II- LE NON RESPECT DES REGLES ELEMENTAIRES D'HYGIENE ET LA
PROLIFERATION DES MOUSTIQUES A BABADJOU
Quatre faits majeurs sont à retenir ici : les
fûts d'eau et les puits non protégés,
l'omniprésence de la végétation et des
porcheries à proximité des maisons.
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1. Les fûts d'eau et les puits non
protégés
Ces deux facteurs sont d'une grande importance. Les fûts
d'eau sont des réservoirs qui servent à stocker l'eau en saison
des pluies. Ils ne sont pas protégés par des couvercles.
Après les pluies, les larves de moustiques s'y développent. Une
fois à l'état adulte, ces moustiques s'envolent vers
l'intérieur des maisons. Pour ce qui est des puits, ils sont nombreux.
Ce sont pour la plupart des puits non aménagés et semis
aménagés (bord surélevé et sans couvercle). Ils
constituent d'importants gîtes à moustiques. Nous avons
interrogé les ménages à ce sujet et 96% avouent
s'être faits piqués auprès des fûts d'eau et des
puits non protégés.
Pluies
Rétention de l'eau de façon continue dans les
fûts non protégés
Dépôt des oeufs de moustiques
Eclosion des oeufs et développement des moustiques
Migration des moustiques vers l'habitat
Source : E. LONPI, 2008
Figure 11: Illustration de l'impact de la
rétention de l'eau de manière continue dans des fûts d'eau
non protégés sur le développement des
moustiques
2. L'omniprésence de la végétation
à proximité des maisons
L'impact de la végétation dans la propagation
des vecteurs est important. Car les paysages végétaux sont
directement impliqués dans la répartition de la plupart des
maladies à transmission vectorielle (REMY, 1998). A Babadjou, on observe
d'abord que la végétation est présente un peu partout.
Lors des pluies, les eaux entrent dans les fentes des arbres et permettent le
développement des larves, surtout dans les vallées à
raphiales.
La végétation à proximité des
maisons relève d'un problème de manque d'hygiène
élémentaire. En effet, autour des concessions, les
végétaux sont très présents. Ces
végétaux sont constitués de bananiers, d'avocatiers, de
kolatiers, de caféiers et de maïs en saison de pluies. Cette
végétation est un facteur de promiscuité par la
création des espaces d'ombre
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Cliché : E. LONPI, août 2009
Photo 9 : Une végétation à
proximité d'une maison d'habitation
favorables au logis des vecteurs mais aussi des espaces
touffus, véritables rétenteurs d'humidité. Or les vecteurs
à l'état larvaire ou adulte apprécient ces conditions. La
figure12 fait montre de l'influence de cette végétation sur le
développement des moustiques.
Forte végétation
Forte pluviosité
Forte humidité
Stagnation de l'eau dans les fentes d'arbres et sous la
litière
Dépôt, éclosion et développement des
moustiques
Migration des moustiques vers l'habitat
Source : E. LONPI, 2008
Figure 12:Illustration de l'impact de la
végétation dans le processus de développement des
moustiques
Parallèlement, les feuilles mortes sous les arbres
à proximité des maisons sont de véritables niches à
moustiques. En effet, les rayons solaires atteignent difficilement la strate
herbacée parce qu'ils sont interceptés par la canopée. Par
contre, les pluies arrivent presque intégralement au sol. Ainsi, la
conjugaison de la faible insolation, de la forte pluviosité et l'eau
transpirée par les herbes produit une forte teneur constante en vapeur
d'eau sous la canopée. Ce micro climat fait de cet espace un lieu
potentiellement favorable pour le développement des moustiques. Ces
observations ont été également faite, par MEVA'A ABOMO
(2003) dans ses travaux sur le paludisme dans la plantation HEVECAM au
Sud-Cameroun.
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La majeure partie de la population de Babadjou pratique
l'élevage porcin à proximité des maisons. Il s'agit d'un
élevage traditionnel dans lequel la matière première
utilisée pour nourrir les porcs est constituée essentiellement
des déchets provenant des cuisines. Ce sont des porcheries plus ou moins
vastes dans lesquelles l'animal peut faire deux à trois jours sans la
parcourir entièrement, car ne se limite qu'à l'endroit où
son repas est déposé. De plus les porcheries ne sont pas
protégées et de ce fait, lors des pluies, les flaques d'eau
stagnent dans les creux façonnés par les pattes du porc,
permettant ainsi la mise en place des foyers de moustiques à
proximité des lieux d'habitation.
Précipitations abondantes
Porcheries non Protégées
Creux créés par les pattes de l'animal
Stagnation des eaux dans les porcheries
Humidité optimale
Dépôt des oeufs, éclosion et
développement des moustiques
Migration vers l'habitat
Source : E. LONPI, 2008
Figure 13: Illustration de l'influence des porcheries
dans le développement des moustiques
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Cliché : E. LONPI, août 2009
Photo 10 : L'état d'une porcherie pouvant
favoriser le développement des moustiques 4-La gestion des eaux
usées
Il n'existe pas un réseau d'égout à
Babadjou. Par conséquent, les eaux usées sont
déversées en plein air. Cependant, vu la topographie du milieu,
ces eaux ne stagnent presque pas. De même après la lessive, les
eaux sales contenues dans les récipients sont abandonnées dans
les cours des maisons. Les moustiques ne peuvent pas s'y développer car
ils ne trouvent des conditions de développement optimal que dans les
eaux stagnantes non polluées.
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