1.2. Développements
théoriques récents
Plusieurs économistes tels que : Attfied et
Silvestre (1997), Freeman (2001), Soguer et Stiassny (2002) incorporent le
capital et le travail pour augmenter l'estimation de la fonction de production
avec la loi d'Okun, alors que la formulation reste un cas particulier dans
lequel les autres variables ne suivent pas un sentier d'équilibre (Okun,
1970). Cependant, quoique le risque que le coefficient d'Okun soit
spécifié, Perman et Tavera (2005) suggère que la
simplicité de la loi d'Okun peut être interprétée
comme l'effet net de plusieurs paramètres structurels
macroéconomiques. Cette approche qui a longtemps concerné l'offre
fut réorientée par Prachowny (1993) qui par la déviation
du taux de chômage de son sentier naturel entraine aussi la
déviation de la croissance. Les débats se poursuivent dans le
sens de la relation de causalité sur laquelle le taux de chômage a
été endogèneisé pendant que le taux de croissance
du PIB est devenu une variable exogène (Dopke, 2001) ; (Gabrish et
Brescher, 2005).
Cette relation qualifiée de la loi d'Okun a
véritablement gagné la sympathie des économistes à
en croire Gordon (1984). Selon celui-ci : « cette relation
est devenue populaire en macroéconomie par ce que d'une part elle s'est
avérée suffisamment stable et fiable durant ces vingt
dernières années pour être érigée en loi, et
d'autre part, elle a court-circuité toutes les autres études les
unes aussi complexes que les autres, qui ont analysé et expliqué
la relation croissance économique-chômage.
Par contre selon les travaux d'Aghion et Howwit (1992), qui en
utilisant la version schumpétérienne du modèle de
croissance endogène montrent que lorsque la croissance est
essentiellement portée par le progrès technique, le processus de
« destruction créatrice » énoncé par
Schumpeter (1942), peut générer un haut niveau de chômage
durant les périodes ou les nouvelles technologies remplacent les
anciennes. C'est ce processus de destruction qui
« révolutionne incessamment de l'intérieur la structure
économique » en écartant régulièrement
les structures vieilles au profit des éléments neufs. Cependant,
comme le montre Konings et Faggio (2001), à long terme, la
création d'emplois est plus importante que la destruction.
Pour Bénédicte Maillard-Adamiak dans
« analyse théorique et application en France » parue
en 2008, il démontre que « le chômage s'aggraverait
seulement lorsque la croissance économique fléchissait, et qu'il
se résorbait lorsque la croissance reprenait son essor ». Pour
lui « depuis près de trente ans, la relation entre
chômage et croissance est devenue fortement instable. Le chômage
n'est plus le reflet inversé de la conjoncture économique et
aussi pas seulement du à l'insuffisance de la croissance, mais que ces
origines sont principalement structurelles : ces causes ne sont pas
seulement à rechercher dans un ralentissement de l'activité
économique des pays, mais principalement dans le monde de fonctionnement
de leur travail ».
Cependant, il est de plus en plus admis à la suite des
travus de Pistarides (1990), qu'à court terme la croissance
économique peut favoriser une destruction d'emplois, créant ainsi
un chômage frictionnel. Cette vision nous permet de dire, que
l'arrivé des nouvelles technologies dans le marché de travail
conduit à l'inutilité de tous les emplois afférents
à l'ancienne technologie. Par exemple l'arrivé de l'ordinateur
qui est en mesure, à la fois de faire un traitement de texte, du
graphisme, de l'arithmétique conduit de faire à une perte d'au
moins deux emplois relatifs à ces différentes taches. Ainsi, un
employeur préférera recruter une secrétaire qui fera
à la fois du traitement de texte, du graphisme et de
l'arithmétique. Par ailleurs, la nouvelle technologie peut créer
des nouveaux emplois, dans la mesure ou, en se référant à
exemple précédent, l'arrivé d'un ordinateur suppose la
nécessité de recruter des agents de maintenance, des analystes
programmateurs ; sans compter les métiers et autres emplois
indirects (relevant de la généralisation et de l'usage de l'outil
informatique). Ainsi dans son ouvrage « la France de l'an
2000 », Alain Mincer affirme : « la machine ne tue
pas l'emploi, elle l'oblige à se déplacer et à se
récompenser, il suffit que des incitatives soient prises en vue de
répondre à des nouveaux besoins pour que des nouveaux emplois se
créent, compassant la disparition des anciens ».
Lorezin et Bourlès en 1995 notent que le choc
technique, à court terme introduit toujours une baisse de l'emploi, et
le nouvel emploi apparait ensuite comme la résultante de la
réorganisation du travail et des normes de consommations, mais à
long terme, le système retrouve un nouveau sentier d'équilibre
mais à un niveau inférieur.
En somme, la croissance étant alimentée par le
processus de destruction créatrice, peut générer une perte
élevée (un gain élevé) d'emplois, tout
dépend alors du rapport entre l'emploi crée et le nombre d'emploi
détruits. Dans la même logique, Pissarides et Mortensen (1994)
développent un modèle évaluant entre l'effet de
capitalisation et l'effet de destruction créatrice. Pour ces auteurs,
tout va se jouer sur l'attitude avec laquelle les firmes se déplacent
vers la frontière technologique. Sur ce point, on peut noter que la
vitesse d'innovation au sein d'une entreprise détermine la vitesse de
création ou encore de destruction des emplois. Cependant, la suite des
travaux de Pissarides (1990) relèvent qu'à court terme, la
croissance économique peut générer une destruction
d'emplois, créant ainsi un chômage frictionnel. Mais à long
terme la croissance est favorable à l'emploi.
Erickson (1997) pense que la question pertinente n'est pas
celle de savoir si la croissance crée ou détruit des emplois,
mais de connaitre sous quelles conditions un arbitrage est possible entre
croissance et emploi. En d'autres termes, peut-on simultanément
accroitre la production et l'emploi ? il se sert pour répondre
à cette préoccupation, d'un modèle sur la base de celui de
Pissarides (1990), mais intégrant des préférences
conformes au modèle optimal de Ramsy. Le modèle de Pissarides
décrit un marché du travail dans lequel la recherche et
l'ajustement entre postes vacants et emplois demandés se fait à
travers un processus de recherche à l'initiative du quel se trouve
chacun des protagonistes. Le volume de l'emploi ainsi égal à la
différence entre le nombre de postes vacants pourvus, et le nombre des
postes libérés. Cette analyse est très pertinente dans la
mesure ou elle met en évidence l'étendue et la complexité
du marché du travail, plus précisément l'interrelation
entre l'offre et la demande qualitative de travail, la spécification des
préférences individuelles et la relation salariale dans un
processus de long terme.
Dans la lignée des travaux de Sargent et Ljunqvist
(1998, 2002) et Charlot (2005) ont étudié les effets d'une
baisse de la stabilité d'emplois, capturée par une augmentation
permanente du taux de destruction d'emplois. De façon alternative, ils
se sont intéressés également aux effets d'une baisse de la
productivité de l'ensemble des emplois, liés par exemple un
ralentissement général de l'activité économique.
Ils montrent alors que la hausse des destructions d'emplois tous comme la
baisse de la productivité des postes engendre trois
phénomènes. Tout d'abord la rentabilité attendue de tout
appariement diminue, ce qui déprime les créations d'emplois.
Ensuite, les firmes sont plus sévères sur l'âge de
l'embauche de leurs salariés. En fin, les incitations à prolonger
la durée de scolarité augmente. On peut expliquer le dernier
phénomène de la façon suivante : l'éducation
peut alors être expliquée par une entrée tardive dans la
vie active, une difficulté accrue à trouver un emploi et une du
marché de travail.
Guy Aznar (1996) fait partie des auteurs qui ont
élucidé cette relation. Dans son ouvrage
« Emploi : la grande mutation » il explique
que : « le rythme de la croissance de l'activité
entraine automatiquement une augmentation du volume de l'emploi : on
embauche plus on produit plus. Cette augmentation s'explique en millions
d'heures de travail par an ». Par contre Martine Aubry (1994),
résume sur ce point que : « les problèmes du
chômage et de l'exclusion ne seront pas réglés par la seule
croissance économique. Néanmoins la croissance est indispensable
pour générer de l'activité et des emplois. Elle accroit le
volume des biens et services disponibles pour répondre aux besoins et
facilité les évolutions dans la mesure où elle crée
des surplus... ».
Selon des nouveaux travaux du FMI (2016) se penchant sur la
loi d'Okun et qui posent la question de savoir si à partir des
données on peut affirmer que la croissance va créer de l'emploi.
Ils révèlent une différence frappante, selon les pays,
à travers l'effet de la croissance du PIB au cours d'une année.
Dans certains pays, lorsque la croissance reprend, l'emploi augmente et le
chômage recule, dans d'autres la réaction est plus
modérée. Un redressement de la croissance par une politique de
stimulation de la demande, en augmentant les dépenses publiques
créera d'emplois.
Le désir d'accroitre l'emploi décent est parmi
les principales politiques macroéconomiques tenues par les
gouvernements. Les efforts de ces politiques dans de nombreux pays en
développement n'ont pas eu beaucoup d'impacts, car il existe un
écart important entre l'emploi disponible et le nombre de demandeurs
d'emplois qui cherchent activement du travail dans la plupart des pays pauvres.
Non seulement le niveau d'emplois décents diminue, mais les défis
liés à la mondialisation et à la libéralisation
économique ont engendré des nouvelles réalités
ayant des implications incertaines pour la création d'emplois dans de
nombreux pays en développement.
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