1.3 Sociologie de la ville
Avant de se pencher sur la situation actuelle à
laquelle sont confrontées les villes, la ville doit être comprise
en tant que système social et urbain. Selon Sylvia Ostrowetsky, il
existerait dans les villes une « synthèse spatiale » où
le centre urbain se caractériserait par « la cohabitation des
fonctions, sa multifonctionnalité, puisqu'il superpose et imbrique des
espaces de gestion administrative et juridique, économique, et
politique, religieuse et culturelle. ». D'après cette
représentation de la ville, il est plus aisé de s'imaginer sur
quels leviers il est nécessaire d'intervenir afin de rendre une ville
« smart ». Pour Anne Raulin, les centres urbains sont aussi à
qualifier de « synthèse temporelle » en ce sens qu' « ils
sont aussi des centres historiques ». Elle insiste ensuite sur ce fait en
expliquant que « le centre-ville est un espace/temps
intégré, et la dimension symbolique de cette
réalité s'exprime à travers des représentations de
symbiose, de matrice, de fusion, de nostalgie. » C'est d'ailleurs cette
prise en compte de l'historicité des villes, qui servira à
l'analyse de l'imaginaire touristique. La vision organique de la ville de
Ledrut pour qui « l'image de la ville » s'apparente à celle
d'une personne « le plus souvent identifiée à la mère
et suscitant les mêmes attentes ou les mêmes frustrations »
sera également prise en considération. Il y a en effet une
dimension symbolique du centre-ville, puisque c'est à cet endroit,
rappelons-le qu'est conservée l'histoire de la ville, d'un territoire
parfois. C'est l'endroit le plus attractif de la ville, « sujet
d'identifications collectives », de « mémoire collective
»3 où justement l'on retrouve des masses de touristes.
Pour Rémy et Voyé, « la centralité suppose un espace
de signification symbolique prédominante qui constitue le fond sur
lequel viennent éventuellement prendre forme des activités
commerciales et des services divers ». Ces services sont destinés
aux citoyens, mais aussi aux visiteurs extérieurs et c'est d'ailleurs la
raison pour laquelle, ces deux auteurs de Ville, ordre et violence
insistent sur le fait que « ce centre qui est un territoire commun de
rencontre où la résidence n'est pas une condition pour se sentir
chez soi, peut apparaître comme quelque chose où la vie est
continue dans la mesure où il s'y passe toujours l'un ou l'autre
3 Jean Remy et Liliane Voyé, Ville, ordre et violence,
Paris, PUF, 1981, p.86
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événement à signification collective,
où le décor est occupé en permanence et qui, par la
spécificité de ses formes, exprime le caractère unique et
original de l'entité urbaine. ».
Partant de ces multiples postulats, concentrons-nous sur les
changements sociaux et urbanistiques qu'induit un passage à la «
smart city ».
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