2. À l'ère de l'hyper-modernisation, les
« smart cities ». État des lieux d'un concept en pleine
construction
2.1 Pourquoi la « smart city »
Alors qu'en 1700 la population mondiale ne comptait que 7% de
citadins, on estime aujourd'hui que « 70% de la population mondiale vivra
dans les zones urbaines à l'horizon 2050.4 » Cet
accroissement de la population mondiale n'est pas sans conséquence sur
le « plan économique et culturel [...] les modes de vie et le vivre
ensemble ». Les modes de gouvernance de la ville doivent donc être
adaptés à cet accroissement de la population urbaine, mais aussi
aux modes de vie des citoyens et aux outils que ces derniers utilisent au
quotidien. Ainsi, cette transformation des modes de gouvernance des espaces
urbains doit se faire en concomitance avec l'intégration des
Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans notre
quotidien.
2.2 Les acteurs de la « Smart city » :
gouvernance publique et gouvernance privée
Cette confluence de l'organique (la ville-personne vue par
Ledrut) et de l'inorganique (les TIC) implique la mobilisation de
différents acteurs. Comme l'évoquent Emmanuel Veno et Jean-Michel
Mestres dans leur article « Villes numériques, villes intelligentes
? » publié dans la revue Urbanisme, « la ville
intelligente est d'abord le fait d'acteurs industriels majeurs :
opérateurs et équipementiers de télécommunications,
constructeurs informatiques, intégrateurs de systèmes
d'information, opérateurs de réseaux électriques,
distributeurs d'énergie, entreprise de travaux publics, promoteurs
immobiliers, entreprises de transport... » En effet, ce ne sont pas
uniquement les acteurs locaux qui sont mobilisés dans la construction de
la « ville idéale ». Par acteurs locaux, il est question de la
polis (les dirigeants de la ville, chargés de sa gouvernance),
mais aussi du demos (les citoyens). De quelle manière
interviennent donc les TIC auprès des
4 Hélène Marie-Montagnac, Villes
créatives : quand le numérique rencontre la culture en
métropole dans « L'imaginaire et la représentation des
nouvelles technologies de l'information et de la communication »
13
véritables « pratiquants » de la ville ? Pour
H. Marie-Montagnac, « les TIC sont amenées à jouer ici un
rôle, participant à la mise en oeuvre de nouvelles relations
interindividuelles comme à l'émergence de communautés
virtuelles et favorisant l'essor de ce que l'on désigne désormais
par l'expression d'intelligence collective ». C'est donc cette notion
d'intelligence collective qui sera interrogé, quant à la place
qu'elle laisse au sensible, à l'émotion. Cette modification des
relations interindividuelles impacte-t-elle nos perceptions et nos
représentations de la ville ?
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