II.4. EVOLUTION DE L'INFLATION
Le premier semestre de 2008 a connu globalement une tendance
haussière du niveau général des prix. Cette hausse a
été induite principalement par des facteurs exogènes
liés aux chocs de l'offre et ce, en dépit de l'application des
politiques budgétaire et monétaire restrictives à partir
de mars.
A fin juin 2008, le taux cumulé s'est situé
à 15,34 % avec une tendance annuelle de 33,04 % contre un objectif
révisé de 23,5 %.
Il y a lieu de noter cependant qu'un ralentissement de
l'inflation a été observé au cours des deux derniers mois.
A fin août 2008, le taux d'inflation cumulé s'est établi
à 20,61 % et à 20,96 % à la première semaine de
septembre 2008, correspondant à 32,10 % et 31,64 % en projection
annuelle.
Tableau N°4 : évolution de la
croissance économique et du revenu réel par habitant en
réel
76
Les tensions inflationnistes observées au premier
semestre résultent en grande partie des à-coups des crises
alimentaire et énergétique sur le marché international.
Ces dernières sont attestées au niveau national par
l'évolution à la hausse des rubriques « Alimentation »
et « Matériel de transport personnel ». Dans la rubrique
« Alimentation », la contribution des céréales est de
31,98 % au mois d'août.
S'agissant des produits pétroliers, il sied d'indiquer
qu'au dernier réajustement du prix du carburant à la pompe,
intervenu en juin 2008, le prix du litre de l'essence est passé de 790,0
CDF à 825,0, soit une hausse de 4,4 %.
Depuis le début de l'année, cette augmentation a
atteint 35,25 % et s'est répercutée principalement sur les prix
de transport en commun et des biens manufacturés utilisant les produits
pétroliers comme intrant dans leur fabrication.
A ces facteurs vient s'ajouter le déficit au niveau des
infrastructures de base qui engendre des perturbations majeures dans la
fourniture de l'énergie électrique et de l'eau potable,
entraînant ainsi des coûts supplémentaires aux
ménages ainsi qu'aux activités de production des industries.
« Par ailleurs, les marchés des biens et des
services ont connu une surchauffe des prix à cause des perturbations
intervenues dans le circuit de production
ou de commercialisation de certains produits en raison
notamment de l'engorgement du port de MATADI, intervenu au premier trimestre.
Cette situation a menacé sérieusement le bon approvisionnement de
la ville de Kinshasa car la province du Bas-Congo demeure la principale porte
d'entrée des produits importés pour la capitale.
De même, le respect de la mesure fiscale (Bivac)
relative au contrôle avant importation de la valeur monétaire des
marchandises à destination de la RDC a poussé certains
opérateurs économiques à la rétention de leurs
produits et au refus du renouvellement de leur stock.
La rubrique « Logement » a présenté
également une tendance haussière induite principalement par la
désarticulation du marché de ciment gris. En effet, le prix du
sac de ciment de 50 kg se négocie à 25 USD alors que le prix
homologué par le Ministère de l'Economie Nationale demeure
à 13,5 USD.
Ce déséquilibre est dû à la
pression grandissante de la demande face à une offre limitée par
la capacité des industries existantes.
Par contre, le ralentissement du rythme de formation des prix
intérieurs observé depuis juillet est expliqué par
l'évolution à la baisse du prix du baril sur le marché
international.
26 IFM International Financial Statistique, 2012 ;
Banque Centrale du Congo
77
De juin à août, il est passé de 140 USD
à 110 USD, soit une baisse de plus de 20 %. Cette inversion a
entraîné la révision à la baisse du prix du
carburant à la pompe lequel, en date du 03 septembre, a
été ramené à 795,0 CDF, soit une diminution de 3,6
%. 10
Après avoir connu des poussées inflationnistes
de grandes ampleurs d'avril à fin juillet 2008, à la suite des
effets conjugués de la crise alimentaire et la
flambée des prix des produits pétroliers,
l'inflation en rythme annuel, qui avait atteint des sommets successifs de 18,76
% en avril, de 25,93 % en mai et de 33,04 % en juin avant de culminer à
34,54 % en juillet, s'est ralentie en revenant à 31,64 % au 07
septembre. »26
Tableau N°5 Evolution annuelle de l'inflation
de base
Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes,
Banque Centrale du Congo, 2008.
Ce ralentissement est lié, notamment au repli des cours
du baril sur les marchés mondiaux et à la relative
stabilité des prix des produits alimentaires au cours des trois
premières semaines du mois d'août.
Evolution annuelle de l'inflation et ses principales
composantes
Graphique N°11 : Graphique N°12 :
Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes, Banque
Centrale du Congo. 2007 -2008
|
Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes, Banque
Centrale du Congo. 2007-2008
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78
En effet, les cours du brut se sont repliés en moyenne
autour de 147,0 USD le baril à mi-juillet à 117,0 USD à
fin août, soit un peu plus que leur niveau d'avril. Cette même
tendance a été observée en ce qui concerne les prix des
produits alimentaires, dont la progression en termes annualisée
s'était accélérée à mi-juillet atteignant un
pic de 36,17 %, avant d'afficher un fléchissement à 34,04 %
à fin août. Ce repli est reflet d'un léger
relâchement de la tension induite par le recul des prix des produits de
base et les ajustements opérés dans la demande des ménages
du fait du renchérissement du coût de la vie.
Tableau N°6 Contributions des principales
composantes de l'indice général des prix à l'inflation
de base
Source : Statistiques économiques, Direction des
études, Banque Centrale du Congo.2008.
En dépit de ce repli, les produits alimentaires et des
autres articles et services divers sont demeurés depuis le mois d'avril
des composantes majeures dans la formation des prix intérieurs dans la
mesure où leur contribution moyenne a été
particulièrement élevée se situant à 55,5 % et de
26,1 %, comme l'illustrent les graphiques ci-après :
Evolution annuelle de l'inflation et de ses principales
composantes
Graphique N° 13 Graphique N°14
79
Source : Statistiques économiques, Direction des Source :
statistiques économiques, direction des
études, Banque Centrale du Congo.2007-2008 études,
banque centrale du Congo2007-2008
Il sied de noter que la légère
atténuation des pressions inflationnistes pourrait être seulement
de courte durée, car des risques réels continuent à peser
sur la stabilité des prix. Ces risques sont de deux ordres, à
savoir :
1°) Les revendications salariales amorcées ces
dernières semaines par les différentes organisations syndicales
des travailleurs du secteur des administrations publiques et
2°) les difficultés pour le Gouvernement à
garantir la sécurité alimentaire sur un horizon de court terme.
En effet, parmi ces deux facteurs, les mouvements de revendication salariale
font particulièrement craindre « les effets de second
tour» lesquels pourraient enclencher la boucle «
inflation-augmentation de la masse salariale - persistance du déficit du
trésor ».
Une telle évolution sur le reste de l'année
pourrait déboucher sur une combinaison d'une inflation d'origine
monétaire avec celle entretenue par les coûts élevés
des entreprises et des ménages qui serait difficilement
maîtrisable pour la Banque centrale.
II.4.1. paradoxe entre la stabilité du taux de
change et l'envolée du niveau général des prix
Depuis l'indépendance du pays jusqu'à la fin de
l'année 2012, en passant par la période de l'hyper inflation des
années 90-2000, le taux de change et l'indice des prix à la
consommation ont toujours évolué de façon synchrone. Le
comportement de ces deux indicateurs de la stabilité du cadre
macroéconomique reflète l'évidence selon laquelle
l'inflation en RDC était considérée comme étant
d'origine monétaire à cause principalement de la
monétisation du déficit du Trésor.
Dans ce contexte, le mécanisme de transmission du
processus inflationniste était le suivant :
80
Schéma N°15 Mécanisme de
transmission du processus inflationniste d'origine
monétaire
SOURCE : Francklin Kyayima Muteba : une croissance
macroéconomique gonfler/RDC/université de Kinshasa, Page 7,
2013.
Ce schéma a longtemps était à la base de
la persistance de la spirale inflationniste qui a fait basculer le pays dans
l'hyperinflation des années 90-2000. Cette réalité
explique d'ailleurs la corrélation unitaire qui a toujours existé
entre l'inflation et la variation du taux de change comme l'illustre le
graphique 8 ci-dessous :
Graphique N°16 relation entre l'évolution
de l'indice général des prix et le taux
dechange.
Source : Statistiques économiques, Direction des
études, Banque Centrale du Congo, 2001-2008.
81
Cependant, depuis la hausse durable des cours du baril du
pétrole brut sur les marchés mondiaux et la crise alimentaire, le
processus inflationniste est désormais expliqué essentiellement
par les facteurs de l'offre à travers le schéma ci-dessous :
Graphique N°17 Mécanisme de transmission du processus
inflationniste d'origine de l'offre
Augmentation des cours des produits
Augmentation du prix de revient des entreprises
Augmentation de l'inflation
Accroissement des prix à l'importation
SOURCE : Francklin Kyayima Muteba : une croissance
macroéconomique gonfler/RDC/université de Kinshasa, Page 11,
2013.
Augmentation des cours des produits de base-)Accroissement des
prix à l'importation-)Augmentation du prix de revient des
entreprises-)Augmentation de l'inflation.
Ce phénomène, qui est d'ailleurs à la
base de la déconnexion entre l'évolution de l'inflation et du
taux de change, explique la progression moins rapide de ce dernier indicateur
dans un contexte de resserrement de la politique monétaire et
d'ajustement budgétaire.
Par ailleurs, il est important de relever aussi que ce
phénomène est exacerbé en RDC par les facteurs structurels
liés à la faiblesse des infrastructures de base et la
pénurie en énergie électrique qui tendent à
engendrer des surcoûts pour les entreprises.
82
Cette déconnexion entre l'évolution du taux de
change et de l'évolution est illustrée par le graphique
N°10
Graphique N°18 : Déconnexion entre le
taux de change et le taux d'inflation
Graphique N°19 : L'évolution de
l'inflation sous-jacente et du taux de change
Source : Statistiques économiques,
Direction des Source : statistique économiques,
direction des
études, Banque Centrale du Congo, 2007-2008 études,
Banque Centrale du Congo ; 2007-2008
La croissance plus rapide de l'inflation par rapport au taux
de change a pris de l'ampleur à partir du mois d'avril à la suite
notamment de la forte augmentation des cours du baril du brut sur les
marchés mondiaux et le début de la crise alimentaire. Mais par
contre, le graphique N°11 indique que l'écart plus ou moins
réduit entre laprogression en rythme annuel de l'inflation sous-jacente
et du taux de change tend à admettre l'idée selon laquelle dans
un contexte caractérisé par une inflation par les coûts
l'efficacité de la politique monétaire pourrait être
appréciée par le suivi de ces deux indicateurs.
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