7.3. Perception de l'impact des conflits
La perception de l'impact des conflits hommes-animaux sur la
vie quotidienne a été examinée en étudiant le lien
entre les 5 facteurs et la magnitude ressentie de l'impact de ces conflits sur
la vie quotidienne.
Pour obtenir cette variable, il a été
demandé lors de la pré-enquête d'estimer l'impact des
animaux sauvages sur la vie quotidienne sur une échelle de 0 à 5.
Ce type de question s'est avéré poser des difficultés lors
de la pré-enquête. Finalement, il a été
décidé de laisser 3 choix à cette question : inexistant,
mineur, majeur.
La majorité des individus (61%) estiment que les
animaux sauvages ont un impact majeur sur leur vie quotidienne. Les
difficultés à cultiver la terre ont été
particulièrement soulignées. Ceci est exacerbé par le fait
que l'utilisation de potagers et l'agroforesterie domestique sont très
répandues au Kérala et fournissent une part
non-négligeable de l'alimentation quotidienne, notamment pour les
familles ayant de faibles revenus. Le sentiment d'insécurité
lié aux éléphants a été également
cité.
Un peu plus d'un tiers (35,71%) ont jugé que les
animaux n'impactaient que partiellement leur vie quotidienne. Seulement 3
personnes (3,57%) ont exprimé de ne pas être gênées
par la présence des animaux. Il est intéressant de noter que ces
trois individus ont pour source de revenus principale la récolte du
latex d'hévéas plantés sur leur parcelle.
Impact ressenti des conflits sur la vie
quotidienne (en % des 84 foyers interviewés)
3,57%
Inexistant Mineur Majeur
Figure 17:Impact ressenti des conflits sur la vie
quotidienne
76
Aucune des hypothèses d'indépendances n'a
été rejetée suite aux tests du khi2.
Néanmoins, on peut observer qu'une proportion supérieure des
personnes de plus de 55 ans et des personnes vivant de l'agriculture,
respectivement 83% et 81%, ressentent un impact majeur. Ces résultats ne
sont pas surprenants. Les personnes âgées sont moins en mesure
d'obtenir du travail manuel journalier que les personnes dans la force de
l'âge, et sont donc plus dépendants des revenus de leurs
parcelles. 37% des plus de 55 ans vivent ainsi de l'agriculture alors que la
moyenne est de 20% sur les 84 foyers.
Il semble donc que la faune sauvage impacte globalement
fortement la population de la zone du PRA, notamment pour les personnes
âgées qui sont plus dépendantes de l'agriculture.
7.4. Opinions de la gestion de l'Aralam Wildlife
Sanctuary
Les opinions sur la gestion de la faune sauvage par les
gestionnaires de l'AWS ont été mesurées à partir de
la question « Comment évaluez-vous les actions menées les
autorités en charge de l'AWS pour la gestion des espèces animales
sauvages ? ». Les liens entre les 5 déterminants socioculturels et
les réponses ont ensuite été analysés.
Cette question a été posée sous la forme
fermée et trois réponses ont été proposées.
Un peu moins d'un tiers a estimé que leurs actions étaient
insuffisantes, un peu plus d'un quart qu'elles étaient partiellement
satisfaisantes et 42% qu'elles étaient satisfaisantes.
Les personnes satisfaites ont souvent exprimé que les
autorités font le maximum dans la limite de leurs moyens. Plusieurs ont
rajouté que les gestionnaires de l'AWS essaient d'instaurer des mesures
de séparation efficaces (ex. murs, barrières électriques,
tranchées) mais que les animaux trouvent toujours un moyen de passer,
que ce soit par-dessus, pour dessous ou à travers. De nombreux individus
ont de plus déclaré vouloir que les gardes forestiers viennent
plus fréquemment ou plus rapidement lorsqu'ils sont appelés,
notamment dans le cas de venues d'éléphants. Les habitants
insatisfaits ont ainsi essentiellement répété que les
gardes ne venaient pas quand ils étaient appelés. Cette
réactivité aux appels semble être l'attente principale des
résidents vis-à-vis des activités des gestionnaires du
parc. Une personne a ajouté qu'il y a de la corruption et que les
financements de l'AWS sont détournés.
Perceptions de la gestion de la faune sauvage (%
des 84 foyers interviewés)
42,86%
26,19%
30,95%
Insuffisant Partiellement satisfaisant Satisfaisant
77
Figure 18:Perceptions de la gestion de la faune
sauvage
Aucun des tests d'hypothèses n'a
révélé d'associations significatives. L'analyse des
tableaux de contingence a cependant permis d'observer plusieurs tendances
faibles.
88% des personnes obtenant ponctuellement des emplois avec
l'AWS sont satisfaits des actions des autorités. Certains participent de
temps en temps aux rondes nocturnes. D'une manière
générale, le fait de travailler pour l'AWS permet certainement de
rendre compte des moyens à disposition et du travail effectué par
les gardes.
Deux tiers des moins de 25 ans louent également la
gestion de la faune par les autorités de l'AWS. Ceci peut s'expliquer
par le fait que les jeunes ressentent moins les conflits avec les animaux
sauvages, et jugent donc plus efficaces les actions des gestionnaires de l'AWS.
Leur implication et leurs informations sur les conflits et leur gestion sont de
plus probablement moindres et leurs réponses peuvent être sans
réels fondements. En revanche, les personnes âgées entre 25
et 55 ans sont plus insatisfaites (42%). Le fait d'avoir une famille à
charge peut probablement diminuer la tolérance et accroître les
attentes.
D'une manière générale, les habitants
sont relativement satisfaits des actions des autorités de l'AWS pour
gérer la faune sauvage, ou du moins conscients qu'ils essaient de faire
leur maximum. La venue des gardes lorsqu'ils sont appelés est cependant
une préoccupation importante, mais qui est souvent source de
désappointement. Ceci semble montrer que les habitants estiment dans
tous les cas que les incursions animales sont impossibles à
prévenir, mais que les responsabilités des autorités
reposent plus sur la gestion des cas d'urgence, par exemple quand les
éléphants sont menaçants.
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