Comme on le dit souvent « Le Cameroun c'est toute
l'Afrique en miniature ». Riche d'une diversité écologique
exceptionnelle, il se situe à l'angle du Golfe de Guinée et
profite d'une variété climatique et topographique lui prodiguant
5 zones agro écologiques distinctes, comme le montre la figure 1
(ci-dessous). Le pays se divise en 10 régions pour une superficie de 475
650 km2. (ONU, 2015).
Figure 1 Carte agro-écologique du Cameroun,
source : Agro Cam
Depuis son indépendance en 1960, le Cameroun a une
économie essentiellement basée sur l'agriculture et notamment les
cultures de rente destinées à l'exportation telles que le
café,
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le coton et le cacao. L'agriculture est en effet un secteur
majeur de l'économie du pays. Il contribue à hauteur de 20% du
P11B et représente 40% des exportations totales du pays. Les surfaces
agricoles potentiellement exploitables du Cameroun sont très
importantes, le pays étant étendu et 62% de sa superficie totale
est utilisable pour l'agriculture (DSDR 2003).
La chute des prix de ces produits sur le marché
mondial, et la libéralisation de l'économie dans les
années 80-90 entrainent la population camerounaise dans une grave crise.
Après avoir connu un regain de croissance économique dans la
seconde moitié de la décennie 1990, le Cameroun voit son taux de
croissance du P11B diminuer de nouveau (de 4,23 à 3,32 % entre 2000 et
2007) (DSCE, 2009) . Cette baisse est particulièrement notable dans le
secteur agricole dont la contribution au P11B a chuté de près de
huit points entre 1992 et 2007. Cependant le secteur rural reste le premier
employeur avec plus de la moitié de la population active (3,6 millions
de personnes en 2007) (FAO, 2010). Ainsi on assiste à un accroissement
de la pauvreté dans les zones rurales qui sont les plus
touchées.
C'est dans ce contexte économique et social
marqué par l'augmentation de la population, la fluctuation des prix des
produits agricoles et alimentaires, que l'Etat et d'autres structures de
développement décident de renforcer les capacités des
paysans en vue d'augmenter la production agricole (Balkissou 2000 ; Faure et
al. 2004). Ce monde paysan est principalement organisé selon le
modèle de l'agriculture familiale. La notion d'agriculture familiale
recouvre une multitude de dimensions, aussi n'est-il pas aisé d'en
donner une définition. Selon la FAO «L'agriculture familiale
englobe toutes les activités agricoles reposant sur la famille, en
relation avec de nombreux aspects du développement rural. ». Ainsi
l'agriculture familiale (family farming) désigne une des formes
d'organisation de la production agricole regroupant des exploitations
caractérisées par des liens organiques entre la famille et
l'unité de production et par la mobilisation du travail familial
excluant le salariat permanent. (Belieres et al, 2014). Ces
exploitations familiales produisent la majeure partie des denrées
alimentaires camerounaises (80%) et ce malgré une faible
productivité (DSRP, 2003). Les cultures pratiquées sont des
cultures d'exportations (cacao, banane, ananas, café, coton, palmier
à huile) ainsi que des cultures vivrières (mil, sorgho, manioc,
ignames) auxquelles s'ajoutent d'autres cultures telles que l'oignon, la pomme
de terre et le haricot.
En réaction aux différentes crises et depuis
2003, le gouvernement camerounais rédige des documents qui
redéfinissent les grandes lignes de sa stratégie
économique. Le premier de ces documents a été le Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de 2003.
La crise alimentaire de 2008 et les émeutes qui l'ont suivie ont remis
au premier plan la question de la sécurité alimentaire et dans le
même temps le secteur agricole est devenue une priorité du
gouvernement camerounais. En 2009, une croissance en retrait pousse le
gouvernement à redéfinir ses stratégies par le biais du
Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE : document
considéré comme un DSRP de deuxième
génération). Les objectifs du pays ont évolué de la
réduction de la pauvreté vers un développement
économique générateur de croissance et d'emplois (DSCE,
2009). En voici les principaux objectifs à l'horizon 2020 :
? porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle dans
la période 2010-2020 ;
? ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% avec
la création de dizaines de milliers d'emplois formels par an dans les
dix prochaines années ;
? ramener le taux de pauvreté monétaire de
39,9% en 2007 à 28, 7%.
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Les quatre ministères de l'agriculture au sens large
(MINADER, MINEPIA, MINEFOF, MINEP) se sont rapprochés et en
cohérence avec la direction prise à l'échelle nationale
ont défini une stratégie commune en rédigeant le Document
de Stratégie de Développement du Secteur Rural (DSDSR, 2003). Ce
document a, depuis, été révisé de nombreuses fois
et a continué à être renouvelé même
après l'arrivée à terme du DSRP en 2006. Il manifeste la
volonté des pouvoirs publics de passer à une agriculture de
seconde génération c'est-à-dire une agriculture moderne et
plus intensive.
Le DSDSR place l'exploitation familiale au centre de
l'appareil productif camerounais et mise sur le potentiel de cette unité
de production à être une source d'emploi salarié et de
revenu. Ces exploitations se caractérisent par de faibles niveaux de
production et de productivité qui expliquent pour beaucoup la faiblesse
des revenus des familles agricoles et la pauvreté élevée
en milieu rural. Ainsi de nombreux programmes de développement se sont
intéressés aux exploitations familiales agropastorales (EFA) et
agissent sur elles au travers des groupements de producteurs (GP) ou
groupements d'initiative commune (GIC) (DSDSR, 2003). Leurs aides sont
généralement de la fourniture d'intrants et de service de
formation technique. Certaines structures d'encadrement axées sur la
vulgarisation puis le CEF sont aussi mises en place.