II - Impacts de la variabilité
pluviométrique sur les productions agricoles dans la Commune de
Mont-Rolland depuis 1970
La variabilité pluviométrique n'a pas
manqué d'impacts sur l'agriculture, essentiellement familiale, de la
Commune de Mont-Rolland. Les fluctuations des productions
céréalières telles que : le mil souna (Pennisetum
glaucum), le sorgho (Sorghum bicolor), le maïs (Zea
mays) et le niébé (Vigna unguiculata), qui
constituaient la base alimentaire, ont fini par poser de nouveaux
problèmes spécifiques à la Commune de Mont-Rolland,
perçu parfois par les populations comme les véritables causes de
la crise agricole depuis les années 1970.
A partir des années 1970 on assiste à une baisse
progressive des productions. Cela est dû d'une part à des
sécheresses récurrentes marquées par une chute du total
pluviométrique, un début tardif et une fin parfois précoce
de l'hivernage mais aussi des séquences sèches de plus en plus
prolongées à l'intérieur même de l'hivernage. Ainsi
le cycle de croissance des plantes est affecté aussi bien dans sa phase
de germination que dans sa phase de croissance. Les conséquences les
plus négatives furent l'abandon de certaines variétés
culturales aux rendements très faibles mais aussi l'abandon progressif
des terres qui aboutit à une forte diminution des surfaces
emblavées pendant la saison pluvieuse.
II - 1 - La baisse de la productivité des cultures
pluviales Aujourd'hui les cultures à long cycle ou de fortes exigences
en eau ont tendance à disparaitre du paysage agricole de la Commune de
Mont-Rolland. Par contre, d'autres cultures de cycle plus court, ou moins
exigeantes en eau ont pu résister à la variabilité
pluviométrique même au prix d'une baisse de la
productivité. (Tableau 16)
La comparaison de la productivité moyenne de la
décennie 1951-1960 et de celle de la décennie 2004-2013 montre
que : le maïs (Zea mays) qui occupait les derniers rangs, avant
les années 1970, est devenu aujourd'hui la principale culture
vivrière, secondé par le niébé (Vigna
unguiculata) et le sorgho (Sorghum bicolor) de cycle court.
Cependant selon nos enquêtes, la productivité de ces
spéculations, aujourd'hui, est loin d'atteindre les moyennes des
années 1950.
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Tableau 16 : Comparaison de la productivité
moyenne de la décennie 1951-1960 et de celle de la décennie
2004-201324
Spéculation
|
Productivité
Moyenne 1951-1960
|
Productivité
Moyenne 2004-2013
|
Maïs
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583 kg/ha
|
317 kg/ha
|
Sorgho*
|
725 kg/ha
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212 kg/ha
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Niébé
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830 kg/ha
|
200 kg/ha
|
Mil
|
1050 kg/ha
|
100 kg/ha
|
Arachide
|
910 kg/ha
|
150 kg/ha
|
* « Bassi cycle long »
La productivité moyenne du maïs est passée
de 583kg/ha avant les années 1970 à 317kg/ha aujourd'hui ; une
productivité toujours plus ou moins élevée. Cette culture
du maïs dans le «Tanghor», aux sols
ferrugineux rouges recouverts d'une couche d'argile plus ou moins
épaisse, s'est aujourd'hui, prolongée dans les bas-fonds
où elle est devenue la principale culture pluviale.
Le niébé (Vigna unguiculata)
était une importante culture mixte, emblavée tardivement au
milieu de l'hivernage entre les épis de mil. Mais depuis la fin des
années 1960, suite au raccourcissement de la saison culturale, les
emblavements se réalisent maintenant en début d'hivernage pour
s'assurer que les plantes arrivent au terme de leur cycle. Malgré tous
ces efforts, une baisse des rendements a été observée. La
réputation du «niébé
Ndut»25 , qui atteste de l'importance des quantités de
productions qui inondaient certains marchés des grandes villes comme
Thiès, est attribuée aux bonnes campagnes agricoles des
années 1950 avec une productivité moyenne de 830kg/ha. Et
aujourd'hui à cause de la péjoration climatique, la
productivité chute à 200kg/ha, les Ndut consomment aujourd'hui du
« niébé ndut » importé comme l'affirment la
plupart des populations.
Quant au sorgho (Sorghum bicolor), la
variété traditionnelle, caractérisée par un cycle
long et une productivité importante de 725kg/ha en moyenne dans les
années 1950, a fini par être abandonnée. En effet le
«Nguireune» était cultivé dans
les bas fond-fond et sur les pentes des collines. Aujourd'hui, selon les
populations, l'introduction de nouvelles variétés de sorgho
à cycle court, telles que la variété CE 180-33 avec un
cycle 90 jours a donné un regain d'intérêt
24 Vue l'absence de données, nous avons
réalisé une enquête et par souci d'exhaustivité, la
première et la dernière décennie de notre cadre
d'étude ont été choisi comme référence.
25 Ndut : Populations originaires à plus de 80
% de la Commune Rurale de Mont Rolland
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à cette culture car celle-ci s'adapte mieux dans la
zone. Cependant la productivité demeure faible selon les paysans 212kg
/ha.
Pour ce qui est de la culture du mil souna (Pennisetum
glaucum) et de l'arachide (Arachis hypogaea), dont les
productivités moyennes atteignaient 900kg /ha dans les années
1950, celle-ci dépassent difficilement aujourd'hui 100kg/ha pour le mil
et 150kg /ha pour l'arachide aujourd'hui, et sont presque devenues des
souvenirs.
En effet, Pennisetum glaucum, "To tiine"26
en Ndut (long cycle, jusqu'à 120 jours), l'une des
variétés culturales traditionnelles les plus importantes,
était la culture vivrière avant la période sèche
des années 1970 qui permettait au paysans ndut d'assurer leur
l'autosuffisance alimentaire. Aujourd'hui avec le raccourcissement de la saison
culturale et la fréquence des séquences sèche, même
les multiples tentatives de variétés de cycles plus courts :
souna 3 (90 à 95jours) se sont soldées par des échecs,
conduisant à un abandon progressif de cette culture dans la Commune de
Mont-Rolland.
Arachis hypogaea, ex principale culture de rente
(avant 1970) est la principale voire la seule culture qui est aujourd'hui
quasi-abandonnée dans la Commune de Mont-Rolland. Elle représente
aujourd'hui moins de 1% des emblavures. Si la situation économique
mondiale27 a affecté la filière arachidière,
c'est sans doute avec le concours de la péjoration climatique qui a
beaucoup contribué au maintien de la faiblesse des rendements pendant la
sécheresse des années 1970. En effet, la descente des
isohyètes vers le sud-est est accompagnée d'une
«migration du bassin arachidier» vers le sud du
Sénégal. Le nord-est de la Commune de Mont-Rolland appartenait au
nord bassin arachidier avant la sécheresse des années 1970 alors
que la culture de l'arachide y est aujourd'hui, pratiquée par de
très rares paysans avec de faibles rendements.
Les revenus agricoles des paysans de la Commune de
Mont-Rolland demeurent trop faibles, et cela pour plusieurs raisons.
Déjà en 1985, les revenus agricoles n'assuraient que 5 mois de
nourritures pour les paysans de Mont-Rolland28. Aujourd'hui ces
revenus assurent, en moyen, moins de 3 mois de nourriture. Le maïs
(Zea mays), est la principale culture vivrière, et cela
pourrait justifier son adoption, sur une grande partie des bas fonds.
26 Selon la tradition orale, le nom du village de
Tiine ou Tivigne en français vient de «To
Tiine» qui fut selon la tradition orale principale l'unique
source d'alimentation du village jusqu'au années 1960.
27 Les politiques d'ajustements structurels agricoles
imposés par les institutions internationales et la concurrence d'autre
type d'huile comme les huiles à base de soja
28 Selon une étude de l'Association des Adultes
Ruraux (Robert DIOUF, un membre de l'Association)
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Les principales cultures de rente que sont la tomate (Solanum
lycopersicum) et le gombo (Hibiscus esculentus),
génèrent aussi de faibles revenus à cause de leur forte
dépendance à la pluviométrie, avec un coup de production
parfois plus élevé que la valeur des productions. Ces produits
fournissent une production moyenne, annuelle, inférieure à 200
000 Francs Cfa, en valeur pour une exploitation familiale.
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