1.2.4. LES SYSTEMES FINANCIERS « INCLUSIFS »
L'ère du microcrédit qui a commencé dans
les années 1970 a laissé la place à une approche moins
restrictive de systèmes financiers. Alors que le
microcrédit a connu un certain succès pour les projets
d'entreprises familiales de zones urbaines ou périurbaines, son
développement a été relativement plus faible dans les
zones de moindre densité. Par ailleurs, il semble douteux que le
mouvement du microcrédit ait atteint l'un de ses objectifs majeurs
5 Sébastien Boyé, Jérémy
Hajdenberg, Christine Poursat, Le Guide de la microfinance, Eyrolles,
2006, p. 19
6 Sébastien Boyé, Jérémy
Hajdenberg, Christine Poursat, op.cit. P20
7 Idem. P21
- 9 -
qui était d'évincer les prêteurs
traditionnels qui pratiquent couramment des taux d'intérêt de 10 %
par mois.
La nouvelle approche des systèmes financiers
reconnaît davantage la richesse des siècles d'histoire de la
microfinance et l'immense diversité des institutions au service des
pauvres dans le monde en voie de développement d'aujourd'hui. L'approche
nouvelle s'enracine aussi dans une prise de conscience croissante de la
diversité des besoins des populations les plus pauvres en matière
de services financiers et de la diversité également de leurs
conditions de vie et de travail.
Dans son livre La Création de secteurs financiers
accessibles à tous, Brigitte Helms distingue
quatre catégories de prestataires de microfinance et plaide pour une
stratégie proactive impliquant chacune de ces catégories pour les
mobiliser au service des idéaux du mouvement de la
microfinance.8 Il s'agit :
? Les prestataires informels de services financiers
: On inclut dans cette catégorie les prêteurs
traditionnels, les prêteurs sur gage, les collecteurs d'épargne,
les garde-monnaie, les tontines, les « ASCA » et input supply
shop ;
? Les associations mutualistes : Il s'agit
des Groupes d'entraide, des coopératives de crédit,
ainsi qu'une variété hybride de structures comme les
associations de services financiers et les CVECA (caisse villageoise
d'épargne et de crédit autogérée)
? Les ONG : elles se sont
développées à travers le monde depuis 1975 et se sont
montrées très innovantes dans des formules bancaires comme le
crédit solidaire, les banques villageoises et les services bancaires
mobiles. Elles ont réussi à casser les barrières qui
pouvaient leur interdire d'accéder aux populations les plus pauvres.
D'autres ONG ont pour rôle de renforcer l'autonomie et les
capacités des institutions de microfinance mais aussi d'appuyer les
gouvernements dans leurs initiatives relatives au secteur de la
microfinance.
? Les structures financières institutionnelles
: Dans cette catégorie, en plus des banques commerciales, il
faut classer les banques d'état, les banques de développement
agricole, les banques d'épargne, les banques rurales et les institutions
financières non-bancaires. Ces structures sont gérées et
dirigées classiquement, offrent une large gamme de services financiers
et contrôlent des réseaux d'agences qui peuvent s'étendre
au-delà des frontières de leur pays d'origine. Ces institutions
se sont néanmoins révélées être très
réticentes à assumer des missions sociales et, parce que leur
coût par opération est élevé, elles ne peuvent
souvent pas proposer leurs services aux populations pauvres ou exclues.
8 Brigit Helms, La Création de secteurs
financiers accessibles à tous, CGAP/World Bank, Washington, 2006,
p. 35-37 de l'édition anglaise Access for All: Building Inclusive
Financial Systems.
- 10 -
1.2.5. CREDIT ET MICROCREDIT 1.2.5.1.
DEFINITIONS
De par son étymologie, le terme crédit vient du
participe passé du latin : « credere », du verbe pour rappeler
que l'opération est fondée sur la croyance du créancier,
que le débiteur sera à même de payer sa dette à
l'échéance. Le créancier est donc « celui qui fait
confiance » à un débiteur.
Un crédit est une mise à
disposition d'argent sous forme de prêt, consentie par un
créancier (prêteur) à un débiteur (emprunteur). Pour
le créancier, l'opération donne naissance à une
créance sur l'emprunteur, en vertu de laquelle il pourra obtenir
remboursement des fonds et paiement d'une rémunération
(intérêt) selon un échéancier prévu. Pour
l'emprunteur, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'un particulier, le
crédit consacre l'existence d'une dette et ouvre la mise à
disposition d'une ressource financière à caractère
temporaire.
Le microcrédit quant à lui,
consiste en l'attribution de prêts de faible montant à des
entrepreneurs ou à des artisans qui ne peuvent pas accéder aux
prêts bancaires classiques. Le microcrédit se développe
surtout dans les pays en développement, où il permet de
concrétiser des microprojets, favorisant l'activité et la
création de richesses, mais se pratique aussi bien dans les pays
développés ou en transition.
Nous rappelons que cette partie de notre chapitre s'attachera
plus à parler du
microcrédit.
1.2.5.2. DU MICROCREDIT A LA MICROFINANCE
Le succès et l'essor qu'a connu le microcrédit,
comme instrument de base, a déclenché d'autres besoins financiers
de la population pauvre qui ne pouvaient pas être satisfaits par les
circuits bancaires classiques ; ces besoins sont à l'Origine de
l'apparition de la microfinance. Dans ce sens, elle ne se limite plus à
l'octroi de microcrédit aux pauvres mais elle s'étend la
fourniture d'un ensemble de services financiers à tous ceux qui sont
exclus du système financier classique ou formel. Et bien qu'elle se
réduit, pour la plupart des gens, au seul microcrédit, la
microfinance englobe, aujourd'hui, d'autres services financiers offerts aux
personnes démunies.
Elle inclut une gamme variée de services, à
savoir le microcrédit, la micro épargne, la micro assurance
transfert d'argent, et le mobile banking avec une clientèle de plus en
plus étendue.
|