1.2 Les processus de modernisation de la ville
Tout au long de l'évolution humaine, le visage des
villes a subi nombre de transformations résultant de la modification de
nos besoins. Si l'on s'attache à la pyramide des besoins de Maslow, les
besoins engagés dans ce processus de transformation de la ville sont
plutôt des besoins d'ordre physiologique et de recherche de
sécurité. Pour comprendre les enjeux auxquels sont actuellement
confrontés les acteurs de la `smart city `, il faut retracer l'histoire
de la ville depuis sa naissance afin de comprendre la manière dont s'est
mis en place le processus de modernisation auquel elle est aujourd'hui encore
soumise. Si l'on s'appuie sur l'étude anthropologique des villes
réalisée par Anne Raulin, on comprend que l'histoire des villes,
du fait urbain, est entièrement liée aux différents
systèmes d'organisation des Hommes, et qu'elle se découpe par
période. C'est d'ailleurs au cours de la période
post-néolithique, au moment de l'apparition de l'agriculture
qu'émergent les premières villes, dans la région du
croissant fertile. Cette installation des Hommes dans ce milieu à
même de subvenir à leurs besoins physiologique a impulsé le
développement du commerce, des premiers échanges commerciaux.
Nous sommes à cette période en 8500 avant J.C. À cette
époque on parle davantage de « villes insérées dans
un territoire indépendant qu'elles gèrent et gouvernent »,
soit des cité-États (Anne Raulin). Ce type d'organisation des
Hommes a eu vent jusqu'à la moitié du XIXème
siècle. Depuis l'apparition des premières
cité-États, sont mis en place au cours de la Grèce antique
des modes de gouvernance donnant lieu aux premiers modèles urbains
permettant la mise en place « d'un espace civique [et d'une] gestion
proprement politique de la cité-État ». La gestion des
Hommes et le souci d'une représentativité de la diversité
propre aux fondements de la culture antique grecque persistent aujourd'hui
encore, aux mêmes termes que l'influence de l'Empire romain sur
l'organisation de l'espace public. En effet, comme le précise Anne
Raulin, dans son Anthropologie urbaine, « En Europe et
particulièrement en France, ce double héritage a
entraîné dans les domaines de la gestion urbaine et politique une
fusion entre les notions de citadinité et de citoyenneté ».
Dépassé le temps des mythes biblique, la
cité-idéale, comme était amenée à le devenir
Babel et sa tour fantasque, se démocratise et participe à la mise
en relief d'un nombre croissant de territoires. La réalité
urbaine se conscientise chez les Hommes qui au fil des millénaires ont
conservé cette recherche de la modernité absolue. Thomas More et
son « Utopia » en témoignent et ne cessent d'inspirer les
générations les succédant. Aujourd'hui encore,
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les préceptes des fondateurs de la pensée
utopiste guident le développement de nos villes et inspirent notre
créativité urbaine. Ce rêve impossible de «
cité idéale » anime aujourd'hui encore l'imaginaire des
citoyens et des gouvernants qui aspire désormais à rendre nos
villes intelligentes, à concrétiser l'utopie.
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