1.4.2. Un contexte socioculturel à prendre en
compte
Des travaux de géographie animale (Johansson, 2009;
Lassiter, 2002; Wolch et al., 2003), ainsi que les contributions
d'autres sciences sociales (ethnographie, psychologie...), ont montré
que les valeurs et les représentations associées aux animaux sont
intimement liées au contexte socioculturel (Pooley et al.,
2017), qui est lié à l'espace et au lieu.
L'exposition à un risque de conflit avec un animal
sauvage influence également les représentations et les attitudes
et peut varier selon l'âge, le sexe, l'ethnicité, la richesse, la
classe sociale, la profession... (Karanth et al., 2008). Ceci est
lié au concept de vulnérabilité. Naughton-Treves et Treves
(2005) définissent ce concept à travers deux notions :
vulnérabilité biophysique (risques plus importants dus à
la situation spatiale) et vulnérabilité sociale (capacité
à faire face aux dommages). Par exemple, Naughton-Treves (1997) analyse
l'influence de l'ethnicité, du sexe et de la richesse sur les
perceptions de risques de conflits avec la faune sauvage en Ouganda. Elle
observe que les perceptions des habitants sont déterminées en
grande partie par leur ethnicité. Ogra (2008) montre qu'en Inde, les
femmes ne vivent pas de la même manière que les hommes la
proximité avec la faune sauvage. Elle note qu'elles ont plus de chance
d'être en contact avec les animaux, qu'elles supportent des coûts
associés à cette proximité plus élevés et
que leurs perceptions de la faune sauvage est plus négative.
Ces facteurs sociaux ont également un impact sur la
valeur que chacun accorde à la faune sauvage (Hill, 2015). Pour Manfredo
et Dayer (2004), ces valeurs sont déterminées par les croyances
intérieures et le rapport à la nature et définissent le
comportement humain et ses réponses face à une situation de
conflit avec un animal. Ces valeurs peuvent prendre des formes variées :
matérialiste où l'animal est vu à travers son
utilité (coûts ou bénéfices), mutualiste où
il est considéré plutôt comme un être vivant ayant
des droits (Teel et al., 2007). Ils ajoutent que l'évolution de
ces valeurs est souvent liée à celui de la société
et du développement économique. Carter et al. (2014),
dans une étude sur les attitudes envers le tigre au Népal,
montrent ainsi que les valeurs accordées au tigre sont liées
à la place occupée dans la hiérarchie sociale.
15
Sillero, Sukumar et Treves (2006) mettent en garde cependant
contre une liaison systématique du niveau d'éducation et de
développement économique et la tolérance de la faune
sauvage. Ils ajoutent que la réalité est plus complexe et qu'avec
l'évolution actuelle de la société, la valeur
donnée aux animaux peut diminuer. Ainsi, pour certaines
communautés hindoues démunies, les singes sont
considérés comme l'émanation du dieu Hanuman et ils ne
seront pas perçus négativement, malgré les nuisances
occasionnées (Sukumar, 1994). Le contexte culturel et les croyances ont
donc également un impact.
|