Conclusion partielle du 1.2.
Dans le cadre du SAN Ouest Provence, comme du SCOT Ouest Etang
de Berre, il parait abusif de dire que Port-Saint-Louis-du-Rhône
constitue le « bout du monde ». En effet, en dépit de son
éloignement géographique par rapport aux communes centres,
respectivement Istres et Martigues, Port-Saint-Louis-du-Rhône tient une
place de ville intermédiaire, davantage que de « petit dernier
» et dans le cadre de la Métropole Aix-Marseille-Provence, c'est
plutôt le SAN Ouest Provence dans son ensemble qui devient « le bout
du monde » par rapport à la ville-centre Marseille.
Cependant, Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une
véritable crise dans les années 1980 et 1990 du fait de la fin
des activités productives et de la fermeture du Port de marchandise. Et
si la crise appartient aujourd'hui à l'histoire, la commune a sans nul
doute du mal à de défaire de son image de « ville du bout du
monde », ce qui est l'un des facteurs qui font que la commune stagne.
C'est cet héritage, qu'il conviendra pour finir de confronter avec le
projet de l'équipe municipale élue en 2014.
1.3. Port-Saint-Louis-du-Rhône : les enjeux et
les perspectives de
développement de la commune à l'aube
d'une nouvelle mandature
1.3.1. L'enjeu majeur : devenir un territoire attractif
Une population stagnante :
En dépit d'une certaine reprise économique
depuis les années 1990, la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône
n'a jusqu'à présent pas retrouvé une population
équivalente à celle du début des années 1980. En
1982 en effet, la population communale était de plus de 10378 habitants
et n'est en 2012 que de 8579 habitants
Si la population a recommencé à croitre depuis
les années 2000, cette croissance est très faible, comme on peut
le voir dans le tableau suivant :
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Population
|
8483
|
8681
|
8685
|
8871
|
8748
|
8609
|
8680
|
Croissance entre deux Recensements
|
+0,63%
|
+2,33%
|
+1,18%
|
+1,50%
|
+0,77%
|
+0,30%
|
+0,38%
|
Figure 14 : Evolution démographique de PSLR entre 2006
et 2012 / Source : Insee, Recensements de la population / Réalisation
Laura Lemaire, août 2015
Entre 1999 et 2006, par exemple, le taux moyen
d'évolution de la population est de +0,6%, ce qui est dû à
un taux moyen d'évolution du solde naturel de 0,1% et un taux moyen
d'évolution du solde migratoire de 0,5%.43 Ce taux est faible
et montre que la commune ne parvient pas à attirer une nouvelle
population.
L'observation du marché de la construction de logements
à Port-Saint-Louis-du-Rhône permet également de corroborer
cette idée. En effet, une partie des opérations de logement
localisées sur le pourtour du bassin central étaient
supposées être des opérations de logement libre. Face
à un manque de réservations, les promoteurs ont fait appel
à la mairie afin que ces logements deviennent des logements sociaux.
D'autre part, ces logements sociaux n'ont pour la plupart pas accueilli une
population extérieure. En effet, la quasi-totalité des logements
des nouvelles opérations de logements sociaux sont occupées par
des personnes qui habitaient déjà à
Port-Saint-Louis-du-Rhône dans des logements sociaux plus
anciens.44
30
43 Fiche communale Port-Saint-Louis-du-Rhône :
SAN Ouest Provence, avril 2011
44 Entretien avec la Directrice du Service
Cohésion social de Port-Saint-Louis-du-Rhône réalisé
dans le cadre de mon stage en mai 2015. Dans ce contexte, les propos n'ont pu
être ni enregistrés ni retranscrits
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti13.png)
31
Figure 15 : Opérations de logements livrées ou
en projet à Port-Saint-Louis-du-Rhône depuis 2007 /
Réalisation : Laura Lemaire, juin 2015
32
Enfin, pour se développer et accroitre sa richesse, la
commune aurait besoin d'attirer des catégories socio-professionnelles
plus aisées que celles qui dominent actuellement largement,
c'est-à-dire les ouvriers (39,8%) et les employés (30,1%), quand
les cadres et professions intellectuelles supérieures
représentent seulement 4,2% des actifs.45 D'autre part,
46,33% des foyers vivent dans un logement social, ce qui est le taux le plus
important du SAN Ouest Provence.46
Le premier défi qui est posé à
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc d'attirer à nouveau des
populations et plus particulièrement des catégories
socio-professionnelles supérieures.
Le faible développement du tourisme :
De la même manière que la ville peine à
attirer une nouvelle population, elle n'attire pas non plus les touristes. La
première des raisons est un manque de structures d'accueil,
d'hébergement, d'information et de valorisation.47 En
matière d'hébergement surtout, il est à noter une
importante carence, avec seulement un hôtel sur la commune, proposant 12
lits. Si cette offre était par le passé complétée
par un terrain de camping ainsi qu'un village-vacances, établis dans les
années 1990 en direction de la plage Napoléon, ces derniers ont
récemment fait faillite et sont aujourd'hui laissés à
l'abandon. Le tourisme est essentiellement estival et ne dépasse pas
quelques jours. Les touristes les plus nombreux sont en définitive les
camping-caristes, dont on peut observer les véhicules tout le long du
Canal du Rhône et sur la plage du Carteau. Ceux ne dépendent
cependant d'aucune structure d'hébergement et ne fréquentent que
très peu les commerces, restaurants et bars de la ville.
45 Insee, Recensement général de la
population 2011
46 Bilan PLH 2009-2014 : Présentation du bilan.
Istres : 27,63%, Miramas : 43,36%, Fos-sur-Mer : 18,24%
47 Association Robin des villes : Document ressource
sur Port-Saint-Louis-du-Rhône réalisé dans le cadre de
l'Appel à Idées « Des rives et des » rêves :
septembre 2012
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti14.png)
33
Figure 16 : Camping-cars sur la Plage du Carteau à
PSLR / Cliché : Laura Lemaire, mai 2015
Un problème d'image :
Port-Louis-du-Rhône souffre d'un problème
d'image. En effet, la commune est invariablement associée au complexe
industrialo-portuaire de Fos, ce qui s'éloigne de l'image
fantasmée de la Provence. Dans un ouvrage consacré à
l'Etang de Berre, qu'il nomme « la petite mer des oubliés
», le sociologue Jean-Louis Fabiani, résume la situation
ainsi, en associant la mauvais image du territoire à son héritage
industriel et ouvrier :
« [L'Etang de Berre est une] grande flaque odorante qui
s'intègre mal à la «bonne image» de la Provence qu'ont
progressivement coproduit les ethnologues, les résidents secondaires et
les professionnels du tourisme. L'étang fait tache. Les rives ne sentent
pas la lavande, les gens sont souvent sans apprêt. »48
En dépit du retour d'un certain développement
économique depuis le milieu des années 1990,
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une ville qui stagne faute de parvenir
à attirer de nouveaux habitants, en particulier des catégories
socio-professionnelles supérieures, et des touristes. La crise qui a
suivi la fermeture du port de marchandise a en effet produit l'image d'une
ville anciennement ouvrière
48 FABIANI, Jean-Louis : La petite mer des
oubliés: étang de Berre, paradoxe méditerranéen,
photographies de Franck Pourcel, Manosque, Le Bec en l'air, 2006 : P.12 [Cf
Martin Claux P.121]
34
dévastée par le chômage et
défigurée par les friches industrielles, ce qui n'incite
guère à venir y passer ses vacances.
Les deux défis principaux de la commune consistent
ainsi à attirer des nouvelles populations et à développer
le tourisme. Cependant cela ne sera possible que si
Port-Saint-Louis-du-Rhône parvient à changer son image.
En 1989, l'enjeu majeur de la commune était de faire
face à la crise liée au transfert des activités portuaires
vers Fos-sur-Mer. Cela s'est manifesté d'abord par un projet d'urbanisme
qui visait à ce que les habitants se réapproprient le Port, qui
était devenu une zone de friches. Il s'agissait ainsi de faire
disparaitre du paysage le traumatisme de la fermeture du port de marchandises.
Ainsi, dans le cadre du 1er contrat de ville, il s'agissait de
refaire du port une centralité : aménager les berges,
développer l'habitat sur le Port et créer un Port de Plaisance
à la place du Port de marchandise.
A cette reconquête du port comme espace public s'est
ajoutée une reconquête économique qui consistait à
développer le tourisme et les filières liées à la
mer : ports de plaisance et conchyliculture.49
Vingt-six ans plus tard, force est de constater que si la
commune est sortie de la crise des années 1980- 1990 et que le bassin
central a été réaménagé, les enjeux restent
les mêmes : changer l'image de la ville et attirer des touristes et des
nouveaux habitants afin d'accompagner une redéfinition des
activités économiques de la ville. C'est ce que nous
présenterons dans le paragraphe suivant, consacré au projet
politique de la commune.
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