III - 2 - Le rôle des ONG
Exceptées les actions de la CARITAS SENEGAL, les
actions des ONG se réalisent rarement en solo mais, pour la plupart du
temps, en partenariat avec les OCB (Organisations Communautaires de Base).
L'ONG CARITAS SENEGAL est l'une des premières ONG qui s'est investie
dans la zone. Et pour les populations, elle joue plus un rôle
d'assistance sociale (adduction d'eau potable, distributions de denrées
alimentaires) qu'un rôle d'investisseur dans l'agriculture,
jusqu'à la proposition d'un projet dans les Yéhé, au
début des années 2000, dont la non concrétisation montre
bien les limites des méthodes adaptation proposées aux
populations. En effet, le souhait de vouloir redistribuer l'espace agricole du
«Yéhé », pour que toute personne le désirant
puisse bénéficier du projet, n'a pas été du
goût des paysans qui sont en possession de ces terres. Voila la raison
principale du blocage d'un projet, malgré la construction d'un forage.
En effet cet espace est l'une des principales zones les plus rentables pour les
paysans qui y exploitent le maïs et la tomate. Cependant à cause du
déficit d'infrastructures cette partie des bas-fonds aux sols
hydromorphes demeure sous-utilisée.
III - 3 - Le rôle des Organisations Communautaire de
Base
Quand aux principales Organisations Communautaires de Base
s'activant dans la zone, elles sont nées des flancs du Comité de
Gestion pour le Développement de Mont-Rolland (CGDM), qui fut la
structure qui a plus suscité une adhésion massive des
populations. Créé en 1992, sous la direction de Yves Lamine Ciss,
le CGDM dont le principal objectif était : la reconstitution du tissu
social, a joué un rôle important dans la mobilisation des
populations après plusieurs années de crise agricole
débouchant sur une crise sociale. La création de l'Union des
Groupements de Femmes (UGF) qui regroupe l'ensemble des groupements
féminins de la Commune de Mont-Rolland illustre l'un de leur oeuvres
à travers un financement en collaboration avec ENDA /3D. Les efforts sur
plan environnemental : (lutte anti érosive) et les tentatives sur le
domaine agricole n'ont pas eu d'importants effets sur les productions
agricoles. Aujourd'hui le CGDM n'existe plus et il a été
remplacé par dans son rôle par le COOPAGRIM.
La Coopérative Agricole de Mont-Rolland (COOPAGRIM),
créé en 2001, a surtout opéré dans le domaine des
crédits en semences, intrants (engrais et produits phytosanitaires ...)
et financiers avec un intérêt de 2% par mois payable en 6-8 mois.
Cependant la pluparts des
38 Selon le chef de village de Pallo Dominique MBENGUE
la construction du nouveau forage est en cours
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adhérents se sont aujourd'hui désengagés
et particulièrement pour cause de dettes en intrants agricoles. Pour
eux, le système de remboursement consistant à une hausse sans
cesse de la dette en cas de retard de paiement, sans tenir compte de la
réussite ou non des campagnes agricoles, est insupportable. D'autres
paysans estiment que, à leurs créations les OCB font des
propositions et des engagements qu'ils ne respectent que pendant leurs
premières années d'existence. Ce qui favorise parfois une
ambiance de méfiance et de pessimisme.
Face à cette situation, nombreux sont les paysans qui
ne s'adhèrent plus aux activités du COOPAGRIM. Aujourd'hui, la
COOPAGRIM est en crise, car en plus de ses moyens financiers limités,
cette structure gère plus de 8 millions de crédit impayés.
C'est dans ce contexte qu'elle a fini par fusionner avec les autres
coopératives de l'arrondissement de Pambal pour constituer le COORAP et
est devenue aujourd'hui une antenne de cette dernière dans le but d'une
rationalisation des efforts des différentes coopératives de
l'arrondissement de Pambal39
Aujourd'hui le projet «Soutenons les familles
paysannes pour plus de Souveraineté Alimentaire»
financé par la Coopération Belge, par l'entremise de l'ONG Belge
Aide au développement Gembloux (ADG) en partenariat avec Union des
Groupements de Promotion Féminine (UGPF) de Mont-Rolland suscite un
intérêt auprès des paysans. «L'objectif
spécifique est de renforcer la souveraineté alimentaire
grâce à une intégration durable de l'agriculture familiale
dans les dynamiques de développement local
concerté.»
Ce projet dont les familles paysannes pauvre sont parmi les
principales bénéficiaires directs a débuté depuis
2011 avec un financement de 6 millions pour 3ans. Pendant la première
phase de 2011-2013, l'ADG-UGPF a soutenu, en 2011 les filières mangue et
maïs. Sur les services rendu les paysans ne fournissait qu'un apport de 1
/4, le reste est un financement sous forme de fond non recouvrable. Jusque
là, les 6 millions financés pour trois ans ne parviennent pas
à couvrir les demandes de la première année. Ainsi en
début 2014, pour le nouveau financement l'ADG-UGPF a
décidé de changer les règles en instaurant le prêt
avec un intérêt de 5 % remboursable en un an à la place de
l'offre subventionné pour «pouvoir renouveler son action
annuellement» 40 .Ainsi dans le cadre du nouveau financement
2014/2016, 52 houes occidentales, 2 houes Sine, 2 semoirs, 2 tonnes
d'urée, des semences et produit phytosanitaires ont été
attribués aux paysans.
39 Yves LAMINE CISS maire de la Commune de
Mont-Rolland, il fut initiateur premier président du CGDM, initiateur du
COOPAGRIM
40 Ibrahima MBENGUE, Contractuel de l'UGF
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Cependant dans une situation de précarité et un
contexte de variabilité pluviométrique, jusqu'où les
populations s'assureront de pouvoir payer ces dettes avec un
intérêt de 5% tandis que l'ex COPAGRIM avait perdu une grande part
de ses fonds à cause de l'endettement. N'est-il pas opportun pour tout
organisme qui veut soutenir les paysans ou développer l'agriculture de
manière générale de solutionner d'abord le problème
de l'eau ? Tout ce questionnement illustre la problématique de
l'adaptation dans la Commune de Mont-Rolland.
L'absence d'une étude approfondie de la crise agricole,
le manque d'expertise des acteurs, l'inconstance de la démarche, le
manque d'engagement des populations et parfois d'une décision
concertée entre les différents acteurs sont parfois les
principaux facteurs d'échecs des programmes d'adaptation. Les points de
vue des paysans eux mêmes, qui sont les meilleurs techniciens de l'espace
sont parfois ignorés par les «experts»
étatiques ou des ONG.
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