4.4.2. Souhaits des
menuisiers
Les travailleurs du secteur informel partagent souvent les
mêmes problèmes. La menuiserie informelle n'échappe pas
à la règle.
En ce qui concerne l'approvisionnement en matières
premières, les menuisiers de Gakinjiro souhaiteraient constituer des
chantiers de bois car ce dernier peut être coupé sur mesure et
séché. Ces chantiers pourraient également rassembler,
trier et distribuer les déchets des scieries qui trouvent encore de
nombreuses utilisations dans le secteur informel.
Il faudrait rendre le crédit accessible en des termes
et à des conditions qui conviennent non seulement aux ateliers de
menuiserie, mais encore à l'ensemble du secteur informel. L'intervention
des pouvoirs publics est souhaitable.
Pour ce qui est de la formation, il est clair que le secteur
informel appelle des méthodes simples, accessibles aux entrepreneurs,
aux apprentis, aux ouvriers et plus spécialement aux menuisiers qui
constituent le créneau de notre travail de mémoire.
Enfin, les syndicats du secteur formel ne devraient pas
considérer le secteur informel comme un corps étranger,
engagé dans une concurrence déloyale à leur égard
mais comme un partenaire cherchant à s'intégrer à
l'industrie pour le bien de la communauté toute entière.
Les menuisiers de Gakinjiro ont exprimé le souhait
à l'endroit de l'Etat de revoir à la baisse son système
d'imposition. Leur souhait peut se résumer ainsi : Trop
d'impôts tuent l'impôt !
Ils ont exprimé le souhait que la Caisse Sociale du
Rwanda s'investisse davantage dans sa campagne de sensibilisation afin que tout
travailleur rwandais jouisse du droit à la sécurité
sociale.
Ils ont demandé à l'Etat, à travers ce
travail de recherche qu'un espace plus grand leur soit accordé afin
qu'ils améliorent leur productivité mais qu'en attendant les
installations sanitaires leur soient construites sans plus attendre.
Ils ont souhaité que l'Etat puisse importer à
leur place des matières premières nécessaires à
leur production. Mais nous pensons qu'ils auraient mieux fait de demander
plutôt à l'Etat de les organiser et de les initier aux techniques
d'importation. Comme le dit un adage chinois, il est opportun d'apprendre
à quelqu'un de pêcher un poisson plutôt que de le lui servir
sur un plateau d'argent .
Ils demandent enfin à l'Etat de les subventionner dans
un premier temps afin qu'ils puissent faire face à une concurrence de
secteur structuré qui est équipé suffisamment en moyens
tant matériels qu'humains. (technologie de pointe et agents
qualifiés).
Ils ont, pour terminer, lancé un appel aux
opérateurs économiques, aux ONG, aux chercheurs universitaires,
ou autres, afin qu'ils les aident à mieux s'organiser, à mieux
produire, à mieux gérer leurs stocks, à mieux vendre,
à faire connaître leurs produits, bref à être
reconnus par les instances habilitées comme des acteurs de
développement au même titre que leurs camarades du secteur
formel.
Ils nous l'ont signifié lors de nos entretiens
répétés. Ils nous l'ont confirmé lors d'un
débat que nous avons eu avec leurs représentants.
Nous venons de passer en revue les résultats d'une
enquête que nous avons mené auprès des artisans menuisiers
de Gakinjiro.
L'objectif de cette enquête était de comprendre
les raisons majeures de la non affiliation des menuisiers de Gakinjiro au
régime de sécurité sociale rwandais.
Nous avons la certitude que cette étude de cas nous a
révélé les vraies causes puisque nous nous avons
confiance aux techniques scientifiques que nous avons utilisées.
Nous étions convaincus au départ que les revenus
des menuisiers de Gakinjiro étaient précaires et instables.
L'enquête que nous avons mené nous a prouvé le contraire.
Nous avons ainsi infirmé notre 1ère
hypothèse.
Nous étions également convaincus que les
menuisiers de Gakinjiro et par extension les travailleurs du secteur informel
n'étaient pas sensibilisés en matière de
sécurité sociale et qu'ils avaient une mauvaise perception du
rôle que joue la Caisse Sociale du Rwanda, l'enquête nous a
confirmé cela, ainsi notre 2e hypothèse s'en est
trouvée corroborée. Il en est de même pour la 3e
hypothèse qui concerne les blocages administratifs et les restrictions
juridiques qui freinent l'extension de la sécurité sociale au
Rwanda. Cette hypothèse a été également
confirmée.
Nous allons dans le chapitre qui suit, voire quelle type de
sécurité sociale proposer aux travailleurs du secteur
informel.
|