II.2/Effets de la
viabilité de la dette extérieure sur la croissance
économique
Il est communément admis que la
viabilité de la dette extérieure est un facteur explicatif des
performances macroéconomiques d'un pays. En particulier, celle-ci a un
effet positif sur la croissance. Dans le cadre de cette étude, nous
analyserons l'influence de la viabilité de l'endettement
extérieure sur la croissance à travers le développement
financier et l'ouverture commerciale.
II.2.1. Durabilité de la
dette extérieure et croissance économique
Outre les liens macroéconomiques entre la dette et la
croissance, l'idée que la dette publique peut représenter un
fardeau pour le système économique a des origines lointaines dans
les finances publiques. Il met l'accent sur qui et comment payer la dette, et
avec quelles conséquences sur l'économie. A cet égard, une
telle littérature sur les finances publiques est complémentaire
et plus détaillée que la littérature
macroéconomique explorée jusqu'à présent, et elle
est propédeutique par rapport aux développements récents
dans l'analyse de la viabilité de la dette.
Une définition officielle de la
soutenabilité, fondée sur les principes financiers fondamentaux,
stipule que la valeur de l'encours de la dette ne doit pas dépasser la
valeur actualisée des excédents primaires prévus actuels
et futurs, et l'analyse de la soutenabilité vise à
déterminer et à mesurer la capacité d'un gouvernement
à respecter ses obligations relatives à la dette. Par
conséquent, l'impact du remboursement de la dette sur l'économie,
selon différentes stratégies de remboursement, est bien sûr
au coeur de cette analyse, qui est à son tour propédeutique pour
les analyses de croissance de la dette où la probabilité de
défaut est considérée. Cette approche soulève
plusieurs problèmes de mise en oeuvre (le choix du taux d'actualisation
approprié, de l'horizon temporel et des postes budgétaires), ce
qui donne lieu à des jugements controversés, sinon non
concluants. C'est pourquoi des critères moins exigeants ont
été proposés.
Arnone et Presbitero (2007) ont proposé une approche de
" macro-absorption " pour la soutenabilité du fardeau de la dette
publique et a classé les indicateurs correspondants en trois
catégories : naïf, simple et composite. Les indicateurs naïfs
concernent le montant total de la dette et les mesures connexes, telles que le
taux d'intérêt et l'échéance ; les indicateurs
simples concernent le service de la dette et les ratios correspondants, tandis
que les indicateurs composites sont des moyennes pondérées
d'indicateurs naïfs et simples et visent à mieux identifier la
charge de la dette et l'approche d'un défaut. Dans la même veine,
Bohn (1998) proposé une approche similaire et particulièrement
pertinente. Elle repose sur la fonction de réaction de la politique
budgétaire qui relie le solde primaire, en tant que variable de
contrôle, à l'encours de la dette de telle sorte que la dette
augmente à un taux inférieur au taux d'intérêt. L'un
des principaux mérites de cette approche, est qu'elle permet un " effort
fiscal " relativement simple et mesurable qui devrait être constamment
supporté par le gouvernement (c'est-à-dire les sujets
économiques pertinents) au fil du temps. A cet égard, la
composition de l'effort (plus d'impôts contre moins de dépenses)
peut importer, comme le suggèrent les études sur les
consolidations budgétaires expansionnistes. Toutefois,
l'évaluation de la viabilité d'un effort budgétaire
donné par le gouvernement n'est pas simplement une question technique,
mais elle dépend aussi de l'évaluation politique de ses
coûts et avantages, ou des coûts et avantages d'un certain
degré de défaillance, ce qui conduit à la
littérature de l'économie politique sur la solvabilité/le
choix par défaut des gouvernements.
Le fardeau de la dette est habituellement
identifié et décrit par certains indicateurs, et les plus
courants concernent le service de la dette : le ratio d'intérêt
sur la dette, le ratio d'intérêt sur la dette extérieure,
le ratio d'intérêt sur la fiscalité ou le ratio
d'intérêt sur les exportations. Le montant de la dette
extérieure par rapport à l'encours total de la dette est
considéré comme une mesure de la charge extérieure, un
indicateur pertinent lorsque l'accent est mis sur les créanciers
étrangers. Ainsi, le fardeau effectif de la dette publique externe
dépend des conditions économiques et que certains principes
doivent être respectés afin de le minimiser. L'analyse s'est
penchée sur les mesures incitatives dans Meade (1958), qui soutient
qu'une réduction de la dette publique intérieure peut
améliorer les mesures incitatives économiques, mais qu'il
pourrait y avoir un coût si les conditions économiques se
dégradent à court terme.
En résumé, le point de vue du fardeau
de la dette met en évidence plusieurs canaux par lesquels une dette
publique (élevée) peut entraver directement ou indirectement la
croissance économique et le développement du pays. En fait, c'est
dans cette situation que les pays pauvres très endettés se sont
empêtrés et que des initiatives de réduction ou même
d'annulation de la dette ont été largement proposées et
étudiées au cours des dernières décennies. Ces
études sont importantes parce qu'elles renforcent l'avertissement selon
lequel les conditions spécifiques jouent un rôle crucial qui peut
difficilement être absorbé dans une loi générale.
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