I.3.2. Production des outils méthodologiques
En parallèle de ce travail de concertation, j'ai
produit des supports méthodologiques afin de préparer le travail
d'enquête. Je me suis aussi inspirée du travail d'autres
stagiaires à l'IRD en anthropologie encadrées par Catherine
Sabinot, notamment les ébauches de plan du rapport de stage de Sarah
Bernard, qui terminait sa mission sur l'étude des représentations
et pratiques sociales relatives à la tortue marine dans la région
de Yaté, Province Sud. J'ai élaboré un guide d'entretien
autour de deux axes principaux : un sur les représentations et les
pratiques sociales et un autre sur les perceptions et connaissances de la
population locale concernant la réglementation et la protection du
dugong. Je l'ai ensuite présenté et partagé aux
partenaires du plan d'actions qui ont pu émettre leurs commentaires et
corrections que j'ai ensuite intégré.
J'ai testé la portée opérationnelle du
guide d'entretiens lors des premières interviews avant le terrain avec
les institutions partenaires du projet. Bien évidement, cet outil s'est
confronté aux réalités du terrain et s'est peu à
peu modifié au fil des rencontres et de la poursuite de la
réflexion. Concernant les autres outils tels l'observation et
l'observation participante, j'ai relu les textes sur la méthodologie
anthropologique rédigés par Olivier de Sardan et me suis
armée d'un carnet de terrain pour affiner ma recherche et multiplier les
sources d'informations. Ainsi, lors de mon enquête, je me suis
essentiellement appuyée sur ces trois outils.
I.3.3. Déroulé de l'enquête et
récolte des informations
Lors des premières réunions du GTR, il a
été décidé que je travaille sur deux zones. Ce
groupe de travail était constitué de personnes liées
à ces régions comme par exemple
Juin 2015 21
DUPONT A, ETHT7, La conservation du dugong en
Nouvelle-Calédonie : la mobilisation et la confrontation
de savoirs et
pratiques pour la protection d'une espèce «
emblématique » menacée
un chargé de mission du WWF, qui appuie les
compétences techniques de l'association de gestion de l'aire marine
protégée de Pouébo, et un agent de la Province Nord,
originaire de Poya. Le recours à ces personnes paraissait faciliter mon
accès et introduction au terrain.
La première enquête sur Pouébo (cf. figure
3) devait être courte puisque les acteurs semblaient plus
intéressés par la Zone Côtière Ouest, une
région où le métissage culturel est
particulièrement important, et où l'information semblait plus
difficile d'accès pour diverses raisons. Ce séjour durait deux
semaines et demi, du 30 juillet au 17 août 2014. Ensuite, nous avons
collectivement convenu d'un retour sur le terrain, cette fois-ci dans la Zone
Côtière Ouest, à partir du 25 août au 21 novembre
2014. Dans ma conception du travail, j'ai aussi choisi d'intégrer les
acteurs institutionnels dans le champ de l'étude, basé ou
rencontré pour la plupart à Nouméa. Lors de mes passages
à la capitale, j'ai continué à y récolter des
données, notamment en interrogeant des personnes à l'IRD, qui est
devenu un lieu de rencontres et d'échanges précieux.
La large distribution des terrains fait parti de la
particularité de ce stage. Contrairement aux terrains anthropologiques
« classiques », le stagiaire-anthropologue n'est pas affecté
sur un lieu particulier mais sur plusieurs et sur des temps relativement
courts. Dans la Zone Côtière Ouest, qui est une zone
particulièrement étendue, les lieux de résidences sur
place ont conditionnés l'étude. S'il était entendu que je
m'ancre davantage dans un lieu précis, la réalité du
terrain en a décidé autrement : j'ai donc travaillé dans
plusieurs endroits différents (la tribu de Kélé à
Moindou, dans la région de Moindah dans la commune de Poya-Sud, dans
Poya-village et Poya-Nord, et sur la commune de Bourail et ses alentours- cf.
figure 4).
Une part importante de la méthodologie d'enquête
s'attache à repérer les acteurs stratégiques et des
personnes à interroger. J'avais commencé cette recherche le
premier mois à Nouméa mais elle était difficile à
réaliser en ne sachant pas avec exactitude le lieu de déroulement
de l'enquête. J'ai pu néanmoins compter sur l'aide des partenaires
élargis du Plan d'actions comme l'association de la ZCO, les agents de
la Province Nord, la mairie de Bourail et de Poya pour parfaire ce travail
d'identification, qui s'est aussi construit au fur et à mesure des
rencontres en fonction des recommandations des personnes que j'interrogeais.
J'ai également reçu l'assistance de certaines
personnes-ressources présentes sur les zones d'enquête qui ont
facilité cette étape et m'ont donné à comprendre
les logiques et contextes locaux à l'oeuvre. Ainsi, les contraintes
logistiques et la réalité sur le terrain ont largement
conditionné l'étude, les méthodes utilisées ainsi
que l'énergie déployée dans la poursuite de
l'enquête.
Pour la collecte des informations, les méthodes
anthropologiques de l'observation, l'observation participante et des entretiens
- à la fois semi-directifs et ouverts, formels et informels - ont
été déployé. Concernant les entretiens, j'ai
tenté au maximum de les enregistrer avec un dictaphone quand cela
était possible, afin de pouvoir revenir sur ce qu'il a été
expliqué par l'individu interrogé. J'ai suivi le guide
d'entretien réalisé en amont, tout en le rectifiant au fur et
à mesure de l'enquête, et j'ai pris des notes afin d'optimiser le
futur travail de retranscription. Mais les échanges courts avec des
personnes croisées au hasard des rues ou dans une situation
particulière de la vie quotidienne ont aussi informé
l'étude, c'est pourquoi ils ont été autant que possible
pris en compte. Je couchais régulièrement sur le papier le soir
les observations et discussions que j'avais pu faire dans la journée.
Enfin, pour donner une idée des données récoltées,
j'ai réalisé au total des entretiens longs auprès de
cinquante-sept personnes de tout âge et
Juin 2015 22
DUPONT A, ETHT7, La conservation du dugong en
Nouvelle-Calédonie : la mobilisation et la confrontation de savoirs
et
pratiques pour la protection d'une espèce «
emblématique » menacée
origines confondues et j'ai rencontré soixante-treize
personnes qui ont complété ou renseigné de manières
ponctuelles les informations que j'avais obtenues lors des entretiens longs.
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