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Promotion du travail décent dans l'économie informelle: le role de l'inspection du travail au Burkina Faso


par Edmond Wêdlassida SAVADOGO
ENAM Ouagadougou - Inspecteur du travail 2019
  

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Section II : Cadre juridique du travail décent

Créée en 1948, l'inspection du travail du Burkina Faso assure quatre (4) missions essentielles. En effet, elle est chargée du contrôle de l'application de la législation du travail, de la conciliation dans les conflits individuels et collectifs de travail, du conseil des partenaires sociaux sur les moyens les plus efficaces d'appliquer la législation du travail et de la réalisation des études et des enquêtes38. Le champ d'action de l'inspection du travail est donc très vaste et repose sur un ensemble de textes d'origine nationale et internationale.

37 Loi n°028-2008/An portant code du travail au Burkina Faso, article 391

38 MFPTPS, Rapport général annuel 2015 sur l'inspection du travail, décembre 2016, P.12

30

Paragraphe I : Le cadre juridique International

Le Burkina Faso est membre de l'OIT depuis 1960 et adhère à sa vision qui est :

« un monde où il règne au sein de l'univers social une harmonie au travers de

laquelle tous les partenaires y trouvent satisfaction de leurs intérêts »39. Cette adhésion se matérialise par la ratification d'un certain nombre de normes internationales du travail qui sont des instruments juridiques élaborés par les mandants de l'OIT (gouvernement, employeurs et travailleurs) et qui définissent les principes et les droits minimums au travail. Les normes internationales du travail sont de deux types à savoir les conventions qui sont des traités internationaux juridiquement contraignants, pouvant être ratifiées par les Etats membres et les recommandations qui servent de principes directeurs ayant un caractère non contraignant.

Au titre des conventions, il faut signaler que le Burkina Faso a ratifié 44 conventions internationales du travail. Parmi ces conventions ratifiées, huit (8) ont été qualifiées de « conventions fondamentales » par le conseil d'administration du BIT en ce qu'elles traitent de questions considérées comme des principes et des droits fondamentaux au travail : la liberté syndicale et reconnaissance effective du droit de négociation collective, l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, l'abolition effective du travail des enfants et l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession. Ces principes sont aussi énoncés dans la

Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail

(1998). Cette Déclaration fait obligation aux Etats, qui adhèrent librement à l'OIT, de respecter, de promouvoir et de réaliser de bonne foi, les droits et obligations contenus dans les conventions de l'OIT reconnues fondamentales :

- Convention (n°29) sur le travail forcé, 1930, ratifiée par le Burkina Faso le 21 novembre 1960 ;

- Convention (n°87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, ratifiée le 21 novembre 1960 ;

- Convention (n°98) sur le droit d'organisation et de négociation collective,

1949, ratifiée 16 avril 1962 ;

39 Parfait Oumba, La problématique du travail décent en Afrique à la lumière des normes de l'OIT, Café socio-anthropologique « Le travail dans tous ses états », avril 2016, Yaoundé, Cameroun.

31

- Convention (°100) sur l'égalité de rémunération, 1951, ratifiée le 30 juin 1969 ;

- Convention (n°105) sur l'abolition du travail forcé, 1957, ratifiée le 25 août

1997 ;

- Convention (n°111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958, ratifiée le 16 avril 1962 ;

- Convention (n°138) sur l'âge minimum, 1973, ratifiée le 11 février 1999 ;

- Convention (n°182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999, ratifiée

le 25 juillet 2001.

Au nombre des conventions internationales de travail ratifiées par le Burkina Faso, quatre (4) sont dites conventions prioritaires ou de gouvernance parce qu'elles sont des conventions dont l'OIT propose la ratification auprès des Etats membres en raison de leur importance pour le fonctionnement du système des normes internationales du travail. Ce sont :

-Convention (n°81) sur l'inspection du travail, 1947, ratifiée le 21 mai 1974 ;

-Convention (n°122) sur la politique de l'emploi, 1964, ratifiée le 28 octobre 2009

-Convention (n°129) sur l'inspection du travail (agriculture), 1969, ratifiée en 1974 ;

-Convention (n°144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976, ratifiée en 2001.

La mise en application de ces 12 conventions (fondamentales et prioritaires) dans leur ensemble constitue un socle minimum pour aider les travailleurs et les employeurs à sortir de l'informalité40.

En plus des conventions internationales du travail fondamentales et prioritaires, le Burkina Faso a ratifiée trente-et-deux (32) Conventions techniques qui ont traits aux conditions générales de travail et à la santé et sécurité au travail41. En effet, le BIT affirme dans son rapport de 2002 sur le travail décent et l'économie informelle que

« pour remédier pleinement aux déficits de travail décent, il est nécessaire d'étendre les normes minimales de base à des questions importantes telles que le travail, la sécurité et la santé, la garantie d'un revenu, ainsi que les règles de base pour assurer un traitement équitable, s'agissant par exemple de la sécurité de l'emploi et

40 BIT : Economie informelle et travail décent : Guide de ressources sur les politiques, soutenir les transitions vers la formalité, Article : Le cadre réglementaire et l'économie informelle, Pages 8

41 Confer : Annexe 1

32

des groupes vulnérables »42. Il faut noter que sur les 44 conventions internationales du travail ratifiées par le Burkina Faso, 38 sont en vigueur et seulement 4 ont été dénoncées.

Au titre des recommandations de l'OIT, il faut dire qu'elles sont des normes internationales du travail non-contraignantes, portant souvent sur les mêmes questions que les conventions et définissent les directives devant servir à orienter les politiques et pratiques nationales. Elles peuvent aussi être autonomes, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas de lien avec une convention.

Parmi les 204 Recommandations de l'OIT, on peut retenir dans le cadre du travail décent les Recommandations suivantes :

-la Recommandation n°81 sur l'inspection du travail (industrie et commerce), 1947 ;

- la Recommandation n° 158 sur l'administration du travail, 1978 ;

- la Recommandation n°204 sur la transition de l'économie informelle vers l'économie formelle, 2015 ;

- la Recommandation n°163 sur la négociation collective, 1981 ;

- la Recommandation n°36 sur la réglementation du travail forcé, 1960 ;

- la Recommandation n° 90 sur l'égalité de rémunération, 1951 ;

- la Recommandation n°111 sur la discrimination (emploi et profession), 1958 ;

- la recommandation n°146 sur l'âge minimum d'admission à l'emploi, 1973 ;

- la Recommandation n°190 sur les pires formes de travail des enfants, 1999 ;

- la Recommandation n°198 sur la relation de travail, 2006.43

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand