Dans cette section nous
allons exposer dans la première partie, les fondements
théoriques, et dans la seconde partie nous effectuerons un survol des
différentes interventions des économistes sur les
développements théoriques récents.
1.1. Fondements
théoriques
Le lien entre l'emploi et la croissance économique
compte parmi les thèmes traditionnels de l'analyse économique.
Tout d'abord avant toucher les différents approches de
notre étude, nous allons passer en revue la théorie du capital
humain, puisque le développement du secteur de l'emploi commence par un
capital humain de bonne qualité. Présentée dans les
années soixante et soixante-dix par Schultz (1961), Mincer (1958, 1974)
et Becker (1964,1975), cette théorie a contribué à
expliquer d'une part la croissance économique, et d'autre part la
formation et la distribution des rémunérations. En publiant en
1964, « Human capital, Atheorical and EmpiricalAnalysis (capital
humain, analyse théorique et empirique) ». Le capital humain
peut être défini comme l'ensemble des capacités productives
de l'individu rendu possibles grâce à ses aptitudes personnelles
au sens le plus large : connaissances générales ou
spécifiques, savoir-faire, expériences professionnelles, etc. Par
analogie au capital physique, le capital humain est considéré
comme un stock. Il s'agit d'un stock qu'on peut constituer, accumuler, user et
qui possède deux caractères essentiels : d'une part, il est
largement immatériel, composé avant tout d'acquis mentaux, et
d'autre part, il est inséparable de son détenteur. Ces deux
remarques qui sont triviales vont se révéler d'une grande
importance lors de l'analyse économique de la gestion du capital
humain.
Le point de départ de cette relation vient d'un auteur
classique Okun (1962), dont la célèbre loi, est formulée
dans la relation entre taux de chômage et la croissance du PIB.
Théoriquement la loi d'Okun (962) est le lien entre la courbe d'offre et
la courbe de Phillips. Effectivement, en utilisant des données
trimestrielles de l'économie américaine durant la période
1947-957, Okun réussit à montrer qu'il existe une relation
inverse d'à peu près 1 pour 3 entre le taux de chômage et
la croissance. En d'autres termes, une réduction de 1% du taux de
chômage provoque une hausse de la production de 3% et vice-versa. Ainsi,
un niveau stable de la main d'oeuvre et une augmentation de la production
conduisent à une augmentation de l'emploi. Sur cette démarche
Okun communique, en indiquant que l'élasticité de l'emploi
à la croissance varie de 0,35 et 0,40. Il faut noter que, la croissance
peut être riche ou moins riche en emploi. Ce phénomène est
bien illustré sur la comparaison France/Etats-Unis, et celle de 1964.
Sur ces comparaisons l'idée retenue est qu'il ne suffit pas d'une
croissance élevée pour lutter contre le chômage, mais il
faut une croissance riche en emploi.
Pour stimuler la croissance et donc la production, Keynes
(1936) met l'accent sur la nécessité d'augmenter la demande, par
conséquent augmenter d'abord les salaires. Les recommandations
keynésiennes sont différentes de celles des néoclassiques
qui estiment que les salaires doivent être flexibles et s'adapter aux
conditions de l'offre et aux fluctuations économiques. En effet, les
keynésiens affirment qu'une baisse des salaires (dans l'optique de
créer de l'emploi) peut avoir des conséquences néfastes
sur la demande, ce qui diminuerait la production et aboutirait
éventuellement à une diminution de l'emploi. Les
keynésiens insistent sur le rôle de l'Etat pour stimuler la
demande. Ses interventions passent par la mise en place d'activités dans
le secteur public et par la promotion des investissements, ce qui augmente la
demande des biens de consommation (amplifiée par l'effet
multiplicateur). Ces politiques d'intervention de l'Etat, en plus d'avoir un
effet à court terme sur l'économie via la demande, joue
également sur les conditions de l'offre à long terme. En effet,
ces modes d'investissements publics en infrastructure, en capital humain etc.,
entrainent un accroissement de la productivité.
Keynes (1936) dans son ouvrage « la
théorie générale de l'emploi, de l'intérêt de
la monnaie » qui a pour vocation de présenter le
fonctionnement du système économique, parue en 1936, a
développé l'hypothèse que « la demande est le
principale facteur déterminant le niveau de la production et par
conséquent de celui de l'emploi ». Cette théorie sera
reprise par le prix Nobel d'économie 2010 (Diamond, Mortensen,
Pissarides) récompensés pour leurs travaux portant sur le
marché de l'emploi. Dans une perspective keynésienne, on o
longtemps considéré que c'était l'emploi qui
dépendait de la croissance, tout simplement parce que ce sont les
entreprises qui décident de l'embauche en fonction de leurs perspectives
de production.
Mais le raisonnement classique conduit à renverser
cette causalité : c'est le niveau de production qui dépend
du niveau de l'emploi et celui-ci est déterminé par le
marché du travail. Si ce marché fonction efficacement, on se
rapproche du plein emploi et par conséquent de la croissance
potentielle.
A part la croissance économique, le cout salarial est
considéré par la théorie économique comme
étant les déterminants importants de la création
d'emplois. Selon l'auteur du courant classique, A. Pigou (1905)
dans « the theory of unemployement », le niveau de
l'offre de travail est déterminé par égalisation du
salaire marginal d'une heure supplémentaire de travail et
l'utilité marginale d'une heure de loisir. Cette confrontation entre
l'offre et la demande de travail détermine le salaire
d'équilibre. De ce fait, tout individu souhaitant travailler avec ce
salaire trouve un emploi. D'où la conclusion de Pigou que l'absence de
rigidité dans l'économie, conduit automatiquement à un
équilibre de plein emploi, et donc tout chômage ne peut être
que volontaire. Mais plus tard un autre néoclassique
renchérira : « on peut affirmer sans se tromper que si
les taux de salaire étaient beaucoup plus flexibles, le chômage se
trouverait considérablement diminué... ». En plus de
cette baisse de salaire, il faut selon les néoclassiques, se garder de
toute intervention étatique et patienter jusqu'à la reprise. En
un mot laissé jouer les marchés et réduire les
dépenses publiques.
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