Le sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines précoloniales: le cas des Mbo à la lumière ds égyptiens anciens( Télécharger le fichier original )par Cédric Stéphane Mbah Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire 2017 |
B- LE ROLE DU SANG DANS LES SACRIFICES DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUXEn ce qui concerne le rôle du sang, le dictionnaire universel précise que le sang est un liquide rouge, visqueux, qui circule dans l'organisme par un système de vaisseaux et y remplit de multiples fonction nutritive, respiratoire, excrétoire etc309(*). Toutefois évoquer la fonction du sang dans les sacrifices rituels, c'est ressortir la place qu'il occupe dans la mesure de l'efficience du sacrifice animalier. Il revient dès lors de présenter le sang comme un creuset de puissance, une source de vitalité pour les ancêtres et de ressortir sa fonction d'appât pour traquer les esprits pernicieuses. 1- Le sang : une source de vitalité chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Ce qui fait l'importance des sacrifices en Afrique et chez les Mbo en particulier, c'est le sang qui coule de la victime car le sang, d'ailleurs on l'a si bien précisé, est le véhicule de la vie, mieux de l'âme310(*). En s'écoulant des bêtes égorgées, il signifie alors don de vie entre les mains des êtres divins. Le sacrifice se rapporte, au cas où un animal est tué pour être présenté, en totalité ou en partie aux êtres surnaturels, aux esprits, bref à Dieu, en réponse à leur réaction ou à leur demande. Le sang est le moyen favori qui rend possible la communication entre les hommes et les dieux. Le sang assure une communication véritable avec les puissances surnaturelles car celles-ci répondent aux questions posées ou agréent vraiment par le don du sang qui les assouvit311(*). Le sang de ce fait est une substance pleine de vitalité. Les sorciers ont souvent vus en cette substance des vertus pour se rajeunir. Pour cela, ils se procurent de manière mystique du sang des jeunes gens pour se donner des forces312(*). Ces sorciers, de manière mystique, opèrent une transfusion du sang nouveau afin de vivre longtemps et avoir plus de force pour continuer leurs actions de mal313(*). Dès lors, ces sorciers seront soulagés des maux de la vieillesse tels le rhumatisme, la fatigue etc. Toutefois il n'en demeure pas moins vrai que le sang est une source de désaltération pour les ancêtres. Ces derniers, lorsqu'ils sont enivrés de cette substance vitale via le sacrifice rituel d'un animal, ils créent à nouveau un climat de confiance entre eux et les Hommes après une faute commise314(*). 2- Le sang : un tremplin de rétablissement chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Pour rétablir la vie, il est judicieux dans le contexte religieux égypto-africain de verser le sang. Ainsi pour rétablir la vie ôté à Osiris par Seth ou mieux pour rétablir l'ordre cosmique troublé par ce dernier, les Egyptiens anciens avaient entrepris de sacrifier une bête dit animal sethien315(*). Chez les Mbo, il existe bel et bien le sacrifice de l'animal avec effusion de sang. Ce dernier a lieu le troisième jour du deuil d'un quelconque individu dans cette société.Ce sacrifice est exécutédans le but de rétablir symboliquement la vie du défunt316(*). Cette conception de rétablissement de la vie par le sang est aussi présente dans la conception religieuse judéo-chrétienne. Dans cette perspective, Jésus Christ s'est donné à sang pour la rémission des péchés des Hommes ou mieux pour sauver l'humanité de la mort qui de ce fait est le salaire du péché317(*). Le sang est un véritable matériau de rétablissement de la vie, raison pour laquelle Jésus Christ a accepté de le verser pour l'expiation des péchés de l'humanité. Alors précise-t-il dans Matthieu « Ceci est mon sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission du péchés318(*). ». 3- Le sang : un appât pour traquer les esprits du mal chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Ici, les puissances responsables du mal sont représentées comme des entités assoiffées de sang. Elles agissent aux dépens du bien-être des hommes. Au demeurant, on procédera à une invocation puis à l'immolation d'un animal pour essayer d'éradiquer les sorciers. Ce geste sacrificiel constitue le lieu où se joue la rencontre des hommes et des esprits. A l'aide d'une lame de couteau, on transperce le cou de l'animal pour laisser couler quelques gouttes de sang. Ces esprits maléfiques, attirés par le goût alléchant du sang, descendent tel un éclair pour le lécher319(*). Ainsi d'un seul coup les initiés attrapent ces cannibales (sorciers) avant que ces derniers n'aient le temps d'assouvir leurs envies. Après la capture et l'anéantissement de ces esprits, la communauté rentre ipso-facto dans la quiétude naguère troublé par ces esprits du mal. De ce fait Claude Seignolle précise que : Puissant est le sang, quand il est utilisé lors des rites magiques où il est l'élément essentiel à l'obtention d'un résultat positif, d'ailleurs, le diable ne réclame-t-il pas une signature rédigée avec notre sang afin de conclure le contrat qui nous lie aux forces du mal320(*). Au demeurant il convient de remarquer que le sang est plein desymbole : véhicule de la vie, appât pour traquer les esprits du mal, tremplin de rétablissement, source de vitalité, désaltérant pour les ancêtres, etc. Cependant, le sang aurait plus de puissance et serait plein de vitalité dans les sacrifices sanglants que, lorsqu'on l'aura été orienté par le truchement la parole. * 309Dictionnaire Larousse, MAURY-Manchecourt, Mai, 2003. * 310 N. Fernand : Histoires des Croyances, superstitions, moeurs, usages et coutumes, Paris, 1900, p. 121. * 311 H. Strack : Le Sang, Paris, 1900, p. 45. * 312 V. Roland et D. Jean-Louis, Le Musée des Vampires, Henri Veyrier, Paris, 1976, p. 23. * 313 Ibid. * 314 Entretien, Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015. * 315 Thomas, http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%égypte_antique%2C_Seth consulté le 28 juin 2015. * 316 J. G. Fokouo, Donner et transmettre : La discussion sur le don et la constitution des traditions religieuse et culturelles africaines, LIT, History, 2006. * 317La Sainte Bible, Romains 6, v23, traduction de Louis Segond, p.1138. * 318 Ibid. Matthieu 26, 28, p. 985 * 319 Z. Perevet, les Mafa : un peuple, une culture, CLE, Yaoundé, 2008, p.97. * 320 C. Seignolle, Les Evangiles du Diable, Belfond Pierre ,1963. p.78. |
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