8.1. Limites rencontrées
D'une manière générale, il convient
d'être prudent vis-à-vis de l'utilisation de données issues
de méthodes qualitatives, comme celle du questionnaire, quand le sujet
abordé peut soulever des réactions importantes. Il peut y avoir
des risques d'exagération. Les dommages perçus et les dommages
réels peuvent en effet être différents (Dickman, 2010). En
outre, un échantillon de 84 personnes peut être trop limité
pour certaines analyses.
Plus spécifiquement, les données obtenues sur
les conflits hommes-faune sauvage lors de l'enquête se sont
avérées insuffisantes pour mener à bien l'analyse des
configurations spatiales favorisant le risque de dégradations agricoles.
Les données sur la fréquence de venue des sangliers et des
sambars sont, en effet, trop asymétriques, et leurs analyses perdent
toute portée. Je ne m'attendais pas du tout à ce que tous les
foyers signalent des dégradations agricoles, et qu'une grande
majorité observe des sangliers et des sambars quotidiennement. Des
données sur l'ampleur des dégâts provoqués auraient
pu permettre d'offrir une variable assez différenciée pour
être analysée correctement.
La fréquence des venues des sangliers et des sambars a
pu être de plus exagérée par les personnes
interviewées par exaspération vis-à-vis de l'ampleur des
dégâts causés. Ces deux espèces venant
principalement la nuit, les estimations des visites peuvent être
biaisées. Les venues des macaques ont pu également être
sous-estimées, étant donné leur petite taille et
l'omniprésence d'arbres dans la zone du PRA.
Une analyse plus profonde du volet temporel aurait offert des
indices intéressants sur la variation des risques de dégradations
par les herbivores. Par exemple, selon les saisons, les éléphants
peuvent varier leurs régimes alimentaires et donc leurs rythmes de raids
agricoles (Loarie et al., 2009). Ceci demande néanmoins une
étude plus longue et plus régulière sur une année.
Une comparaison sur plusieurs années de l'amplitude des conflits avec
les variations climatiques (pluies, sécheresse et inondations) pourrait
également donner des pistes de réflexions intéressantes.
Les animaux peuvent également favoriser certaines cultures à
une
84
étape particulière de croissance des
espèces végétales cultivées (Jayson, 1998).
L'étude des régimes alimentaires des animaux et des
disponibilités en ressources alimentaires dans l'AWS (ainsi que leur
variation temporelle) permettrait de mieux saisir les motivations les poussant
à sortir de l'AWS. D'une manière générale, une
meilleure compréhension du point de vue de l'animal est certainement
nécessaire.
Il eût également été
intéressant de procéder à une analyse par grille en
comparaison à l'analyse des lignes les plus courtes entre la forêt
et les foyers, afin d'étudier plus en détail l'influence de la
densité humaine et de la couverture des sols.
De même, demander une justification des réponses
sur la question de l'impact ressenti sur la vie quotidienne (par exemple sur la
sécurité alimentaire, sur la sécurité
financière, sur l'insécurité...) aurait permis de mieux
comprendre la nature de l'impact causé par les venues de la faune
sauvage.
Surtout, une des limites principales de ce mémoire est
que je n'ai pas eu le temps de rediscuter avec les autorités de l'AWS
des résultats obtenus, notamment sur le volet social et sur les
réactions vis-à-vis des cas d'urgence. Je compte néanmoins
y remédier dès que possible.
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