La volonté politique d'affilier les travailleurs du
secteur informel, tant sur le plan national que sur le plan international est
là.
Seules les modalités pratiques diffèrent d'un
pays à l'autre, d'un continent à l'autre, d'une culture à
une autre.
Nous conseillons aux gestionnaires de la Caisse
sociale du Rwanda ce qui suit :
- de simplifier les procédures de versements des
prestations afin de réduire les délais d'attente qui avoisinent
parfois douze mois si pas plus. Cela contribuerait sans nul doute à
améliorer l'image de marque de l'institution et effacer la mauvaise
perception que les gens se font de son rôle ;
- de mener une campagne de sensibilisation tambours battant
pour faire connaître la CSR partout où c'est nécessaire,
pour ce faire nous recommandons à la CSR de recourir à de
nombreuses techniques d'information du public qui font appel aux modes de
communication suivants : radio, films, télévision, supports
écrits, manifestations(anniversaires nationales,
cérémonies de pose de la première pierre, portes ouvertes,
expositions, foires, inaugurations, manifestations sportives, culturelles,
concerts, etc), publicité, dispositifs
extérieurs(audiovisuels).
- de décentraliser les prises de décisions
quant à l'affiliation des travailleurs et aux payements des prestations(
accorder aux agences de liaison une grande marge de manoeuvre quant à la
gestion des dossiers administratifs des assurés sociaux) ;
- d'améliorer les
« acquis » dans le domaine de l'informatique afin de
limiter au strict minimum la tenue des registres qui font perdre
énormément de temps.
Exploiter pour ce faire les atouts technologiques offerts par
l'informatique de pointe ;
- de doter l'institution de cadres dynamiques et très
bien formés afin de répondre à une contrainte
indispensable en matière de gestion des ressources humaines telle que
formulée par Henri Fayol : « the right man in the right
place »55(*) ;
- d'élaborer pour ces cadres un plan de formation
à court, moyen et long termes en matière de
sécurité sociale ;
- de créer au besoin des prestations sociales
spéciales pour différentes catégories de travailleurs du
secteur formel non couverts et des groupes structurés du secteur
informel.
- d'encourager les groupes non structurés du secteur
informel à une adhésion volontaire aux associations et/ou aux
coopératives afin de les encadrer plus facilement en matière de
sécurité sociale.
- de créer un fonds de garantie qui serait l'une des
façons d'attirer vers elle les petits entrepreneurs aux initiatives
dignes de louanges, partant de les faire affilier à la CSR.
Quant aux pouvoirs publics, nous leur demandons
également ce qui suit:
- de procéder à une assistance sociale minimale
qui proviendrait du service des impôts pour les couches les plus
défavorisées de la population (il y a lieu de restreindre
les avantages jusqu'alors accordés exclusivement au secteur formel telle
l'exonération des cotisations sociales en matière d'imposition)
;
- d'encourager les ONG qui s'intéressent à la
couverture sociale des travailleurs du secteur informel ;
- de revoir à la baisse son système de taxation
qui semble enfreindre la création d'emplois nouveaux ;
- de s'engager davantage en faveur du financement des soins
de santé en fournissant un cadre juridique de réglementation et
de contrôle approprié, en conférant au régime le
pouvoir de recouvrer les cotisations et de veiller à ce que ce
recouvrement s'effectue dans les règles en développant d'une
manière cohérente les compétences nécessaires en
matière d'administration et de gestion ;
- d'encourager l'auto- organisation du secteur informel par
le biais de la création des associations et des
coopératives ;
- de financer toute forme de stratégies visant
à étendre la couverture sociale ;
- de soutenir la CSR dans ses efforts de sensibilisation de
la population en rappelant chaque fois que de besoin dans les discours
officiels les avantages d'être un assuré social.
- d'autoriser la C.S.R à investir
financièrement dans les micro réalisations, afin que plus
d'emplois soient crées et partant plus de revenus soient
générés ! Conscient que le meilleur investissement est
d'abord humain, la CSR devra alors commencer par une série de
formations et d'informations à l'endroit de ces entités, en
formant les formateurs en matière de management moderne; les effets
induits ne tarderaient pas à venir.
Cet investissement permettra de créer des emplois qui
vont générer des revenus à base desquels, la CSR percevra
des cotisations sociales. Au bout de la chaîne, le capital investi ainsi
que les intérêts y relatifs seront récupérés
et tout le monde y trouvera son compte.
La sécurité sociale est un droit de tout un
chacun, il appartient à chaque acteur social d'en être convaincu
et un grand pas sera alors franchi.
L'Etat est le premier interpellé, la Caisse Sociale en
est le vecteur, les organismes internationaux de sécurité sociale
tel l'AISS, le BIT, l'OIT en sont les facilitateurs. Nous osons croire que ce
travail sera complété par d'autres chercheurs qui pourront par
exemple démontrer par une étude de cas, que la CSR peut investir
dans les micro-projets du secteur informel et en tirer profit, sur le point de
vue socio- économique.