5.4.3. Statut d'activité
Le statut d'activité, est une variable qui influence
significativement sur le fait pour une femme d'être propriétaire
terrienne chez les femmes camerounaises et s'avère déterminante
dans la hiérarchisation des facteurs. En effet, toutes choses
égales par ailleurs, les femmes indépendantes et
salariées, ont respectivement 1,22 et 1,6 fois plus de chances
d'être propriétaire terrienne que leurs homologues inactives.
Autrement dit, lorsqu'une femme est active, elle a plus de possibilités
d'accéder à certains biens et par ricochet à la terre que
celles qui sont inactives. Ce résultat va dans le même sens que
celui consulté dans certains travaux de Mbanyl, (2016). D'après
lui, les femmes qui ont un emploi salarié, peuvent par leurs propres
moyens financiers acquérir un lopin de terre et bâtir une maison
ou un immeuble, comparé à leurs homologues qui sont
inoccupées et sans emploi salarié. De plus, il conforte la
conception de Karl MARX (1852) exposé dans la revue de la
littérature sur les classes sociales. En effet, pour lui, c'est la
classe bourgeoise constituée des DG, des travailleurs salariés
etc. qui peuvent s'offrir des biens dont-ils ont besoin car, ayant des moyens
financiers à cet effet. Nous
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
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Démographie
comprenons donc pourquoi, il est facile pour une femme en
activité d'avoir accès à une propriété
foncière que sa consoeur inactive qui est réduite aux travaux de
prolétaire (travaux domestiques).
Sur la base des constats précédents, nous
pouvons de ce fait conclure que 'hypothèse H3 qui
stipule que : Les femmes inactives, ont moins de chances d'être
propriétaires terriennes que leurs consoeurs salariées et
indépendantes, est confirmée.
Ce résultat, pourrait également s'expliquer en
ce sens qu'une activité rentable donne à la femme une autonomie
financière qui lui permet de s'auto-assumer en investissant sur des
projets rentables. Ainsi, la terre, étant le principal support
d'investissement, elles vont donc développer plusieurs stratégies
pour avoir accès à cette ressource qui leur permettra de
développer leurs activités génératrices de revenus
(établissement hôtelier, l'esthétique etc.). La
stratégie d'accès à la terre la plus utilisé par
ces femmes est l'achat de la terre (Djouonang, 2013).
5.4.4. Niveau de vie
Le niveau de vie discrimine significativement le fait pour
une femme d'être propriétaire terrienne chez les femmes au
Cameroun. Ce résultat corrobore celui de Diarra et ses collaborateurs
(2013) qui ont trouvé une association significative entre l'accès
à une propriété foncière et le niveau de vie chez
les femmes au Sénégal. Toutefois, Contrairement
à nos attentes, les femmes de niveau de vie moyen ne sont pas
différents de celles de niveau de vie pauvre en matière
d'accès à la terre. Ceci, peut-être dû au faite que
en terme de comportements elles ne sont pas différentes des femmes
pauvres. Le fait que, les pauvres n'aient pas accès à la terre,
confirme le raisonnement selon lequel, accéder à la terre et
pouvoir l'a sécurisé à travers un titre foncier est un
parcours difficile pour les pauvres (Djouonang, 2013).
Ce résultat nous amènes à
confirmer partiellement notre hypothèse H4
L'hypothèse H4 qui stipule que: Les femmes issues des ménages
de niveau de vie élevé et moyen ont plus de chances d'être
propriétaires terriennes que leurs consoeurs issues des ménages
de niveau de vie faible..
L'approche socioculturelle, permet de comprendre le
résultat. En effet, le niveau de vie du ménage ne change pas
grand-chose à la façon ou le rôle que les hommes ont
assignés aux femmes dans les sociétés patriarcales.
L'héritage, en tant que mode dominant d'accès à la
propriété foncière reste la chasse-gardée des
hommes (Bibiane et al, 2009). Cependant, avec la
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
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modernisation économique et culturelle de la femme, ces
pesanteurs sont de plus en plus levées. Ce qui permet, a une frange
(bien que minime) d'accéder à une propriété
foncière..
Cette variable, qui est non significative au départ
est devenue significative au seuil de 1% au modèle M3. Puis, est
redevenue non significative au modèle M4. Ce qui voudrait dire que la
variable appartenance à une association de tontine est une variable
inhibitrice du niveau de vie sur l'accès à la terre chez les
femmes. Autrement dit, la variable exposition aux médias, renforce
l'effet du niveau de vie sur le fait d'être propriétaire
terrienne. Par ailleurs, la variable niveau d'instruction est la variable
intermédiaire de l'influence du niveau de vie sur l'accès
à la terre. Mieux, l'influence du niveau de vie sur l'accès
à la propriété foncière est en partie liée
au niveau d'instruction de la femme.
Toutefois, le modèle final (M10), indique que le
niveau de vie n'influence pas significativement le fait pour une femme
d'être propriétaire terrienne. Autrement dit, la différence
de chance en matière d'accès à la propriété
foncière n'est pas significative que la femme soit dans un ménage
à niveau de vie élevé ou à niveau de vie moyen ou
faible.
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