Après avoir décliné le contexte et la
revue de la littérature de l'étude, un certain nombre
d'hypothèses ont été formulées sur la relation
entre la variable dépendante qui est propriétaire terrienne et
ses différentes variables explicatives chez les femmes de 15-49 ans au
Cameroun.
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
ONANA Jean Christophe Master Professionnel en
Démographie
Il est donc question dans cette section de confronter les
résultats obtenus avec les hypothèses en nous appuyant sur les
éléments du contexte et de la revue de la littérature pour
donner les éléments d'explications des résultats
obtenus.
Il ressort de nos analyses explicatives que toutes choses
égales par ailleurs, les femmes du milieu rural, ont 1 fois plus de
chance d'être propriétaire terrienne que leurs homologues du
milieu urbain. Ce résultat, contrarie celui de Tapéo (2018) qui a
montré que la situation est plus grave en milieu rural. En effet, ces
femmes sont les premières victimes alors que leurs activités
majeures tournent autour de l'exploitation des terres. Par contre, nos
résultats coïncident avec ceux trouvés par l'INS (2014) sur
la participation de la femme au Cameroun qui arrive à la conclusion
selon laquelle l'accès à la propriété
foncière est plus élevé en milieu rural qu'en milieu
urbain.
Sur la base de ce dernier élément,
l'hypothèse H1 de cette étude qui stipule que
: L'effet aléatoire du milieu de résidence sur l'accès
à la propriété foncière est plus grand en milieu
urbain qu'en milieu rural. Dès lors, nous supposons que les femmes du
milieu rural ont moins de chance d'être propriétaires terriennes
que leurs homologues du milieu urbain, est
infirmée.
Ce résultat pourrait s'expliquer dans la mesure
où, en milieu rural l'activité principale des femmes est
l'agriculture. C'est ainsi que celles-ci, dans la plus part des cas
accèdent à un lopin de terre qui leur permet de développer
ladite activité. Il convient de relever que cette activité peut
être menée sur une terre où effectivement elles sont des
propriétaires ou alors elles exploitent juste une terre qui est un bien
familial et qui par conséquent ne leur appartient pas. Ce constat,
épouse les résultats de Ongbassomben (2016), qui
affirme à cet effet que : « en milieu rural, on lui prête
la plupart de temps un lopin de terrain à cultiver, tandis que « la
propriété » est celle de sa famille ou de son mari
».
De plus , l'exode rural d'origine économique qui
affecte davantage les hommes que les femmes d'une part, et le
phénomène récurrent de polygamie en milieu rural d'autre
part, pourraient expliquer dans une large mesure, la supériorité
numérique des femmes en milieu rural et expliquer ainsi ; leur grande
possibilité à accéder à la propriété
foncière en milieu rural37
Le fait que les femmes exploitent, une terre où elles
ne sont propriétaires peut s'expliquer par un certain nombre de raisons
: En effet, de par sa situation sociale et
37 Voir les travaux du RGPH
(2005), Situation socioéconomique de la femme, volume
II-tome 11, pvii
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
ONANA Jean Christophe Master Professionnel en
Démographie
économique, la femme accède plus facilement
à la terre par location ou emprunt mais difficilement par achat
(Tapéo, 2018). De plus, il existe un dualisme entre le
droit moderne et le droit traditionnel. Le droit moderne, reconnaît une
parité hommes-femmes en matière d'accès au foncier.
Cependant traditionnellement dans les villages la société est
patriarcale et ce sont les hommes qui héritent de la terre et
décident de son utilisation. Ce constat nous amène à nous
rendre compte, de l'importance et de la prérogative de la coutume sur
les terre en milieu rural, même lorsque la loi semble restreindre son
influence en prônant la non-discrimination et l'égalité de
tous (Ongbassomben, 2016).