I.2.2. Les effets de la
soutenabilité de la dette extérieure et atténuation du
chômage
Un certain nombre de théories ont été
développées dans le but d'expliquer les implications du
financement extérieur sur les performances économiques mondiales.
Les plus éminentes sont entre autres : la théorie
économique keynésienne, la théorie économique
classique, la théorie économique néoclassique et
l'approche de l'équivalence ricardienne.
L'essentiel économique de la politique
budgétaire est de mener une politique anticyclique afin de
contrebalancer les hausses et les baisses au cours des cycles
économiques. C'est pourquoi Keynes (1936) a préconisé un
déficit budgétaire pour effectuer une transition du chômage
de masse au quasi-plein emploi. Dans la théorie keynésienne de
l'emploi, les dépenses publiques peuvent contribuer positivement
à stimuler la croissance économique. En effet, une augmentation
de la consommation publique est susceptible d'entraîner une augmentation
de l'emploi, de la rentabilité et de l'investissement grâce aux
effets multiplicateurs sur la consommation globale. Keynes (1936) a donc
encouragé la formation de déficits budgétaires en
augmentant les dépenses publiques et/ou en réduisant les
impôts et, ce faisant, a indiqué que la solution du marché
serait inefficace parce que le mécanisme des prix et les salaires qui
doivent répondre à l'existence du chômage ne s'ajustent pas
assez rapidement (Oluba, 2008).
Pour Keynes (1936), l'économie est fondamentalement
instable et doit être stabilisée par une intervention vigoureuse
du gouvernement ou par des politiques gouvernementales appropriées. Le
financement déficitaire des keynésiens est alors un outil
important pour atteindre un niveau souhaité de demande globale
compatible avec le plein emploi. La principale hypothèse de cette
théorie est que l'économie fonctionne à un niveau
inférieur au plein emploi du revenu national. Compte tenu de l'existence
d'un écart de production dans l'économie, l'augmentation des
dépenses publiques financées par la dette entraînera une
augmentation de la production et des revenus. Par conséquent, le
financement du déficit selon la théorie keynésienne peut
implicitement être utilisé pour créer des emplois
supplémentaires lorsque l'économie souffre d'une insuffisance de
la demande effective. En outre, en tant qu'instrument de reprise après
la récession, le financement du déficit peut être
utilisé pour atténuer les fortes fluctuations cycliques (Dewett,
2009).
Par ailleurs, les écoles classiques et
néoclassiques s'opposaient fortement à cette théorie. La
critique de l'école classique postule que les déficits
budgétaires financés sans cesse par la dette intérieure
évincent l'investissement et, par extension, abaissent le niveau de la
croissance économique. En effet, des déficits budgétaires
excessifs conduisent à une mauvaise performance économique.
L'implication d'une telle politique ne s'arrête pas à l'effet
d'éviction sur l'investissement privé, la société
devra également supporter le fardeau d'une dette publique accrue en
raison de l'expansion des dépenses publiques financées par la
dette. Cette objection dominante de la théorie de l'emploi de Keynes
(1936) par les économistes classiques est fondée sur leur
principale hypothèse selon laquelle l'économie fonctionne
toujours au plein emploi. Si une économie fonctionne déjà
au plein emploi, toute dépense supplémentaire financée par
la dette ou par la création de monnaie ne peut que créer une
hausse inflationniste des prix (Anyanwu, 1995 ; Dewett, 2009).
Pour leur part, les économistes néoclassiques
ont collaboré à la position des économistes classiques
selon laquelle le déficit budgétaire aurait un effet
négatif sur la croissance économique. Leur argument est que le
déficit budgétaire est un affaiblissement évident de
l'épargne publique. Si l'épargne publique est affaiblie, elle
exercera une pression sur les taux d'intérêt, sauf si elle est
entièrement compensée par l'épargne privée. Par
conséquent, une baisse de l'épargne nationale exercera une
pression sur le coût du crédit (taux d'intérêt) qui
écarte l'investissement privé et entraînera une baisse
générale de la production à long terme. Les
économistes néoclassiques ont en outre fait valoir que la
manière dont le déficit est financé est susceptible
d'influencer le niveau de la consommation et de l'investissement et, par
extension, la croissance économique (Braeley, Allen et Mohanty, 2012).
La contribution de la théorie de l'équivalence
ricardienne est celle d'un effet de neutralité du déficit
budgétaire sur la croissance économique. Cette théorie
repose sur l'hypothèse que les individus conservent un mode de
consommation permanent tout au long de leur vie. Ainsi, le budget
expansionniste n'a pas d'effet sur la consommation actuelle des particuliers,
car ils épargneront plutôt sur la charge fiscale à payer
à l'avenir. Dans le cas de l'investissement, le budget expansionniste
qui déduit une réduction de l'épargne publique peut
être entièrement compensé par l'épargne
privée en tant que telle n'ayant aucun effet sur le coût du
crédit et ayant donc un effet indifférent sur l'investissement.
La théorie de l'équivalence ricardienne stipule donc que les
déficits budgétaires n'affectent pas le taux
d'intérêt réel pour évincer l'investissement et ne
stimulent pas la consommation pour accroître la production (Snowdon et
Vane, 2005). Par conséquent, le déficit budgétaire n'est
qu'une technique de stabilisation utile pour atténuer l'impact des chocs
sur les revenus ou pour répondre aux exigences des dépenses
forfaitaires (Braeley, Allen et Mohanty, 2012).
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