II - 2 - La prépondérance des jachères
«involontaires»29
Les jachères marquent parfois le paysage de la Commune
de Mont-Rolland. Les cultures pluviales constituaient 55% de la superficie de
la Commune (T NDOUR, 2001) en 1988, alors qu'elles représentent
aujourd'hui moins de 20% de la superficie communale. La dégradation des
terres est parfois accusée comme étant l'une des principales
causes de l'abandon des terres agricoles tandis que le phénomène
s'inscrit dans un cadre plus complexe. En effet l'abandon des terres n'est pas
toujours lié à la dégradation du sol. Car, aujourd'hui des
champs productifs sans l'utilisation d'engrais ni de fumiers se retrouvent
éparpillés dans des espaces abandonnés, même dans
les domaines du «Tanghor» et du
«Dior» où les sols demeurent plus
sensibles à la dégradation. Certes la productivité des
terres a baissé mais pour les populations, les véritables causes
de l'abandon des terres peuvent être liées directement à la
baisse de la productivité et par conséquent de la production,
induite par les effets de la variabilité pluviométrie au
début des années 1970.
Ainsi, sur les 98% des chefs de ménages affirmant
être en possession au moins d'un champ en jachère
«non organisé», seuls 8% accusent une
cause liée à la dégradation des sols. (Tableau 17). En
effet la plupart des paysans justifient cette situation par une cause
liée parfois au manque de moyens dans une situation de
variabilité pluviométrique.
Aujourd'hui, la culture sous pluie est
caractérisée par l'exploitation de petites parcelles
éparpillées dans de vastes terroirs dont la majorité des
champs ont été abandonnées à cause de la crise
agricole persistante. Une situation qui ne manque pas d'avoir des effets
aggravants favorisées par ce nouveau visage du paysage agraire ; des
effets indirects de la variabilité pluviométrique parfois
perçus par les populations comme des problèmes à part
entière d'autant plus qu'ils ont des impacts négatifs sur les
productions. Ainsi tout s'inscrit presque dans un cycle.
29 Contraire aux jachères volontaires qui sont
organisées pour faire reposer le sols pour une durée bien
déterminé dans le but d'enrichir le sol, cette dernière
pratique n'a jamais eu d'ampleur , car les population ont historiquement
pratiquée la rotation du bétail dans les différents champs
pendant la saison sèche.
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Tableau 17 : Les raisons d'abandon d'un champ en
jachère « non organisée»
AFFIRMATION
|
Classification des observations
|
Nombre d'observation
|
%
|
Cause
|
« Manque d'eau »
|
VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
|
33
|
22%
|
Directe
|
«Baisse de la productivité liée au
séquence sèches »
|
« Manque de main d'oeuvre »
|
MANQUE DE MOYENS
|
68
|
45%
|
Indirecte
|
«Manque de moyens pour s'adapter»
|
« Problème de mécanisation»
|
« Paresse et découragement des
membres du ménage »
|
MANQUE
INVESTISSEMENT
|
6
|
4%
|
Indirecte
|
« Erosion »
|
DEGRADATION DU SOL
|
8
|
5%
|
Directe
|
« Sol épuisé »
|
« Salinisation »
|
« Divagation du bétail »
|
25
|
17%
|
Indirecte
|
« Attaque des oiseaux, insectes et singe »
|
10
|
7%
|
Indirecte
|
TOTAL
|
150
|
100%
|
|
1950 2010
«Jachères par
points»
Figure 28 : Croquis de l'évolution du
territoire
67
|