Stratégie de dissémination de l'information juridique sur le foncier rural. Cas de la phase du projet sécurisation foncière du MCA-BF.( Télécharger le fichier original )par Gaoussou NABALOUM Université de Ouagadougou - Département communication et journalisme - Maà®trise en sciences et techniques de l'information et de la communication, Option Communication pour le développement 2014 |
III. CADRE THÉORIQUELa conduite d'une recherche en communication nécessite de préciser le cadre de référence théorique dans lequel on s'inscrit. Dans le cadre de l'analyse de la stratégie de dissémination du Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF, la communication participative pour le développement nous servira de modèle théorique. Pour Colin FRASER et Jonathan VILLET, « [...] l'utilisation planifiée des techniques et activités de communication et des médias met au service de la population des outils puissants pour faire l'expérience des changements et même pour les diriger. Un échange intense d'idées entre tous les secteurs de la société peut conduire la population à s'engager plus fortement pour une cause commune. C'est un élément fondamental pour un développement approprié et durable.»25(*). À l'intérieur de la perspective de communication pour le développement, deux grandes tendances se sont successivement formées : une approche privilégiant les actions de grande envergure et s'appuyant sur les médias de masse, et une approche de communication à la base, appelée aussi communication communautaire, qui privilégie les microréalisations et qui s'appuie surtout sur les médias légers (vidéo, affiches, diaporamas, etc.). Ces tendances coexistent encore aujourd'hui à des degrés divers dans le domaine de la communication pour le développement. Les anciens modèles utilisaient la communication surtout pour la diffusion de l'information, pour faire comprendre à la population les «bénéfices » que promet le développement et les «sacrifices» qu'il exige. L'imitation d'un modèle de développement, fondé sur l'hypothèse que la richesse, une fois née, s'infiltrera automatiquement dans toutes les couches de la société, comprenait la propagation de pratiques de communication de haut en bas . . . (MACBRIDE, 1980, p. 6)26(*). Dans les pratiques de soutien aux projets de développement, la communication combine l'approche communautaire et le recours aux petits médias avec des pratiques pouvant être reliées au modèle de diffusion des innovations. Cette approche privilégie la planification des activités de communication comme soutien à un projet de développement et vise à produire une compréhension commune ou un consensus parmi tous les participants à une initiative de développement. Elle favorise les échanges de points de vue des acteurs engagés dans le projet de développement, prend en compte les perceptions de la population dans la planification de ce projet et la mobilise dans les activités de développement prévues. La méthodologie utilisée est empruntée à la technologie éducative et se caractérise par l'intégration de mécanismes d'analyse de besoins et d'évaluation dans le processus de communication. L'expérience montre que le point de départ de la communication pour le développement ne réside pas dans la diffusion d'une innovation, ou d'une nouvelle idée pleine de promesses, mais dans l'expression des besoins de la population. La participation, en mettant l'accent sur les besoins et les façons de voir des individus et des groupes, devient le concept clé de la communication pour le développement. Le recours à une méthodologie systémique, la mise en place de processus horizontaux dans lesquels les gens sont associés directement au processus de communication et sont ainsi amenés à formuler eux-mêmes leurs problèmes et à prendre conscience de nouvelles possibilités, ainsi que la prise en considération dans le processus de communication de leurs connaissances et de leurs façons de voir constituent les éléments déterminants. La définition que donne Guy BESSETTE de la communication participative nous semble la plus proche de la conception que nous nous en faisons : « La communication participative pour le développement est une action planifiée, fondée d'une part sur les processus participatifs et d'autre part sur les médias et la communication interpersonnelle, qui facilite le dialogue entre différents intervenants réunis autour d'un problème de développement ou d'un but commun, afin d'identifier et de mettre en oeuvre une initiative concrète visant à solutionner le problème ou atteindre le but fixé, et qui soutient et accompagne cette initiative. »27(*) La communication participative pour le développement renvoie généralement à l'exploitation planifiée de stratégies et de processus de communication visant le développement. Au sein même de cette dernière définition, il existe un vaste champ d'études recelant plusieurs approches, idéologies et courants de pensées. On peut citer parmi ces différentes approches, l'information, la conscientisation, l'éducation, la vulgarisation, les médias, l'e-learning, le marketing social, la communication participative et bien d'autres encore. Selon l'OMS et l'UNICEF28(*), la communication pour le développement (CPD) est « un processus faisant l'objet de recherche et d'une planification qui est cruciale pour le changement social et met en jeu trois stratégies principales : le plaidoyer qui vise à mobiliser des ressources et à gagner l'engagement de dirigeants politiques et sociaux en faveur des objectifs de développement. La mobilisation sociale qui vise à atteindre la participation et la propriété ainsi que la communication pour l'appui aux programmes qui vise à changer les connaissances, les attitudes et les pratiques de certains participants aux programmes ». La communication pour le développement renvoie à l'utilisation du processus de communication, des techniques et des médias pour aider les gens à prendre conscience de leur situation et des options à leur disposition pour toute action de changement ; à résoudre le conflit social et à travailler vers un consensus ; à aider les gens à planifier l'action de changement et de développement durable ; à aider les populations à saisir les connaissances et les qualifications en vue d'améliorer leur condition et celle de leur communauté, et améliorer l'efficacité des établissements publics. Les activités de communication doivent être programmées dans le cadre d'une stratégie globale qui prenne en compte la recherche, la définition d'objectifs dans l'identification des publics, la conception des messages adaptés, le choix des canaux de diffusion, le suivi et la rétro-information. Les approches multimédias qui utilisent de façon combinée différents canaux de communication qui se renforcent mutuellement donnent les meilleurs résultats. En réalité, la communication pour le développement constitue un outil fondamental pour sensibiliser les populations, corps de métier, communautés sur divers thèmes. Allant de l'utilité de l'inscription des naissances à l'état civil, en passant par l'acquisition de nouvelles techniques agricoles, jusqu'à l'information sur de nouvelles innovations en matière d'évolution des textes réglementaires et juridiques sur le foncier rural. La communication participative pour le développement est au coeur d'un défi majeur, c'est-à-dire, associer les populations pauvres aux processus de prises de décisions qui influent sur leurs vies. C'est un outil puissant qui contribue à la réduction de la pauvreté et de la faim tout en encourageant des processus démocratiques et des changements sociaux dans de nombreux pays. La participation active est reconnue aujourd'hui comme une condition essentielle au processus de développement. Toute intervention visant une amélioration réelle et durable des conditions de vie des populations est vouée à l'échec si les personnes concernées ne la prennent pas en charge. Pour parvenir à des changements durables, il faut que les populations concernées soient impliquées à tous les niveaux d'intervention, de l'identification des problèmes à la recherche et à la mise en oeuvre de solutions. La communication pour le développement est au coeur même de ce défi : elle représente le processus par lequel les gens deviennent les principaux acteurs de leur propre développement. Grâce à la communication, les populations cessent d'être des bénéficiaires d'interventions de développement qui leur sont extérieures pour prendre en main leur propre développement. Ce processus s'adresse aux entreprises, collectivités, programmes et projets publics ou privés, qui sont soucieux d'impliquer effectivement un grand nombre de parties-prenantes dans la réalisation de leurs objectifs, afin de déboucher sur des résultats plus légitimes et fédérateurs, donc plus efficaces. * 25FRASER C. et VILLET J. (1994) cités par DEANE J., Communication: un élément clé du développement humain [en ligne] in 9ème Table ronde des Nations unies sur la communication pour le développement, FAO, Rome, septembre 2004, consulté le 24 juin 2014, disponible sur http://www.fao.org/3/a-a1476f.pdf * 26 MACBRIDE, S., Many Voices, One World : Report of the International Study Commission on Communication Problems, Paris: UNESCO, 1980. * 27 BESSETTE G., Communication et participation communautaire : Guide pratique de communication participative pour le développement, Les Presses de l'Université Laval, 2004, 120 p. * 28La communication pour le développement : accroître l'efficacité des Nations Unies, http://www.undp.org/content/dam/undp/library/Democratic%20Governance/OGC/c4d-effectiveness%20of%20UN-FR.pdf, consulté le 08/10/2014 |
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