Le niveau d'instruction discrimine significativement
l'accès des femmes à la propriété foncière.
En effet, les femmes instruites ont du fait de la maîtrise de leurs
droits, et de nombreuses initiatives qu'elles peuvent mener acquièrent
facilement une propriété foncière que leurs consoeurs
moins instruites. Ce résultat contrarie celui de L'INS (2014) qui arrive
à la conclusion selon laquelle les femmes moins instruites
accèdent plus à une propriété foncière que
celles plus instruites.
Toutefois, nos résultats confortent celui de Ramirez
et Reymondon (2016) qui dans une étude sur les droits de
propriété de femme en Ouganda, ont montré que la
méconnaissance de leurs droits et l'absence d'informations sur la
manière d'obtenir des titres de propriété, empêchent
les femmes, notamment les moins éduquées d'accéder
à une propriété foncière. Mieux, la faiblesse du
niveau d'instruction des femmes est l'un des principaux éléments
évoqué pour expliquer leur faible accès à la terre.
Toutefois,
Ainsi, L'hypothèse H2 qui stipule que
: le niveau d'éducation est un indicateur de modernité. Ce
dernier a une incidence sur l'autodétermination des femmes. Dès
lors, nous supposons que, les femmes peu ou pas instruite (instruction
inférieure ou égale au primaire) ont moins de chances
d'être propriétaires terriennes que leurs homologues instruites
(instruction supérieur au primaire), est
confirmée.
L'illettrisme des femmes représente un frein pour leur
accès à la propriété foncière. En effet,
bien que les femmes soient conscientes de l'injustice de leur situation, comme
elles ne sont pas instruites, elles ont peur d'aller au-devant davantage de
difficultés si elles se lancent dans une conquête de la terre.
Elles préfèrent alors se taire et gagner le peu qu'elles peuvent,
au lieu de protester et risquer de se retrouver seules et dans la rue (Bibiane
et al, 2009).
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
ONANA Jean Christophe Master Professionnel en
Démographie
La significativité de cette variable, est passée
de 1% à non significatif du modèle M0 au modèle M3. Ce qui
voudrait dire que la variable exposition aux médias est une variable
intermédiaire de l'effet du niveau d'instruction sur l'accès
à la terre chez les femmes. Autrement dit, l'effet du niveau
d'instruction sur l'accès à la terre est lié à
l'exposition aux médias. Toutefois, La différence de chance en
matière d'accès à la propriété
foncière n'est pas significative que la femme soit instruite ou sans
niveau d'instruction.
L'approche culturelle exposée dans le contexte de
l'étude et de la revue, permet de comprendre mieux ce résultat.
En effet, d'après celle-ci, la femme peu importe son niveau
d'instruction est sous l'influence de l'homme. En effet, pour les
autorités locales et traditionnelles, l'accès des femmes à
la terre est une question difficile parce que malgré l'existence des
textes et lois, les pesanteurs sociologiques et la tradition continuent d'avoir
droit de cité. L'héritage, en tant que mode dominant
d'accès à la propriété foncière reste la
chasse-gardée des hommes (Bibiane et al, 2009). De plus, la prise de
conscience de la femme qu'elle peut hériter des terres au même
titre que les hommes, constitue le point de départ des actions de
plaidoyers. Il est vrai que certaines femmes, bien qu'ayant connaissance de
leur droit, se résignent parfois à cause des conséquences
sociales que cela entraîne. Des femmes qui sont allées jusqu'au
bout de leurs revendications et ont eu gain de cause au plan du droit, ont subi
des représailles extrajudiciaires (Tapéo,
2018).