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Impact de l’emploi sur la croissance économique au Sénégal.


par Mmadi HOUSSEINE
Université CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD), Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)  - Master 2 en Méthodes Statistiques et économétriques 2014
  

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Dans cette section nous allons exposer dans la première partie, les fondements théoriques, et dans la seconde partie nous effectuerons un survol des différentes interventions des économistes sur les développements théoriques récents.

1.1. Fondements théoriques

Le lien entre l'emploi et la croissance économique compte parmi les thèmes traditionnels de l'analyse économique.

Tout d'abord avant toucher les différents approches de notre étude, nous allons passer en revue la théorie du capital humain, puisque le développement du secteur de l'emploi commence par un capital humain de bonne qualité. Présentée dans les années soixante et soixante-dix par Schultz (1961), Mincer (1958, 1974) et Becker (1964,1975), cette théorie a contribué à expliquer d'une part la croissance économique, et d'autre part la formation et la distribution des rémunérations. En publiant en 1964, « Human capital, Atheorical and EmpiricalAnalysis (capital humain, analyse théorique et empirique) ». Le capital humain peut être défini comme l'ensemble des capacités productives de l'individu rendu possibles grâce à ses aptitudes personnelles au sens le plus large : connaissances générales ou spécifiques, savoir-faire, expériences professionnelles, etc. Par analogie au capital physique, le capital humain est considéré comme un stock. Il s'agit d'un stock qu'on peut constituer, accumuler, user et qui possède deux caractères essentiels : d'une part, il est largement immatériel, composé avant tout d'acquis mentaux, et d'autre part, il est inséparable de son détenteur. Ces deux remarques qui sont triviales vont se révéler d'une grande importance lors de l'analyse économique de la gestion du capital humain.

Le point de départ de cette relation vient d'un auteur classique Okun (1962), dont la célèbre loi, est formulée dans la relation entre taux de chômage et la croissance du PIB. Théoriquement la loi d'Okun (962) est le lien entre la courbe d'offre et la courbe de Phillips. Effectivement, en utilisant des données trimestrielles de l'économie américaine durant la période 1947-957, Okun réussit à montrer qu'il existe une relation inverse d'à peu près 1 pour 3 entre le taux de chômage et la croissance. En d'autres termes, une réduction de 1% du taux de chômage provoque une hausse de la production de 3% et vice-versa. Ainsi, un niveau stable de la main d'oeuvre et une augmentation de la production conduisent à une augmentation de l'emploi. Sur cette démarche Okun communique, en indiquant que l'élasticité de l'emploi à la croissance varie de 0,35 et 0,40. Il faut noter que, la croissance peut être riche ou moins riche en emploi. Ce phénomène est bien illustré sur la comparaison France/Etats-Unis, et celle de 1964. Sur ces comparaisons l'idée retenue est qu'il ne suffit pas d'une croissance élevée pour lutter contre le chômage, mais il faut une croissance riche en emploi.

Pour stimuler la croissance et donc la production, Keynes (1936) met l'accent sur la nécessité d'augmenter la demande, par conséquent augmenter d'abord les salaires. Les recommandations keynésiennes sont différentes de celles des néoclassiques qui estiment que les salaires doivent être flexibles et s'adapter aux conditions de l'offre et aux fluctuations économiques. En effet, les keynésiens affirment qu'une baisse des salaires (dans l'optique de créer de l'emploi) peut avoir des conséquences néfastes sur la demande, ce qui diminuerait la production et aboutirait éventuellement à une diminution de l'emploi. Les keynésiens insistent sur le rôle de l'Etat pour stimuler la demande. Ses interventions passent par la mise en place d'activités dans le secteur public et par la promotion des investissements, ce qui augmente la demande des biens de consommation (amplifiée par l'effet multiplicateur). Ces politiques d'intervention de l'Etat, en plus d'avoir un effet à court terme sur l'économie via la demande, joue également sur les conditions de l'offre à long terme. En effet, ces modes d'investissements publics en infrastructure, en capital humain etc., entrainent un accroissement de la productivité.

Keynes (1936) dans son ouvrage  «  la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt de la monnaie » qui a pour vocation de présenter le fonctionnement du système économique, parue en 1936, a développé l'hypothèse que « la demande est le principale facteur déterminant le niveau de la production et par conséquent de celui de l'emploi ». Cette théorie sera reprise par le prix Nobel d'économie 2010 (Diamond, Mortensen, Pissarides) récompensés pour leurs travaux portant sur le marché de l'emploi. Dans une perspective keynésienne, on o longtemps considéré que c'était l'emploi qui dépendait de la croissance, tout simplement parce que ce sont les entreprises qui décident de l'embauche en fonction de leurs perspectives de production.

Mais le raisonnement classique conduit à renverser cette causalité : c'est le niveau de production qui dépend du niveau de l'emploi et celui-ci est déterminé par le marché du travail. Si ce marché fonction efficacement, on se rapproche du plein emploi et par conséquent de la croissance potentielle.

A part la croissance économique, le cout salarial est considéré par la théorie économique comme étant les déterminants importants de la création d'emplois. Selon l'auteur du courant classique, A. Pigou (1905) dans « the theory of unemployement », le niveau de l'offre de travail est déterminé par égalisation du salaire marginal d'une heure supplémentaire de travail et l'utilité marginale d'une heure de loisir. Cette confrontation entre l'offre et la demande de travail détermine le salaire d'équilibre. De ce fait, tout individu souhaitant travailler avec ce salaire trouve un emploi. D'où la conclusion de Pigou que l'absence de rigidité dans l'économie, conduit automatiquement à un équilibre de plein emploi, et donc tout chômage ne peut être que volontaire. Mais plus tard un autre néoclassique renchérira : « on peut affirmer sans se tromper que si les taux de salaire étaient beaucoup plus flexibles, le chômage se trouverait considérablement diminué... ». En plus de cette baisse de salaire, il faut selon les néoclassiques, se garder de toute intervention étatique et patienter jusqu'à la reprise. En un mot laissé jouer les marchés et réduire les dépenses publiques.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand