11. L'organisation
sociale
L'organisation sociale et politique des Dschang impose le
respect de l'autorité comme valeur cardinale la société
Bamiléké est composée de multiple villages
indépendants les uns des autres, avec à leur tête un chef,
autorité politique et religieuse de la communauté. Le chef,
appelé fo'o, est un descendant de la dynastie fondatrice du village. Son
autorité est globale et s'étend sur tous les domaines :
personnes, biens, terres. Afin de limiter son pouvoir qui frôle celui de
la divinité, le chef est entouré d'un conseil de notables ;
les 9 comme on les appelle en ce fondant sur leur nombre. Le conseil, qui
reçoit la désignation du successeur au trône après
avoir prêté serment d'en garder le secret jusqu'à la mort
du chef est doté des pouvoirs importants. Bien qu'il puisse s'en passer,
le chef n'agit jamais sans prendre son avis, et ses décisions sont
généralement le résultat d'un consensus. Il est à
noter que les membres du conseil des 9 sont inamovibles, puisqu'on y
accède par voie de succession. Cette forme d'éligibilité
confère à ces membres une certaine indépendance vis
à vis du chef, celui- ci n'ayant pas le pouvoir de les démettre.
En dehors du conseil des notables, le pouvoir politique repose aussi sur
l'existence d'une multitude de sociétés plus ou moins
secrètes, donc l'autorité dans leur domaine de compétence
peut frôler la souveraineté.
La pratique de la pisciculture dans cette zone est le fruit
de multiples programmes et projets de vulgarisation de cette activité
par les corps de la paix américains à partir de 1996 et
des services en charge de l'élevage et de la pêche. Cela se
traduit sur le terrain par la présence d'une cinquantaine
d'étangs piscicoles dont certains sont abandonnés. On note aussi
le regroupement des pisciculteurs, en particulier le GIC du collectif des
pisciculteurs intensifs de Fokoué et de Penka Michel (COPIFOPEM).
12. La vie
politique
Elle est organisée et gérée par le Chef
et ses collaborateurs. La vie politique tourne autour de la chefferie, qui est
un grand domaine comprenant de nombreuses cases, suivant l'importance du
village et du harem du chef. De grandes cases abritant les sessions de
différents grands conseils de notables ou les conseils privés du
chef s'intercalent entre les habitations des épouses du chef, qui vivent
chacune dans son foyer en compagnie de ses enfants. Ces immeubles de taille
relativement importante porte le nom du conseil qui y siège. Ainsi il
existe donc autant de cases de conseils qu'il y a de conseils dans la
chefferie. Les cases de conseil ont un caractère sacré : en
dehors de la mère du chef, aucun membre de la gent féminine ne
peut y pénétrer, pendant ou en dehors des sessions. Le service et
l'entretien des lieux sont assurés par des serviteurs du chef.
L'entrée dans ces lieux de débat est formellement interdite
à toute personne non-membre du dit conseil. Avant la
pénétration européenne, la chefferie, chef-lieu du village
ou capitale de la cité dans le cas des villages indépendants (
Lah-Lepeù ) , était le lieu où se réglait toutes
les questions politiques , sociales et économiques du village . Pour
chaque type, le chef s'entourait des cadres coutumiers appropriés. Les
principales affaires débattues dans ce lieu concernaient les questions
de frontières, la levée des impôts, le règlement des
litiges, les négociations commerciales, etc. Toutes les chefferies
Bamiléké n'ont pas le même rang. On distingue deux grandes
catégories :
1) Les chefferies de Lah-Lepeù : villages jamais
dominés ni vaincus et indépendants. Ces chefferies sont
généralement considérées comme des chefferies
supérieures.
2) Les chefferies de Lah-To' : petit village
dépendant d'une grande chefferie qui, soit les a soumises, soit les a
offert sa protection. Dans ce cas, la chefferie supérieure assure les
relations extérieures, les rapports politiques avec les autres villages,
la défense et la sécurité du village sous protectorat. La
chefferie supérieure peut comprendre plusieurs chefferies sous
protectorat. Ces derniers ont un chef qui est considéré par le
pouvoir central comme une sous chefferie construite selon les mêmes
principes que la chefferie supérieure, mais avec une ampleur et une
architecture moins étendue que celle-ci.
L'administration coutumière du village est
assurée par les organes coutumiers locaux, mais les grands conseils de
notables disparaissent au profit des conseils de la chefferie supérieure
dont la juridiction s'étend uniformément aux chefferies sous
protectorat. Toutefois, l'avis des chefs ou des notables des chefferies sous
protectorat est requis pour toutes les questions concernant leurs
localités. Par ailleurs, les notables des villages placés sous
protectorat intègrent, avec leur rang et leurs titres, les grands
conseils analogues de la chefferie supérieure.
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