7.5. Attitudes envers la résolution des conflits
hommes-animaux
Les attitudes envers la résolution des conflits ont
ensuite été examinées pour déterminer les types de
mesures favorisées par les habitants de la zone du PRA et si ces choix
sont déterminés en partie par les filtres socioculturels. La
question suivante a été posée : « Comment ces
conflits peuvent être limités ? ».
Plusieurs options ont été proposées :
ségrégation spatiale (mur, clôtures...), compensation
financière systématique des dégâts causés,
offres d'emplois stables, tuer les animaux problématiques, relocaliser
les animaux problématiques, augmenter le nombre de gardes forestiers. Il
a également été spécifié qu'il était
possible de suggérer d'autres mesures.
Lors de la pré-enquête, les options de
compensations financières et d'emplois ont été
interprétées comme un choix de préférence par les
individus interviewés. En discutant avec ces personnes, il s'est
avéré que la compensation est jugée permettre une forme
d'agriculture plus intensive, alors que l'offre d'emplois est comprise comme
permettant d'offrir un revenu rendant superflu l'utilisation de la terre. Les
options de relocalisation et d'élimination des animaux
problématiques ont également été perçues
globalement comme un choix de préférences. Il a été
ensuite décidé de présenter ces options sous la forme de
deux questions de préférences (une pour compensation/emploi et
une pour relocalisation/élimination) entre citant deux options ensemble.
La possibilité de ne pas choisir ou de choisir les deux a bien entendu
été laissée. Finalement, il s'est avéré que
respectivement seulement 14 et 5 (sur 84) personnes ont signalé les deux
à la fois.
La mesure privilégiée par les habitants de la
zone du PRA est la ségrégation spatiale entre leurs parcelles et
les animaux sauvages. Ils souhaitent en grande majorité l'instauration
de barrières barbelées autour de leurs parcelles. Les
autorités de l'AWS ont, en effet, mis en place plusieurs techniques de
ségrégation physique en bordure de l'AWS (barrières
électriques, tranchées, mur en ciment et pierres), mais les
habitants ont signifié qu'elles n'étaient pas efficaces. Quelques
personnes ont cependant suggéré d'agrandir les murs (qui font 2
mètres de haut).
La relocalisation des personnes dans un autre endroit avec une
parcelle de taille similaire est cependant exclue par la majorité des
répondants (79 sur 84). Ce résultat aussi marqué est assez
étonnant. Ceci peut être expliqué par le fait que les
perceptions de la vie dans la zone du PRA soient globalement positives. 40%
soutiennent l'augmentation du nombre de garde-
79
forestiers. Cependant un grand nombre a signifié qu'ils
étaient déjà nombreux et que les augmenter ne servirait
pas à réduire significativement les conflits.
Un tiers des résidents supporte la relocalisation des
animaux problématiques. Beaucoup ont exprimé cependant
l'impossibilité d'une telle mesure face au nombre de sangliers. 31
personnes (36%) sont en faveur de tuer les animaux problématiques, dont
26 ont spécifié seulement les sangliers. Une relation
significative (X2=8,4021, p=0,015, n=84) a
été trouvé entre le fait d'avoir obtenu des
bénéfices de la part de l'AWS et le soutien à la
relocalisation des animaux problématiques. Les hypothèses que les
hommes privilégieraient la relocalisation alors que les femmes
plutôt l'élimination ont également été
émises. Les femmes supportent plus l'élimination des animaux
problématiques que les hommes (X2=3,906, p=0,0488,
n=84). Les jeunes et les personnes âgées sont en revanche
significativement moins en faveur de l'élimination
(X2=13,632, p=0,001, n=84).
Deux-tiers soutienne la mise en place d'un système de
compensation financière systématique et efficace, alors qu'un
tiers supporte la création d'emplois pour créer un revenu stable.
Ces résultats vont dans le sens d'un désir de vivre plus de
l'agriculture.
Attitudes envers la résolution des
conflits
Nombre de personnes en faveur
Sur 84 personnes
40
70
60
50
30
20
10
0
5
36
31
28 27
55
Figure 19 : Attitudes envers la résolution des
conflits
Les résidents de la zone du PRA demandent donc en
priorité la mise en place de barrières barbelées autour de
leurs parcelles de terrain. Très peu supportent la relocalisation des
habitants. Malgré la récurrence des problèmes, ils
montrent un fort attachement à la zone du PRA. Ceci peut-être
néanmoins dû à un manque de confiance dans la
réalisation d'un tel programme. Le
80
fait qu'une amélioration de la compensation
financière soit beaucoup plus demandée que l'offre d'emploi
stable, montre une certaine forme de préférence pour
l'agriculture.
Les personnes liées à l'AWS, soit par un emploi
ou en participant à un comité d'écodéveloppement,
favorisent la relocalisation des animaux plutôt que leur
élimination. Le fait d'être en contact avec les gardes forestiers
et les gestionnaires de l'AWS, peut être interprété comme
une sensibilisation accrue au bien-être des animaux. Les personnes
âgées et les jeunes y semblent également plus sensibles.
Les femmes, en revanche, montrent une tendance à privilégier
l'élimination des animaux sauvages (principalement des sangliers). Le
fait que soit ces dernières qui s'occupent principalement de
l'agriculture quand le mari possède un travail peut expliquer ce
sentiment, notamment sur les sangliers qui sont cités comme étant
les plus problématiques.
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