7.6. Attitudes envers une gestion collective des
conflits hommes-animaux
Les attitudes envers une gestion collective des conflits ont
ensuite été analysées à partir de la question
« Seriez-vous prêts à vous engager dans une initiative
collective de réduction des conflits ?». Trois réponses ont
été proposées : réunissant les habitants et les
autorités de l'AWS, réunissant seulement les habitants,
aucune.
Une question sur l'implantation d'une forme d'assurance
collective, où les membres paient un premium chaque mois et sont
indemnisés lors de dégradations agricoles, a également
été prévue. Seulement, cette question s'est
avérée particulièrement difficile à faire
comprendre lors de la pré-enquête. Elle a donc été
malheureusement laissée de côté.
L'importance des cinq filtres socio-culturels dans la
détermination des réponses a été, en outre,
étudiée.
57% des individus interviewés ont exprimé un
intérêt à intégrer une initiative de gestion
collective des conflits en partenariat avec l'AWS. Parmi ces personnes, la
plupart ont montré une réelle volonté de participer dans
une telle structure. 7% ont déclaré de ne pas vouloir participer
si l'AWS était incluse, mais être prêt à rejoindre
une structure comprenant seulement les habitants. Ils ont exprimé qu'il
ne servait à rien d'incorporer les autorités de l'AWS car ces
derniers ne sont pas attentifs à leurs besoins et requêtes. Parmi
les 30 personnes ne souhaitant pas participer dans une initiative collective
(36%), 22 ont cependant fait part de leurs désirs de voir leurs opinions
communiquées à l'AWS, mais qu'ils ne souhaitaient pas
s'engager.
81
Plusieurs personnes âgées ont communiqué
le fait que l'idée est intéressante mais qu'ils ne se sentent pas
capables d'y participer.
Les personnes ressentant une forme d'insécurité
se prononcent significativement en faveur d'une initiative collective, alors
que les autres privilégient la simple expression de leurs opinions ou
aucune des propositions (X2=5,4265, p=0,0198,
n=84).
Attitudes envers une initiative de gestion collective
des conflits
60 50 40 30 20 10 0
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48
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22
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6
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8
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Initiative avec l'AWS Initiative sans l'AWS
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Expression des Aucun
opinions
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Sur 84 personnes
Nombre de personnes
Figure 20:Attitudes envers une initiative de gestion
collective des conflits
Il semble donc exister un fort désir
d'intégration dans la gestion des conflits hommes-animaux chez les
habitants de la zone du PRA, gestion jusqu'à maintenant exclusivement
opérée par les autorités de l'AWS. Il est
intéressant de noter que le sentiment d'insécurité est
fortement lié à cette volonté de participation.
L'étude des déterminants socio-culturels de ces
représentations et attitudes a donc montré une certaine
uniformité dans la construction de ces dernières. Elle a
néanmoins permis de souligner plusieurs faits intéressants. Le
fait d'être en contact plus fréquent avec les autorités de
l'AWS, à travers des travaux temporaires ou la participation à un
comité d'écodéveloppement, semble s'accompagner d'une
sensibilisation accrue à la faune sauvage et aux efforts de gestion de
l'AWS. Les bénéfices reçus de part de l'Aralam Farm ne
s'accompagnent cependant pas d'une modification des attitudes.
Les personnes âgées ressentent plus les effets
négatifs de la coexistence avec les animaux, car elles sont certainement
plus dépendantes de l'agriculture. Les personnes ayant entre 25 à
55 ans sont les moins satisfaites de la gestion des conflits et les femmes sont
celles
82
qui privilégient le plus l'élimination des
animaux problématiques. Le fait d'avoir une famille à charge et
plus de responsabilités peut donc amener une forme de frustration et
d'impatience plus importante.
D'une manière générale, la faune sauvage
provenant de l'AWS fait donc partie intégrante de la vie des populations
de la zone du PRA. Elle impacte fortement la vie quotidienne locale à la
fois en limitant les possibilités d'agriculture qui représentent
une source potentielle de revenus et de nourriture, et en instillant un
sentiment d'insécurité qui peut être très
néfaste. Les sangliers et les éléphants sont
respectivement les plus mis en cause.
Malgré ces difficultés, les habitants supportent
néanmoins la protection de ces animaux. Ils sont attachés
à la vie dans la zone de la PRA, comme le montre le très faible
nombre de personnes supportant la délocalisation des habitants et la
vision globalement positive de la vie à proximité de l'AWS.
Il est très souvent ressorti des interviews que les
habitants souhaitent une séparation des espaces humains et animaux plus
marquée.
Bien que les mesures de réduction des conflits mises en
place par les autorités de l'AWS ne soient pas efficaces, la gestion de
la faune sauvage par ces derniers n'est estimée insatisfaisante que
seulement par un tiers des habitants. Il semble exister une certaine forme de
conscience de la difficulté de la tâche pour les gestionnaires.
Une amélioration de la réactivité des gardes forestiers,
notamment en cas de problèmes avec les éléphants, est
cependant demandée.
La mise en place de barrières barbelées autour
des parcelles est la mesure de prévention des conflits la plus
demandée. La relocalisation des animaux problématiques est exclue
par beaucoup à cause de son infaisabilité pratique. Plus d'un
tiers favorise l'élimination des animaux problématiques, en
particulier les sangliers. Un système de compensation financière
efficace des dégâts est également privilégié,
notamment vis-à-vis de l'assurance d'un emploi stable et
régulier. Ceci semble donc confirmer le désir de ces personnes de
pouvoir subvenir à leurs besoins principalement par l'agriculture. Les
personnes interviewées, notamment celles ressentant une forme
d'insécurité, sont globalement favorables à la
création d'une structure de gestion des conflits hommes-animaux
réunissant à la fois les résidents et les autorités
de l'AWS. La mise en place a minima d'un dialogue plus développé
avec ces derniers est une préoccupation partagée par la
majorité.
83
8. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Cette partie abordera d'abord les limites rencontrées.
Les résultats obtenus seront ensuite discutés. Enfin, des pistes
de solutions pour réduire les conflits hommes-animaux en
périphérie de l'AWS et leur impact seront proposées.
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