Conclusion partielle
Au final, le « Garba » est consommé par
toutes les couches sociodémographiques avec une prédominance des
hommes. Parmi ces derniers, les élèves et étudiants et les
travailleurs sont les plus nombreux. Chez la plupart des consommateurs, une
forte fréquence de consommation hebdomadaire (5 fois et plus) est
observée. Cette forte consommation est liée au sexe, à
l'âge, à la situation familiale, à la profession, à
la grande disponibilité sur le marché et le bon prix du mets
« Garba ». De plus, les enfants constituent une population à
forte fréquence de consommation. Le commerce du « Garba » en
Côte d'Ivoire, est principalement exercé par des individus non
ivoiriens, notamment les ressortissants du Niger. Cette activité est
menée par des hommes adultes dont la plupart est satisfait du revenu que
procure ce commerce. Toutefois, des ivoiriens et même des femmes
s'intéressent à l'heure actuelle, au commerce du « Garba
». Ainsi, au regard du succès du commerce de cet aliment de rue et
de sa forte fréquence de consommation, il serait impérieux
d'étudier sa composition physicochimique et nutritionnelle afin de
garantir la santé des consommateurs et la croissance des enfants.
90
III-2. VALEUR NUTRITIVE DU PLAT DE « GARBA »
III-2.1. Résultats
III-2.1.1. Composition biochimique de
l'attiéké, du thon frit et du plat de « Garba »
Le tableau IX, présente les résultats de la
composition biochimique de l'attiéké, du thon frit et du plat de
« Garba ». Le taux d'humidité du thon frit (59,04#177;1,61 %)
est plus élevé que celui de l'attiéké
(49,22#177;0,31 %) et du plat de « Garba » (49,29#177; 0,96 %). Les
résultats montrent que les teneurs en matières sèches de
l'attiéké frais (50,78#177;0,31 %) et du mets « Garba »
(50,71#177;0,96 %) sont significativement (p=0,05) plus élevées
que celles du thon frit (40,96#177;5,13 %). Par ailleurs, le taux de glucides
du mets « Garba » (30,92#177;1,44 %) est inférieur à
celui de l'attiéké (46,08#177;0,27 %). Le thon frit contient un
taux de glucides significativement (p=0,05) plus faible (10,68#177;3,59 %).
Aussi, les résultats révèlent-ils que la concentration en
acide cyanhydrique de l'attiéké (0,31#177;0,02 mg/100g) est plus
élevée que celle du « Garba » (0,14#177;0.02 mg/100g).
La teneur en lipides du mets « Garba » (7,27#177;0,64 %) est
supérieure, à celles du thon frit (3,78#177;0,42 %) et de
l'attiéké frais (0,94#177;0,06 %). Les résultats montrent
également que la teneur en protéines du thon frit (23,69#177;3,78
%) est supérieure à celle de l'attiéké
(3,04#177;0,39 %) et du « Garba » (9,82#177; 0,23 %). De même,
le thon frit présente un taux de cendre plus élevé
(2,92#177;0,81 %). Enfin, la valeur énergique du mets « Garba
» (228,39#177;8,13 kcal/100g) est supérieure à celle de
l'attiéké (204,94#177;1,20 kcal/100g). La valeur
énergétique du thon frit (171,51#177;5,16 kcal/100g) est
faible.
Les résultats du profil en acide gras (Tableau X),
indiquent que les proportions d'acides gras identifiés dans le thon
frit, le thon frais et le mets « Garba », présentent
des différences significatives (P=0,05). La somme des acides gras
saturés (AGS), contenus dans les acides gras totaux identifiés
dans l'huile du thon frit (45,91#177;17,91 %) est supérieure à
celle déterminée dans l'huile du thon frais (41,70#177;11,00 %)
et du « Garba » (42,55#177;0,76 %). L'acide gras majoritairement
présent est l'acide palmitique (C16:0). Pour ce qui concerne, la somme
des acides gras monoinsaturés (AGMI), le mets « Garba » a le
taux le plus élevé (45,52#177;1,30 %) suivi du thon frit
(34,20#177;23,36 %). En outre, la présence d'acide élaïdique
(C18 :1n-9t), qui est un acide gras trans (AGT), dans l'huile du mets «
Garba » est notée. Sa teneur est de 1,50#177;0,11 % des
acides gras totaux identifiés. La somme des AGMI du thon frais est plus
faible (19,10#177;4,36 %).
91
Tableau IX: Composition biochimique du plat
de « Garba » et ses composants
Paramètres
|
Attiéké frais n = 10
|
Thon (SKJ) frit n = 10
|
Mets « Garba » n = 10
|
Humidité (%)
|
49,22#177;0,31a
|
59,04#177;1,61b
|
49,29#177; 0,96a
|
Matière sèche (%)
|
50,78#177;0,31b
|
40,96#177;5,13a
|
50,71#177;0,96b
|
Glucides (%)
|
46,08#177;0,27c
|
10,68#177;3,59a
|
30,92#177;1,44b
|
HCN (mg/100 g)
|
0,31#177;0,02b
|
-
|
0,14#177;0.02a
|
Lipides (%)
|
0,94#177;0,06a
|
3,78#177;0,42b
|
7,27#177;0,64c
|
Protéines (%)
|
3,04#177;0,39a
|
23,69#177;3,78c
|
9,82#177; 0,23b
|
Cendres (%)
|
0,90#177;0,04a
|
2,92#177;0,81c
|
1,57#177;0,15b
|
Fibres (%)
|
1,73#177;0,12b
|
-
|
0,39#177;0,07a
|
Energie (kcal/100g)
|
204,94#177;1,20b
|
171,51#177;5,16a
|
228,39#177;8,13c
|
L'analyse des variances suivie du test de comparaison
multiples de Newman-Keuls au seuil de 5 %. Les lettres a, b, c, etc.
en super script suivent les moyennes issues du test de classement des
moyennes de Newman-Keuls. Sur la même ligne les moyennes suivies de
lettre différentes sont significativement différentes (p = 0,05).
HCN = acide cyanhydrique, SKJ= skipjack tuna
ou thon listao, n = nombre d'échantillons.
92
Tableau X: Profil en acides gras du thon frais, du thon
frit et du plat de « Garba »
Appellation commune
|
Acides gras
|
Thon frais n=6
|
Thon frit n=6
|
Mets « Garba » n=6
|
Acides gras saturés
|
|
|
|
|
Laurique
|
C12:0
|
nd
|
Nd
|
0,16#177;0,32a
|
Myristique
|
C14:0
|
4,82#177;1,13b
|
0,85#177;0,07a
|
0,62#177;0,16a
|
Pentadécylique
|
C15:0
|
1,07#177;0,09a
|
Nd
|
nd
|
Palmitique
|
C16:0
|
27,15#177;1,44a
|
38,01#177;0,16b
|
37,07#177;1,11b
|
Stéarique
|
C18:0
|
8,37#177;1,19c
|
6,58#177;0,30b
|
4,86#177;0,74a
|
Arachidique
|
0:0
|
0,29#177;0,01a
|
0,47#177;0,02b
|
nd
|
Total (LAGS)
|
|
41,70#177;11,00a
|
45,91#177;17,91b
|
42,55#177;0,76a
|
Acides gras mono-insaturés
|
|
|
|
|
Palmitoléique
|
C16:1n-7
|
4,25#177;1,15b
|
0,58#177;0,01a
|
nd
|
Oléique
|
C18:1n-9
|
10,95#177;1,16a
|
33,62#177;1,15b
|
44,01#177;1,37c
|
Elaidique
|
C18:1n-9t
|
3,09#177;0,89a
|
Nd
|
1,50#177;0,11b
|
Nervonique
|
4:1n-9
|
0,81#177;0,02a
|
Nd
|
nd
|
Total (LAGMI)
|
|
19,10#177;4,36a
|
34,20#177;23,36b
|
45,52#177;1,30c
|
Acides gras polyinsaturés
|
|
|
|
|
Linoléique
|
C18:2n-6
|
1,12#177;0,16a
|
5,15#177;0,65b
|
7,64#177;1,35c
|
Stéaridonique
|
C18:4n-3
|
0,56#177;0,01a
|
Nd
|
nd
|
Nonadécanoique
|
C19:0
|
0,31#177;0,01a
|
Nd
|
nd
|
Paullinique
|
0:1n-7
|
0,40#177;0,01a
|
Nd
|
nd
|
Gadoléique
|
0:1n-9
|
2,32#177;0,12b
|
0,43#177;0,04a
|
nd
|
Arachidonique
|
0:4n-6
|
1,08#177;0,23a
|
Nd
|
nd
|
EPA
|
0:5n-3
|
4,38#177;0,96b
|
0,59#177;0,01a
|
nd
|
DPA
|
2:5n-3
|
0,74#177;0,07a
|
Nd
|
nd
|
DHA
|
2:6n-3
|
16,40#177;6,12c
|
5,29#177;0,37b
|
0,12#177;0,25a
|
Total (LAGPI)
|
|
27,31#177;5,17c
|
11,46#177;2,72b
|
7,77#177;1,21a
|
Les lettres a, b, c, etc. en super script suivent les
moyennes issues du test de classement des moyennes de Newman-Keuls. Sur la
même ligne les moyennes suivies de lettre différentes sont
significativement différentes (p = 0,05). AG = acide
gras, LAGS = somme des acides gras saturés,
LAGMI = somme des acides gras monoinsaturés,
LAGPI = somme des acides gras polyinsaturés, nd
= non déterminé, DHA = acide
docosahexaénoïque, EPA = acide
eicosapentaénoïque, DPA = acide
docosapentaénoïque, n = nombre
d'échantillons prélevés pour la détermination du
profil.
93
Par ailleurs, les résultats révèlent que
la somme des acides gras polyinsaturés (AGPI) contenus dans l'huile du
thon frais (27,31#177;5,17 %) est significativement plus élevée
(P=0,05) que la somme des AGPI contenus dans l'huile du thon frit
(11,46#177;2,72 %) et l'huile du plat de « Garba » (7,77#177;1,21 %).
Il ressort également des résultats que les acides gras
(oméga-3) bénéfiques pour la santé (acide
docosahexaénoïque DHA et acide eicosapentaénoïque EPA),
ont une teneur plus élevée dans l'huile du thon frais
(4,38#177;0,96 % d'EPA et 16,40#177;6,12 % de DHA) que celle du thon frit
(0,59#177;0,01 % d'EPA et 5,29#177;0,37 % de DHA). Le mets « Garba »
contient une faible teneur de DHA (0,12#177;0,25 %). Les résultats du
profil en acide gras révèlent également qu'il y a 18 types
d'acides gras identifiés dans l'huile du thon frais, contre seulement 10
retrouvés après la friture du thon. En outre, l'huile du mets
« Garba » contient seulement 8 types d'acides gras. Les
différents chromatogrammes respectifs du thon frais, du thon frit et du
mets « Garba » (Annexe 3) permettent de visualiser les acides gras
majoritaires dans l'huile des échantillons analysés. Enfin, les
résultats montrent une diminution de 15,85 % des acides gras
polyinsaturés après la friture du thon.
|
|