la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?par Landry Arnold YOUBI POUEPI Université de Yaoundé II - Master II PTCI 2018 |
II.1.2. Dette extérieure et croissance économique : « l'effet de risque de confiance »La confiance comporte deux éléments tournés vers l'avenir. Les investisseurs financiers estiment que la restriction fiscale réduit la probabilité de défaut futur et exigent une prime de risque plus faible. Le secteur privé national bénéficie d'un taux d'intérêt plus bas et anticipe la baisse de l'évolution future des impôts : les deux stimulent les dépenses. Plus la confiance est élevée, plus le multiplicateur d'assainissement budgétaire est faible. D'autres facteurs qui réduisent le multiplicateur sont liés aux facteurs keynésiens mentionnés plus haut : l'orientation de la politique monétaire6(*) et les gains de compétitivité par la dépréciation du taux de change réel7(*). Enfin, les contraintes financières, une autre caractéristique typiquement keynésienne, inhibent la neutralité ricardienne et amplifient l'impact de la restriction budgétaire sur la demande globale. Il n'est pas surprenant de constater qu'un ensemble aussi riche de facteurs donne des résultats nuancés et, encore une fois, les résultats dépendent de l'état de l'économie et d'autres éléments secondaires (Corsetti et al., 2010). Dans les cas relativement extrêmes où les tensions budgétaires sont graves et où la politique monétaire est limitée pendant une longue période, le resserrement budgétaire peut même exercer un effet expansionniste. Cela dit, les compressions budgétaires ne sont pas un remède miracle. En effet, toutes nos simulations se caractérisent par une profonde récession, même si un resserrement de la politique budgétaire, dans les conditions susmentionnées, peut stimuler l'activité économique (Corsetti et al., 2010 ; Lane, 2015). D'autres études appliquées à la zone euro partagent le même ton, bien que la conclusion dominante soit que l'assainissement budgétaire a ralenti la croissance, au moins à court et moyen terme. DeLong et ses collaborateurs (2012) proposent une autre analyse portant sur ce sujet et présentent un nouveau modèle keynésien d'équilibre général en matière d'inflation pour étudier comment les politiques budgétaires influent sur le déficit budgétaire, comment le déficit influe sur les attentes et, par conséquent, comment il influe sur la demande globale à court terme. Ainsi, il ressort que l'engagement de réduire la taille du gouvernement à long terme ou de réduire les impôts futurs sur le travail augmente la demande à court terme et que si des déficits plus élevés déclenchent des attentes d'inflation future plus élevée, ils sont expansionnistes à un taux d'intérêt nul, car cela réduit le taux d'intérêt réel et augmente ensuite la demande (Delong et al., 2012). Dans cette première sous-section, nous avons montré que l'incertitude est susceptible de réduire la lisibilité de l'environnement économique et par conséquent, empêche les agents économiques à prendre les bonnes décisions qu'il faut au moment opportun. En ce sens, elle détériore la croissance économique. Dans la prochaine sous-section, nous discuterons de la manière dont la viabilité de la dette extérieure influe sur les performances économiques notamment la croissance économique. * 6Une attitude accommodante aide à réduire le taux d'intérêt et à soutenir la demande globale. * 7 Qui soutiennent également la composante étrangère de la demande globale. |
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