C. Types d'agressions au Port d'Abidjan
Les agressions sont très variées, nous pouvons les
catégoriser comme suit :
- Vols de biens (matériels du navire ou effets
personnels de l'équipage) à quai ou dans les zones de
mouillage.
- Attaques à main armée en mer ou au mouillage
visant à dépouiller le navire de biens ou d'une partie de sa
cargaison.
- Attaques au mouillage ou en mer suivie de
détournement de la cargaison, du navire ou prise d'otages.
1. Vols de biens à quai ou dans les zones de
mouillage
Dans ce type d'agression, l'infraction est commise soit au
port (navires à quai ou au mouillage intérieur) soit sur rade du
port. Les agresseurs utilisent de petites embarcations,
généralement des pirogues et approchent les navires tous feux
éteints. Ils utilisent des perches en bois munies de crocs au bout pour
grimper à bord des navires sans attirer l'attention des membres
d'équipage et des vigiles puis s'emparent de l'équipement du
navire ou d'effets personnels des membres d'équipage.
Généralement, les biens volés sont les amarres et les pots
de peinture. Le 24 mars 2015, le navire BREADBOX MARLIN (N°OMI 8518560) a
eu à signaler à la Vigie du Port d'Abidjan le vol de 400 m
d'amarre entre 00h00 et 02h00. Si l'on estime à 2.5 dollars US le
coût d'un mètre d'amarre alors cela reviendrait à une perte
de 1000 dollars US. Si le navire subit à plusieurs escales ce genre
d'agression, il est bien évident qu'il évitera le port. Comme
nous l'avons signifié plus haut, ces attaques ne rentrent pas dans la
définition d'acte de piraterie dans le cadre du droit de la mer puisque
les actes ne sont pas commis en haute mer. Nous les étudions cependant
car ils rentrent dans le cadre de la
13
définition que nous avons choisie pour notre
étude, à savoir celle du Bureau Maritime International. Ce
dernier considère ces actes comme des actes de piraterie maritime. Il
est important de souligner que ce genre d'attaque ne demande pas de
connaissances nautiques, et constitue le plus grand nombre des actes de
piraterie. Au Port d'Abidjan en 2016, la Vigie a enregistré 9 vols et 3
tentatives de vols sur les navires dans les zones mouillage sur un total de 13
attaques.
2. Attaques à main armée en mer ou au
mouillage visant à dépouiller le navire de biens ou d'une partie
de sa cargaison
Dans ce cas de figure, les agresseurs s'introduisent sur le
navire clandestinement comme expliqué au paragraphe
précédent ou ils l'abordent avec une embarcation rapide et
menacent les membres d'équipage afin de le faire stopper. Une fois
à bord, cela s'apparente à un véritable hold-up.
L'équipage est séquestré et les brigands s'emparent de
leurs biens, du matériel du navire ou d'une partie de la cargaison.
C'est ce type d'attaque qui a eu lieu le 16 novembre 2014 entre 00:15 et 05:55
sur le tanker SAN BERNARDINO (N°OMI 9264116) au mouillage extérieur
du Port d'Abidjan.
3. Attaques au mouillage ou en mer suivi de
détournement de la cargaison, du navire ou de prise d'otages
C'est le type d'agression le plus redouté car les
pirates interviennent avec des armes de guerre (Kalachnikov, grenade...) et ont
une bonne connaissance nautique. Cela leur permet de prendre le contrôle
total du navire, puis ils procèdent à la destruction de tous les
moyens de communication et d'identification avant de se diriger avec le navire
en haute mer où les attend le navire pirate mère. Ils
dépouillent le navire agressé de sa cargaison, de son
matériel et des biens des marins. Dans certains cas, s'ensuit une prise
d'otages avec demande de rançon. Généralement les navires
attaqués sont des pétroliers, cela pour leurs cargaisons (gasoil,
essence ou pétrole brut) ou Supply boat (navire de ravitaillement) pour
la prise d'otage. Ce genre d'attaque est très rare en Côte
d'Ivoire mais très fréquent au large du Nigeria. Abidjan a
enregistré son premier acte de piraterie le 06 octobre 2012 sur le
navire ORFEAS (longueur 228m).
14
|