Seconde Guerre mondiale dans les
pays du Sud se focalisent sur l'épargne et offrent peu de services de
crédit5.
Dans les années 1970, avec la Grameen Bank,
Muhammad Yunus développe le microcrédit au
Bangladesh et ouvre la voie à de nombreuses autres
expériences menées dans le monde entier. Des institutions sont
créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur
gagne-pain et les outils pour gérer le risque associé,
c'est-à-dire les services financiers normaux qui sont proposés
aux catégories plus riches. Le succès de la Grameen Bank
qui compte maintenant comme clients plus de 7 millions de
Bangladeshies pauvres a connu un écho dans le monde entier, dans la
pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette
expérience. Dans les pays où les densités de population
sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir
les conditions de rentabilité pour créer des services et
commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a
démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs
crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts
élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres
coûts6.
À la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention. L'ONG bolivienne PRODEM créée en
1986 décide de « filialiser » ses activités de
microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solidario SA, plus
connue sous le nom de BancoSol. C'est l'émergence d'une
« industrie de la microfinance7 ».
Beaucoup de progrès ont été
effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été
résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins
d'un euro par jour, spécialement dans les zones rurales, ne
bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier
normal. Le secteur de la microfinance a connu une croissance
régulière jusqu'à atteindre en 2007 25 milliards de
dollars pour l'ensemble des crédits relevant de la microfinance Il en
faudrait dix fois plus pour fournir aux populations pauvres le capital dont
elles ont besoin. Le secteur de la microfinance a connu une forte croissance,
au point qu'on a pu se demander s'il n'y avait pas un risque à laisser
filer autant de capitaux vers un secteur qui n'était pas
forcément géré correctement.
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