2- La situation africaine du problème de santé
lié à l'eau
L'Afrique est le continent le plus touché par les
maladies hydriques, car l'eau potable y manque cruellement et le paludisme y
est endémique. En 2003, on estimait qu'environ 400 millions d'africains
n'avaient pas accès à l'eau potable (SALIF DIOUF et PHILIPPE
REKACEWICZ, 2003). Ce manque d'eau potable est à l'origine de nombreuses
affections. Pourtant, l'Afrique est l'un des continents les plus arrosés
du monde avec 17 grands fleuves et plus de 160 lacs majeurs (PLOYE, 2005).
L'onchocercose et la bilharziose font des ravages dans plusieurs pays. Pour ce
qui est du paludisme, il est la première cause de consultation du
premier échelon dans les pays d'Afrique, il se trouve au premier rang
des maladies graves de fréquentation des centres de santé et des
dépenses de santé familiale. D'après l'OMS, depuis 1990,
le produit intérieur brut par habitant dans les pays d'Afrique
subsaharienne a diminué et le paludisme est un important facteur de ce
bilan économique médiocre.
3-Le contexte camerounais du problème de santé
lié à l'eau
Le Cameroun n'est pas exempt de cette crise
généralisée de l'eau responsable des maladies hydriques.
Pendant la décennie internationale de l'eau et de l'assainissement
(19801990), la question de l'eau constituait une priorité pour le
gouvernement camerounais. C'est ainsi que, de vastes programmes d'alimentation
en eau potable ont été entrepris, ce qui avait permis
l'équipement de la quasi-totalité des zones urbaines et la
construction en zone rurale de 5 950 forages équipés de pompes
à motricité humaine, de 2 500 puits modernes, de 2 000 sources
aménagées. Cependant, la crise économique des
années 80 accentuée au courant des années 90 a
anéanti les efforts que fournissait l'Etat dans ce domaine et a
érodé le pouvoir d'achat des populations. Afin de résoudre
ces problèmes économiques, l'Etat camerounais a adopté les
programmes de lutte contre la pauvreté proposés par la Banque
Mondiale (BM) et le Fond Monétaire International (FMI). Il s'agit
notamment du programme d'ajustement structurel, dont certains points stipulent
la réduction des dépenses publiques c'est-à-dire
l'arrêt de l'équipement des zones en infrastructures divers et la
suppression des subventions accordées à l'agriculture soumettant
ainsi les populations à des conditions de vie austères.
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Tout ceci a eu pour effet la diminution des capacités
d'intervention de l'Etat dans le développement économique et
social des zones rurales.
La mise sur pied par la suite du processus de
décentralisation des pouvoirs a « offert un cadre
approprié à l'Etat pour libérer et impulser les
initiatives communautaires ayant pour base la mise en oeuvre d'actions
très spécifiques sur les groupes de populations les plus
vulnérables et les plus touchées »1. Ces
populations vulnérables et touchées sont celles des campagnes.
Dans ces conditions, le monde rural selon ELA (1994) récapitule
« l'Afrique étranglée » car
c'est le siège de nombreux maux : absence d'adduction en eau potable,
d'électricité, médiocrité de l'état de
santé, insuffisance d'infrastructures scolaires, sanitaires et bien
d'autres. Malgré les efforts actuels fournis notamment dans
l'accroissement du Produit Intérieur Brut (PIB) au Cameroun, les signes
de cette pauvreté ne sont pas encore effacés. C'est ainsi que,
selon le Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD (2005)
la proportion de ménage ayant accès à l'eau potable reste
encore très faible avec des taux de couverture de 30% et 40% en zone
rurale et urbaine respectivement et une moyenne nationale se situant autour de
39%. Pourtant ce pays dispose de ressources hydriques importantes, avec de
nombreux fleuves qui constituent la source principale d'alimentation en eau de
la quasi-totalité des zones urbaines, mais aussi d'une réserve en
eaux souterraines évaluées à 120 milliards de
mètres cubes exploitables.
La faible couverture en eau potable du milieu rural
camerounais en général et de Babadjou en particulier, conduit les
populations à la consommation des eaux de rivières, de puits, de
pluies et des sources non aménagées ne faisant pas l'objet d'un
contrôle de qualité. Ainsi, l'eau qui symbolise la vie, devient
plutôt un danger pour les populations qui n'accèdent qu'à
une eau souillée par des bactéries et des virus responsables des
maladies à transmission orale. Ceci se traduit par la récurrence
de la typhoïde, de l'amibiase, de l'ascaridiase, des
gastro-entérites et du choléra au sein des populations.
Au Cameroun, la distribution du paludisme est fonction de la
superposition bioclimatique et la zone à transmission pérenne
étant la zone de climat équatorial qui comprend le grand sud et
l'Ouest. Le paludisme au Cameroun est responsable de : « 30% des cas
d'hospitalisation, 50% du taux de mortalité, 46% des dépenses
annuelles des ménages et 40% des décès.
»2.
En vue de gérer le problème de l'eau et de la
santé, le gouvernement camerounais a mis sur pieds un corpus de lois et
d'institutions. Ainsi, le secteur de l'eau au Cameroun est
1 Rapport du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD, 1998)
2Propos du Dr FONDJO : responsable du PNLP au Cameroun
à l'émission média d'Afrique à la Radio France
Internationale le 12 juin 2009.
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régit par la LOI N°98/005 DU 14 AVRIL 1998 qui
fixe le respect des principes de gestion de l'environnement et de la protection
de la santé publique, le cadre juridique général de l'eau.
Comme institutions intervenant dans la gestion de l'eau, nous pouvons citer :
le Ministère de l'Energie et de l'Eau qui met en oeuvre et évalue
la politique de l'Etat en matière d'eau ; la Camerounaise des Eaux qui
s'occupe de la distribution ; le service d'hygiène et de la
salubrité du Ministère de la Santé Publique (MINSANTE) ;
les universités et les grandes écoles avec leurs laboratoires.
Dans le domaine de la santé, une politique nationale de la santé
gérée par le (MINSANTE) existe au Cameroun. Cette institution
définie toute mesure de lutte contre les maladies. Par exemple, il
veille au suivi du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et de
l'onchocercose.
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