4. LA PROBLEMATIQUE
Le développement rural se présente sous divers
aspects, mais il est plus particulièrement assimilé au
développement du secteur agricole, qu'on considère
généralement qu'il est le mieux à même de
réduire la pauvreté et garantir la sécurité
alimentaire. La pisciculture constitue une composante importante parmi les
systèmes de production et d'exploitation agricole. Elle revêt une
importance à caractère économique, car la
commercialisation du poisson d'eau douce élevé, en tant que
produit issu de cette activité, peut permettre à ses praticiens
d'accroitre leurs revenus et améliorer leurs conditions de vie.
Outre le revenu, les avantages de la pisciculture dans le
développement rural concernent la santé, la nutrition, la
réduction de la vulnérabilité et la durabilité de
l'exploitation agricole. Selon M. Halwart du département des
pêches à la FAO (2005), la pisciculture pratiquée dans le
cadre de petits systèmes de production fournit des protéines
animales de haute qualité et des acides gras essentiels, des vitamines
et des minéraux, surtout pour les groupes vulnérables tels que
les femmes enceintes et les mères allaitantes, les nourrissons et les
enfants d'âge préscolaire, à des prix qui sont
généralement abordables, même pour les segments les plus
pauvres de la communauté.
Par ailleurs, à titre d'avantages indirects, il
convient de citer la disponibilité accrue du poisson sur les
marchés locaux, ruraux et urbains, ainsi que la réduction
concomitante des dépenses des ménages grâce à une
consommation moindre d'autres produits de l'exploitation constituant des
sources de revenu. Eu égard à tous ces atouts, il n'est
guère surprenant que la production piscicole ait rapidement
progressé depuis les années 1970, et ait été le
secteur de production alimentaire ayant connu la croissance la plus rapide dans
de nombreux pays depuis près de deux décennies (taux de
croissance de plus de 11% par an depuis 1984), Halwart, 2005.
La pisciculture jouit donc d'un intérêt
économique et nutritionnel certain, au regard de son rôle dans
l'acquisition des moyens de subsistance en milieu rural et de ses apports dans
l'alimentation des populations. C'est ainsi que dans d'autres univers culturels
lointains, la pisciculture a été introduite et vulgarisée
avec succès, notamment en République Centrafricaine (Deceuninck,
1982) et au Sénégal (Diouf, 1990).
Au Cameroun, la pisciculture pratiquée est uniquement
celle en étangs et en eau douce (Satia, N.B.P., 1991). Dans l'ouest du
pays, plus précisément dans l'arrondissement de Fokoué
(Dschang), l'élevage de poisson a été introduit dans le
but d'aider les paysans à accroitre leurs revenus. A ces débuts,
le produit de la pisciculture était destiné à
l'autoconsommation. Il se limitait simplement à une consommation par les
familles de quelques producteurs. Mais, en raison des moyens financiers
très limités, des techniques d'élevage rudimentaires et
des difficultés liées au creusage des étangs, la
pisciculture à Fokoué a connu une période
d'inactivité. Quelques années plus tard, avec l'arrivée
des Peace Corps (ONG américaine), puis la Coopération
Française, et d'autres institutions de recherche telles que l'IRAD, le
CIRAD et la FASA de l'université de Dschang, les pisciculteurs ont
acquis de nouvelles connaissances et techniques leur permettant
d'améliorer leur rendement. Aussi, face à des récoltes
plus conséquentes, les producteurs (organisés en un GIC) ont
décidé de passer d'une pisciculture d'autoconsommation à
une pisciculture marchande. Quelque temps après les premières
expériences de vente, on a pu observer que les pisciculteurs
abandonnaient peu à peu leurs étangs. C'est ainsi qu'on est
passé de près de 40 pisciculteurs à moins d'une dizaine.
En plus, de nouvelles interventions des ONG et des institutions de recherche
n'ont pas suffi à susciter de façon durable,
l'intérêt des paysans pour la pisciculture. C'est la situation qui
nous a amené à nous poser les questions suivantes :
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