2- Le Programme National de Lutte contre le Paludisme
(PNLP) au Cameroun
Ce programme a été élaboré en
1995. Il a pour but de réduire la mortalité et la
morbidité imputable au paludisme au niveau le plus bas possible dans le
cadre des soins de santé primaires surtout chez les groupes
vulnérables que sont les enfants et les femmes enceintes.
L'élaboration de ce programme a été suivie en 1997 par la
Déclaration de la politique nationale de lutte contre le paludisme dont
le but est de :
· Réduire l'incidence des formes
sévères de paludisme ;
· améliorer les compétences des personnels
impliqués dans la lutte antipaludique afin d'optimiser les performances
;
· sensibiliser et éduquer les communautés
au problème du paludisme, afin d'obtenir leur adhésion et
participation ;
· promouvoir et renforcer les mesures d'assainissement
et d'hygiène dans le cadre de la lutte anti-vectorielle ;
· utiliser de façon optimale les ressources et
informations disponibles dans différents secteurs d'activité
économiques ;
· harmoniser les interventions des différents
intervenants dans la lutte antipaludique. Pour atteindre ces objectifs, les
stratégies adoptées sont les suivantes :
· La prise en charge correcte des cas ;
· l'approvisionnement et la distribution des
médicaments antipaludiques essentiels ;
· la prévention et la surveillance
épidémiologique ;
· l'éducation communautaire et l'information ;
· la formation et le recyclage des personnels de
santé ;
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? la recherche et la collaboration intersectorielle.
Selon le document du PNLP, les résultats attendus pour
l'an 2000 étaient les suivants :
- 75% des personnels de santé formés devraient
faire une prise en charge correcte des cas
de paludisme ;
- 50% de la population sensibilisée devraient savoir
traiter correctement un accès palustre
présomptif ;
- 70% des femmes enceintes reçues en consultation
prénatale devraient être couvertes par
une chimioprophylaxie antipaludique appropriée ;
- 60% des formations sanitaires couvertes par le programme
allaient disposer
régulièrement des médicaments
antipaludiques ;
- 30% des familles sensibilisées devraient utiliser des
moustiquaires imprégnées ;
- 50% des groupes cibles devaient dormir sous moustiquaires
imprégnées dans une
communauté où elles seraient utilisées.
3- La prise en charge du paludisme par le personnel
sanitaire et la communauté
Nous allons distinguer ici trois actions qui sont :
l'application des mesures préconisées par l'OMS, la distribution
des moustiquaires imprégnées et l'action des relais
communautaires.
a- L'application des mesures de l'OMS adoptées
par le Ministère de la Santé Publique
La chloroquine et ses dérivés occupent encore
une large place dans le traitement de l'accès palustre au niveau des
services de santé d'Afrique (NADJITOLNAN, 2005). Mais le traitement ne
respecte pas le plus souvent le schéma thérapeutique
officiellement recommandé dans les zones endémiques. Les experts
de l'OMS conseillent souvent de changer le traitement de première
intention des accès à Plasmodium falciparum qui demeure la
chloroquine dans la majorité des pays africains, lorsque les
échecs thérapeutiques, mesurés selon un protocole
précis, atteignent ou dépassent 25%. Les alternatives de
traitement étant les dérivés d'artémisinine
associés à d'autres molécules (artésunates +
amodiaquine, arteméther+ lumefantrine). Certains gouvernements
conscients ont changé leur protocole de traitement national par un
médicament utilisé soit en monothérapie, soit en
association avec d'autres dérivés que l'artémisinine.
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Dans certains pays d'Afrique subsaharienne, les programmes
nationaux de lutte contre le paludisme continuent d'appliquer l'ancienne
stratégie de l'OMS de 1985 qui consistait à administrer aux
patients :
- à la première intention la chloroquine ;
- à la deuxième intention, le fansidar ;
- et à la troisième intention la quinine pour
les échecs du fansidar.
Tel n'est pas le protocole utilisé au Cameroun. En
effet, le Cameroun est une zone de chloroquino- résistance
(capacité de résister à la chloroquine qu'a
développé le Plasmodium falciparum). En 2002 l'usage de la
chloroquine a été interdit au Cameroun à cause de son
inefficacité à lutter contre le Plasmodium falciparum. De ce fait
il est conseillé aux personnels sanitaires d'administrer un traitement
en bithérapie aux patients de paludisme à la première
intention pour les cas de paludisme simple qui est un traitement à base
des combinaisons thérapeutiques d'artémisinine (ACT). Il s'agit
de la combinaison artésunate + amodiaquine administré par voie
orale. Lorsque la maladie persiste, on passe à l'injection de la
quinine. Le fansidar par contre est donné comme médicament
d'appoint lors de la convalescence pour éradiquer complètement la
maladie. Le Coartem est aussi utilisé pour soigner les accès
palustre. Cependant, il coûte chèr pour les populations (4000fcfa)
et n'est pas souvent disponible en milieu rural.
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