Le sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines précoloniales: le cas des Mbo à la lumière ds égyptiens anciens( Télécharger le fichier original )par Cédric Stéphane Mbah Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire 2017 |
3-Les suidésLes suidés sont selon le dictionnaire universel, de la famille des mammifères artiodactyles non ruminants, à l'aspect trapu, dont la tête plus ou moins allongée en cône, se termine par un nez cartilagineux et dont les canines sont souvent allongées en forme de défense. Il comporte le porc, sanglier, phacochère hippopotames. Les Egyptiens ont toujours considérés cette famille animale d'impur assimilé à Seth. Quoiqu'impur, les animaux de cette famille faisaient l'objet des sacrifices rituels dans cette société. Comme nous le présente Jean Yoyotte en ce qui concerne l'hippopotame. Il était traité comme une manifestation des forces négatives qui sont dans ce monde. Sur les parois des mastabas de l'Ancien Empire,précise Yoyotte en ces termes : On voit des harponneurs spécialisés préparer pour le noble défunt le rite immémorial et magique de la mise à mort de l'hippopotame, rite que le roi exécutait en personne aux plus hautes époques [...] la victime sera tiré hors de l'eau, achevée, cérémoniellement dépecée293(*). Il en était de même pour le porc qui était sacrifié pour la Lune294(*). Toutefois nous remarquons que l'animal assimilé à Seth, représenté en hiéroglyphe reçoit tout sorte d'avanie ou maltraitance. Figure 3: L'animal sethien représenté en hiéroglyphe L'animal sethien représenté en hiéroglyphe recevant tout type d'avanie295(*) Les Mbo d'une manière particulière, mettaient à mort le porc. Ceux-ci transpercent du couteau le coeur via la partie gauche du thorax de l'animal. Cette manière de mettre à mort le porc épouse inéluctablement l'avanie que subissait l'animal sethien dans sa représentation hiéroglyphique. Le porc est généralement sacrifié lors du deuil d'une personne chez les Mbo. Il personnifie la mort dans la société Mbo. La non-exécution d'un porc lors du deuil d'un membre de la communauté, entraine l`idée d'une autre mort imminente. Ainsi mettre à mort le porc c'est tuer la mort qui est venue arracher la vie d'un être dans la société. Dans la société égyptienne et Mbo précoloniale, plusieurs famillesd'animaux font l'objet de sacrifices animaliers. Néanmoins, les plus représentatifs se recensent dans la famille des bovidés, des suidés et des volailles. Ce choix est opéré probablement par le sacrement auquel on les liait ces animaux. Toutefois, Dieudonné Watio reconnaît que le sacrifice de l'animal n'est reconnu digne d'estime envers les dieux que lorsqu'il est sanglant et accompagner des prières ou mieux de la parole. Cette conception de la portée du sacrifice, amène à nous interroger sur la place du sang et de la parole dans les sacrifices animaliers chez les négro-africains notamment chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. II- LA PLACE DU SANG ET DE LA PAROLE DANS LES SACRIFICES CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX Le sacrifice constitue la pierre angulaire de la religion traditionnelle africaine surtout lorsqu'il est sanglant, comme le souligne Dominique Zahan : « bien plus, le sacrifice est la clef de voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence, celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang s'écoulant des bêtes égorgées296(*) ». Cette conception nous conduit inéluctablement à faire une étude sur la symbolique du sang dans le sacrifice rituel en passant par l'étude de sa couleur, de sa puissance vitale et son rôle dans les sacrifices, au-delà de ce qu'on peut considérer comme le simple liquide qui coule dans les corps des humains et des animaux. Cette analyse se poursuivra avec celle de la symbolique de la parole bien plus qu'une simple vocalisation. * 293Yoyotte, « Hippopotame »,Dictionnaire.., 1959, pp, 134-135. * 294 C. Desroches-Noblecourt, Lorsque la nature parlait aux Egyptiens, Edition Philippe Rey, 2003, p .34. * 295 Guilhou et Peyré, La mythologie égyptienne, pp, 282-283. * 296 D. Zahan,Religion, spiritualité et pensée africaine, Payot, Paris, 1970, p 95. |
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