La participation politique dans les bidonvilles. Les cas de Newton-aéroport et de New-bell Douala.( Télécharger le fichier original )par Raouto Crazzilli NANTCHA Université de Douala - MASTER II- DEA Sociologie 2015 |
CHAPITRE DEUXIEME :CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA METHODE DE RECHERCHELa science se caractérise par un objet d'étude et une méthode. Ainsi, on ne peut mener une recherche sans méthodologie, car elle représente un guide de recherche nous permettant de collecter les données qui seront nécessaires pour l'analyse. C'est pour cela que dans ce chapitre, nous ressortirons les champs sociologiques mobilisés, les théories utilisées, les hypothèses et la méthodologie sollicitée. 2-1- CHAMPS SOCIOLOGIQUES MOBILISES, THEORIES UTULISEES ET HYPOTHESES2-1-1- Champs sociologiques mobilisésDans le cadre de notre travail, nous nous situons d'abord dans le champ de la sociologie politique. Qui est l'utilisation des principes sociologiques pour l'étude des faits politiques, c'est-à-dire des faits en relation avec la notion de pouvoir. Autrement dit, la sociologie politique se pose la question de savoir à qui appartient le pouvoir et qui le gère. Le pouvoir entendu ici comme étant la capacité de faire triompher sa volonté dans une relation sociale selon Max Weber 35(*)(1919). Aussi, c'est la capacité d'obliger tous les membres à se soumettre à des lois et à respecter un certain nombre de politiques internes au sens de Guy Bajoit36(*)(2004). Dans une approche conflictuelle il renvoie à la capacité pour une classe sociale à atteindre ses objectifs. En plus de la sociologie politique, nous sommes dans une sociologie du « monde d'en bas ». En effet, nous travaillons sur les bidonvilles, considérés comme desmilieux des petits gens, des « en bas d'en bas », des « laissés-pour-compte », des « gens sans importance ». Aussi les milieux de débrouillardise, de bricolage utilisé par ces derniers pour résoudre leurs problèmes quotidiens de vie et de survie.37(*) 2-1-2- Théories mobiliséesSelon Gingras38(*)(1993) : « La théorie est un ensemble de propositions logiquement reliées, encadrant un plus ou moins grand nombre de faits observés et formant un réseau de généralisation dont on peut dériver des explications pour un certain nombre de phénomènes sociaux ». Comme pour dire que la théorie est la partie langagière de la science, qui a pour but de soutenir des explications susceptibles de rendre compte de n'importe quel phénomène social en écartant d'emblée les explications courantes39(*). Ainsi, afin de mieux appréhender ces réalités, nous avons opté pour trois théories, à savoir : 2-1-2-1-La théorie de la participationLa participation désigne des procédures, démarches ou tentatives de donner un rôle aux individus dans une prise de décision affectant une communauté. Ce qui caractérise cette théorie de la participation c'est le passage d'un potentiel à un acte, indépendamment du succès obtenu, il ne s'agit dont pas d'évaluer l'action en terme de lien résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts (efficience), mais en terme de lien efforts /potentiels .elle s'appuie sur une double hypothèse : · En amont, plus on est motivé, plus on participe. · En aval, plus on participe, plus on obtient les résultats satisfaisant. La consultante Américaine Sherry A. Arnstein dans son ouvrage A ladder of cidizenparticipation, en 1969, ressort huit niveaux de participation des citoyens au projet les concernant. Cette échelle est toujours utilisée par les sociologues pour analyser la manière dont les pouvoir publics informent voire, font participer le citoyens aux prises de décisions. · Le premier niveau est celui du contrôle citoyen : il s'agit ici qu'une communauté locale gère d'une manière autonome un équipement ou un quartier. · Le deuxième c'est celui de la délégation du pouvoir : ici, le pouvoir central délègue à la communauté locale le pouvoir de décider d'un programme et de le réaliser · Le troisième c'est celui du partenariat : la prise de décision se fait à travers une négociation entre les pouvoirs publics et les citoyens. · Le quatrième renvoie à la conciliation : quelques habitants sont admis dans les organes de décision et peuvent avoir une influence sur la réalisation du projet. · Le cinquième niveau est celui de la consultation : des enquêtes ou des réunions publiques permettent aux habitants d'exprimer leur opinion sur les changements prévus · Au sixième niveau, il est question d'information : ici, les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours, mais ne peuvent donner leur avis · Au septième, il s'agit de la thérapie ou traitement des problèmes rencontrés par les habitants, sans aborder les vrais enjeux. · Enfin, le huitième niveau renvoie à la manipulation. Ici, l'information est biaisée et utilisée pour « éduquer » les citoyens en leur donnant l'illusion qu'ils sont impliqués dans le processus. Son utilisation réside ici dans le fait qu'elle nous permettra d'analyser la manière dont les pouvoirs publics informent, voire font participer les citoyens aux prises de décisions. Aussi d'analyser le degré de participation pour voir s'il y'a un pouvoir effectif des populations, ou alors une coopération symbolique, ou tout simplement pas de participation des populations dans ces quartiers. Mais cette théorie est beaucoup plus utilisée dans la sociologie du développement, c'est pour cela que nous ferons juste une transposition sans l'appliquer dans tous ses paramètres, puisque nous somme dans le domaine politique. Aussi, cette théorie ne pourrait pas nous permettre de comprendre ou alors de saisir les rapports de sens, les significations que les habitants des bidonvilles donnent à leur implication insuffisante. D'où la mobilisation d'une deuxième théorie : celle du « cens caché » de la participation de Daniel Gaxie (1978). * 35 Weber (max), Le Savant et le Politique, 1919 * 36Bajoit (guy), Le Changement Social : une Approche Sociologique des Sociétés Occidentales Contemporaines, Collection Cursus-Armand Collin, 2004 * 37Ela (jean marc), Innovations Sociales et Renaissance de l'Afrique Noire, les Défis du « Monde d'en bas », Paris, l'Harmattan, 1998 * 38 Gingras, Recherches en Sciences Sociales, Quebec, Presses Universitaires du Quebec, 1993, p.114 * 39Yomb (jacques), les Courants Sociologiques, 2èmes années licence, Université de Douala, 2008-2009 |
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