Le sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines précoloniales: le cas des Mbo à la lumière ds égyptiens anciens( Télécharger le fichier original )par Cédric Stéphane Mbah Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire 2017 |
A- LA SYMBOLIQUE DU SANG DANS LE SACRIFICES RITUELS CHEZ LES ÉGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRÉCOLONIAUXStrack Hermann précise que nombreux sont les qualificatifs qui peuvent définir le sang : ce liquide vital rouge comme le feu, symbole de la vie, et qui d'après nos ancêtres serait le véhicule de l'âme297(*).Ils ne se comptent plus tout au long de l'histoire et par le monde, les rituels, les sacrifices et les crimes commis au nom du sang298(*). De ce fait, le sang aurait une symbolique dans les sacrifices animaliers. 1- Symbolique de la couleur du sang dans les sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Le sang est de couleur rouge, même si la densité peut affecter la clarté de la couleur. La couleur rouge revêt des sens variés suivant les cultures. En Égypte La couleur rouge est le symbole de la violence299(*), du désert, de la mort, mais aussi et surtout la couleur du dieu Seth, le destructeur300(*) .En Afrique de façon générale, il symbolise le principe vital, la force, la puissance, le mystère de la vie301(*). Dans certains contextes, il est le siège de la science, de la connaissance ésotérique cachée sous le manteau des sages puis interdit aux non-initiés302(*). Le rouge n'est pas une couleur habituelle, il symbolise le sang des ancêtres303(*), bu par la terre. Il est de la sphère cachée, de l'insupportable et de l'interdit. Cette interdiction nous rappelle toutefois le pacte sacrificiel contracté suite à la guerre qui opposait les fils Ngoe au lieu dit Koupé. L'interdiction d'un éventuel retour à cette guerre légendaire est matérialisée après le rituel sacrificiel de Koupé par la couleur rouge du bonnet des vêtements traditionnels chez les Mbo304(*). Photo 8: Les dépositaires de la tradition arborant le bonnet rouge Source : Cliché Cédric Mbah, Mbouroukou, 2014 2- Le sang : un moyen de filiation sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Le sang permet dans la plupart des cultures d'établir un ordre social avec des lignées, des clans, des familles.Il est ce qui relie les générations entre elles. Il est le fil conducteur d'une famille. Tout sujet reçoit son sang, c'est-à-dire sa vie, de sa lignée et devient par conséquent le garant de ce sang. Il ne peut en aucun cas faire ce qui lui semble bon du sang reçu. Le sang est le signe de communion ; une communion d'abord exprimée en famille avant d'être l'apanage des autres. Si, dans certaines cultures africaines et chez les Mbo en particulier, le mariage endogène est valorisé au détriment de celui exogène c'est effectivement au nom de la conservation de la pureté du sang de l'ancêtre éponyme Ngoe305(*). Le sang est ce qui lie le sujet aux ancêtres, ceux-ci étant les médiateurs avec la transcendance. Sans le sang transitant par les ancêtres, la relation avec Dieu devient impossible.Le sang est donc considéré comme le véhicule de la vie. 3- Le sang : symbole de la vie chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux Il existe un corolaire étroit entre vie et sang, Ce dernier est en fait la vie. Donner du sang en sacrifice aux ancêtres, c'est donner ce que l'on a de plus chère c'est-à-dire la vie. Toutefois la vie de l'être se trouve dans le sang en ce sens que même après la mise à mort d'un substrat humain représenté par l'animal, la vie se perpétue dans le sang. C'est ainsi que par le sang on remettait la vie des défunts aux Dieu via un sacrifice avec effusion de sang306(*). Les Égyptiens considéraient qu'après le décès, l'âme (Ba) du défunt pouvait renaître et accéder au «royaumedes morts» et au «repos éternel». Strack Hermann reconnaît que le sang est en fait le véhicule de l'âme307(*). Pour ce fait la vie ne finit pas ou du moins l'âme ne périt pas. Cette dernière continuait à vivre, même dans la mort. En Afrique, la mort semble être, selon l'ethnologue Dominique Zahan, la conséquence inévitable de la vie308(*). C'est à ce titre que la mort constitue, un passage d'une existence vers une autre existence. Toutefois le transfert de cette vie ou de cette âme du monde des vivants vers le monde des ancêtres, ne peut être possible que par le sang (véhicule de l'âme) qui doit être absorbé par la terre (ancêtres), après le sacrifice d'un substrat du défunt représenté par un animal. * 297 H. Strack: Le Sang, Paris, 1900, p. 47. * 298 J. Marcireau : Rites étranges dans le Monde, Laffont, Paris, 1974, p. 88. * 299J. Chevalier, et A. Greerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes, gestes, couleurs, nombres, Robert Laffont/ Jupiter, Paris, 1969, p.259. * 300 Thomas, http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8egypte_antique%2C_Symbolique_des_couleurs * 301 Chevalier, et Greerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes, gestes, couleurs, nombres, Robert Laffont/ Jupiter, Paris, 1969, p. 259. * 302 Entretien avec, Njalla Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et 21 Février 2016. * 303J. Delange, Art et peuple de l'Afrique noire : introduction à l'analyse des créations plastiques, Gallimard, Paris, 1967, p. 35. * 304Entretien avec, Njalla Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et 21 Février 2016. * 305 Entretien avec Leobert Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité, traditionnaliste, Chef de quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre 2014. * 306 L. Heush (de), Les sacrifices dans les religions africaines, Gallimard, Paris, 1989, p.94. * 307 H. Strack : Le Sang, Paris, 1900, p. 49. * 308Zahan,Religion, spiritualité ..., p. 241 |
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