2.5.2. Un modèle avec ciblage d'inflation
Pourquoi cibler l'inflation anticipée à deux
ans. La Banque Centrale ne contrôle qu'imparfaitement l'inflation en
raison de délais, de chocs d'offre et de demande Ces difficultés
peuvent être résolues en prenant comme objectif
intermédiaire la prévision d'inflation.
Courbe d'offre (ou courbe de Phillips + loi d'Okun):
l'inflation dépend de l'inflation passée et de l'écart de
produit y passé (de moyenne nulle) + choc d'offre :
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est l'inflation entre la date t et t+1, est l'écart de
produit ( > 0), et est un chocd'offre de moyenne nulle. Choc
d'offre négatif : < 0 => l'inflation contemporaine
augmente
la transmission du choc de coût sur les prix. Si
l'écart de produit augmente, tensions inflationnistes
également.
Courbe de demande (ou courbe IS): l'écart de produit
dépend de l'écart passé et du taux d'intérêt
réel + choc de demande :
= - - ) +
Le taux d'intérêt nominal est l'instrument de la
Banque Centrale. - est une approximation du taux d'intérêt
réel. Délai d'un an pour la transmission de la politique
monétaire. Une augmentation du taux nominal aujourd'hui augmente le
produit demain et l'inflation après-
demain (courbe d'offre en t+2 dans laquelle est
remplacée par son expression dans la courbe de demande:
= -
= - - ) + +
Objectif de la Banque Centrale : minimiser la déviation
de l'inflation à sa cible * (au carré) et y (au carré)
avec un coefficient (fonction de perte intertemporelle actualisée) :
in { ? - }
L'objectif est un peu plus simple avec = 0. On parle dans ce cas
de ciblage d'inflation pur :
in ? -
Il vient directement en raison des décalages temporels
que la Banque Centralene peut espérer lutter contre l'inflation en t et
t+1 à l'aide du taux d'intérêt en t. L'inflation courante
n'est pas contrôlable en raison des chocs et des délais. Elle ne
peut donc stabiliser l'inflation qu'à partir de t+2.
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Quand le coefficient est égal à 0 (ciblage
d'inflation pur), une condition nécessaire et suffisante pour que
l'objectif soit satisfait est que le taux nominal soit tel que l'inflation en
t+2 anticipée soit égal à * :
Et | =
Si l'anticipation d'inflation est supérieure à
la Banque Centrale devrait
augmenter le taux d'intérêt. Si l'anticipation
d'inflation est inférieure , la Banque Centrale
devrait baisser le taux d'intérêt. Le taux
d'intérêt devrait être ajusté jusqu'au point
où les prévisions à profil futur constant de taux
rejoignent le niveau cible.
En pratique, la banque centrale utilise ses modèles de
prévision macroéconomique pour fixer le taux
d'intérêt approprié. Le ciblage est à l'horizon :
permettre une stabilisation du produit tout en donnant des assurances que
l'inflation retournera au niveau de moyen-terme désiré.
La méthode nécessite de sélectionner le
bon horizon pour stabiliser l'inflation. Il existe en théorie un horizon
optimal pour cibler l'inflation anticipée. Si l'horizon est trop court,
la Banque Centrale ne contrôle que partiellement l'inflation dont la
partie prédéterminée est importante. Elle ne prend pas en
compte les effets maximums de sa politique de taux. Si l'horizon est trop long,
l'incertitude croissante rend périlleuse toute politique active.
La stabilisation de l'anticipation d'inflation en t+1 ne
suffit pas, car la Banque Centrale ne prend pas en compte toute l'information
présente (y et ) pour cibler l'inflation de long-terme (= t+2).
Notamment, i a un impact sur y en t+1, lequel a un impact sur en t+2! La
prévision d'inflation de moyen-terme (t+2) est la variable contemporaine
la plus corrélée avec l'objectif final qui est l'inflation, tout
en étant plus facilement contrôlable que l'objectif affecté
par des chocs et des délais, c'est vérifiable à chaque
instant et pas ex post, l'objectif est transparent et intuitif, cohérent
avec son activité qui est de prévoir l'inflation, et avec des
publications régulières sur les prévisions et sur les
modèles qui sont à la base.
Stabiliser l'inflation anticipée en t+2 ne signifie pas
stabiliser l'inflation en t+2 en raison des chocs d'offre et de demande qui
surviennent dans l'intervalle. Ecart à la cible :
= = +
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Aide les agents à ancrer leurs anticipations
d'inflation. L'objectif est centré sur ce que peut réellement la
Banque Centrale. Ce que l'on demande est plus qu'un exercice de
prévision: il faut savoir comment varie la prévision en fonction
de l'instrument.16
Si le coefficient est positif, on parle de ciblage d'inflation
flexible.
L'ajustement à la cible devrait être graduel:
= ( - )
Au lieu d'ajuster à chaque instant l'anticipation
d'inflation, la banque centrale devrait réagir graduellement aux chocs
qui affectent l'inflation à t+2. Par exemple, en cas de choc de demande
en t, la production s'accroît, augmentant du même coup
l'anticipation d'inflation en t+1 et en t+2.
La nouvelle règle implique une réaction moins
forte de la Banque Centrale en terme de hausse du taux d'intérêt.
En terme de règle de Taylor, cela implique de donner un poids plus
important à . Plus le poids sur y est important, plus est faible et plus
long sera l'ajustement de la prévision d'inflation à sa cible.
En conclusion, la prévision d'inflation est le bon
objectif intermédiaire. La Banque Centrale devrait ajuster son taux
d'intérêt de telle manière que sa prévision soit
égale à sa cible ou revienne progressivement vers sa cible. C'est
un instrument qui prend en compte les délais d'action et les chocs
affectant l'économie.
Si on explicite la règle derrière l'objectif de
ciblage d'inflation, on aboutit à une règle qui ressemble
finalement à une règle de Taylor :
= + - - ) + + =
+ - - ) =
Par ailleurs :
+
16La BC ne doit prendre en compte que la moyenne
d'inflation future. Résultat de contrôle optimal quand l'objectif
est quadratique est l'incertitude sur l'état de l'économie et les
mécanismes de transmissions entrent linéairement dans les
contraintes.
42
- af.?2(it - 7rt) =
- c7r*) : Quasi - règle de Taylor
Il est intéressant de noter que la règle de
ciblage d'inflation pure conduit à une quasi-règle de Taylor qui
prend en compte l'inflation courante mais aussi l'écart de produit ! (le
coefficient risque cependant d'être plus faible que s'il est pris
directement en compte). En effet, un accroissement de l'écart de produit
signale une inflation future élevée. Par exemple, un choc de
demande en t (t) augmente la production en t puis l'inflation en t+1 via la
courbe de Phillips puis l'inflation en t+2 en raison de la persistance de
l'inflation. Un choc d'offre en t augmente l'inflation en t et fait baisser
l'output gap en t.
Attention toutefois : ciblage d'inflation et règle de
taux ne se confondent pas. La règle de taux est une politique
définie par les moyens mis en oeuvre (politique d'instrument). Le
ciblage ne dit rien sur les moyens mais est définie en termes d'objectif
et de résultat17.
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