La participation politique dans les bidonvilles. Les cas de Newton-aéroport et de New-bell Douala.( Télécharger le fichier original )par Raouto Crazzilli NANTCHA Université de Douala - MASTER II- DEA Sociologie 2015 |
5-2-2- La responsabilité des partis politiquesLe parti politique se définit sur la base de quatre éléments : - C'est une organisation durable, c'est-à-dire qu'elle survit à ses dirigeants en place ; - C'est une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés avec l'échelon nationale ; - C'est une organisation qui doit avoir pour finalités : la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir ; - Et le souci de rechercher un soutient populaire à travers les élections ou d'une toute autre manière116(*). En s'appuyant sur le premier élément, le parti politique se distingue des simples clientèles, des factions, par le fait que ces dernières disparaissent avec leur fondateurs et animateurs. Le deuxième élément pour sa part, relève que le parti a une organisation complète jusqu'au niveau local, bref complet et entretenant en permanence des relations avec les unités de base. Le troisième diffère les partis, des groupes de pression, parce qu'ils cherchent à obtenir des sièges aux élections, à figurer au parlement, à participer au gouvernement, voire à le diriger. Enfin, le quatrième élément permet de le différencier des clubs politiques parce qu'ils ne participent pas aux élections et à la vie parlementaire, mais font plutôt pression sur les partis, le gouvernement et l'opinion (même si la frontière est franchissable)117(*). Les partis politiques jouent plusieurs fonctions. D'un point de vue classique, ils remplissent trois fonctions parmi lesquelles : - La formation de l'opinion : en effet, ils contribuent à créer ou à maintenir une conscience politique, en assurant l'information et la formation de l'opinion à travers l'encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des électeurs et des candidats, en clarifiant et en alimentant le débat politique et en explicitant plus clairement les choix ; bref, ils concourent à l'expression du suffrage (la fonction programmatique)118(*). - La sélection des candidats : le parti assure le choix des candidats à proposer aux électeurs à travers le recrutement politique - L'encadrement des élus : en maintenant un contact permanent entre les élus et les électeurs. Les militants servant de relais entre les deux (ils expliquent aux électeurs l'activité parlementaire de l'élu, défendent ses décisions, font sa propagande)119(*). Aussi, ils assurent l'encadrement des élus sur le plan parlementaire. Du point de vue de FranckSorauf120(*)(1964), il faut replacer le parti politique dans son environnement global. Dans ce sens, le parti dans son activité et ses conduites, aussi bien que dans ses structures, est une réponse à son environnement. Donc en fonction de ce dernier élément, le parti assume certaines fonctions. C'est pour cela que les partis des pays en voie de développement sont omni fonctionnels121(*). Selon Almond122(*), les partis jouent le rôle de l'élaboration, d'application et d'adjudication des règles (contrôle les organes du pourvoir). Aussi, ils constituent des structures de communication. De plus, ils contribuent à l'adaptation et au maintien du système, dans le sens du recrutement et de la socialisation politique. Enfin, ils contribuent à l'articulation et à l'agrégation des intérêts (en complétant ou en suppléant les groupes d'intérêt). Merton (1965)123(*) à travers ses concepts de fonctions manifestes et fonctions latentes, énumère trois fonctions : - Le maintien des contacts directs et constants entre les agents locaux et les électeurs de chaque quartier. Visant ainsi l'humanisation et la personnalisation de tous les procédés d'assistance à ceux qui sont dans le besoin - La procuration des privilégiés politiques qui permettent des gains économiques immédiats - L'ouverture des avenues de la mobilité sociale pour les groupes déshérités. En fournissant un moyen important de mobilité sociale à des individus qui, à cause de leur origine ethnique et de leur appartenance à la classe inférieure, voyaient leur avancement bloqué.124(*) Lavau125(*)(1918-1990), le parti peut remplir la fonction tribunitienne, c'est-à-dire celle qu'ils assurent lorsqu'ils se font porteurs des revendications d'une classe sociale ou d'une clientèle (du clientélisme politique). Une confrontation de toutes ces fonctions des partis politiques avec nos milieux d'étude, nous a permis de relever que : Théoriquement, ils sont structurés comme suit : des cellules au niveau des quartiers, des blocs ; des sous-sections au niveau des arrondissements ; des sections au niveau des départements et le comité central au niveau national.126(*) Mais sur le plan pratique, les autres partis politiques sont absents. Comme nous laisse entendre Kakabi de New-Bell Ngangue : « On ne sait pas où les retrouver, les localiser, on ne même pas s'ils existent » En effet, ils n'apparaissent que lors des campagnes électorales pour attirer les électeurs. C'est ce qu'exprime Grégoire : « Les partis font la politique du ventre, les gens qu'on ne connait pas, qu'on a jamais vu, viennent nous faire rêver pour l'instant des élections et ils disparaissent par la suite...) Cette expression « politique du ventre127(*) » relève tout simplement que les partis n'interviennent à ce moment que pour remplir les formalités. C'est donc cette absence ou alors cette présence non effective qui crée ce vide au niveau de la populace sur le plan politique. En effet, avec cela, aucune fonction n'est remplie, puisqu'une fois élus le pont est directement coupé avec eux. D'où plus d'information, plus de formation politique, les populations étant délaissées à elles-mêmes. A l'issue de ce chapitre, nous retenons que cette faible implication trouve une compréhension dans le défaut de culture politique qui les rend incompétents, aussi dans la désaffection, le désintérêt accentué par le sentiment de non prise en compte et l'absence des partis politiques. Mis en rapport avec les huit niveaux de participation des citoyens aux projets les concernant de Sherry Arnstein128(*), nous avons pu relever que les habitants de ces quartiers n'ont pas le pouvoir effectif et n'ont qu'une coopération symbolique qui s'arrête beaucoup plus à l'aspect électoral. Cependant, une question trouve son sens ici : qu'est-ce que les déterminants sociaux peuvent apportés comme explication de ce phénomène ? * 116Lapalombara et wiener, Politicals Parties and PoliticalDevelopment, Princeton, 1966, p.5-7 * 117 Schwartzenberg, Sociologie Politique, 5ed, Monchretien, 1998, p.404 * 118 David (apter), The Politics of Modernization, 5ed, 1969, p.181 * 119Schwartzenberg, op.cit.P.409 * 120 Franck (Sorauf), Politicals Parties in the American System, Boston, 1964 * 121David (Apter), op.cit. p. 181-182 * 122 Almond (Powell), Comparative Politics, Boston, 1966, p.99 * 123 Merton, Elements de Théorie et de Méthode Sociologique, 1965 * 124 Merton, op. cit. 1965 * 125Lavau, « à le recherche d'un cadre théorique pour l'étude d'un parti communiste français, rfsp, 1968, p.445 OU ENCORE, à quoi sert le parti communiste français ? 1981 * 126 HONORABLE FOPOUSSI responsable de la communication SDF * 127 Bayart (j-f), l'Etat au cameroun, paris, fnsp, 1979 * 128 Sherry (arnstein), a ladder of citizen participation, 1969 |
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