CONCLUSION GENERALE
Depuis une décennie, les opérations de
sécurisation foncière ont cours au Burkina Faso. Les
activités menées dans le cadre du plan foncier rural du
Ganzourgou ou de l'opération pilote de sécurisation
foncière à Padéma ont largement contribué à
la stabilisation de modèles qui ont abouti à l'adoption de la loi
034-2009 portant régime foncier rural. Une loi dont les innovations sont
jugées progressistes dans la mesure où elle accorde une place aux
coutumiers, à travers la reconnaissance de leurs droits et leur
responsabilisation dans les instances locales de gestion
foncière (commission foncière villageoise, commission de
conciliation foncière villageoise).
Autre innovation introduite par la loi 034-2009 portant
régime foncier rural, la reconnaissance de trois domaines
fonciers : le domaine de l'Etat, des collectivités territoriales et
des particuliers. Désormais, les producteurs ruraux peuvent disposer de
documents de sécurisation foncière à savoir l'attestation
de possession foncière rurale. Afin d'accompagner le processus de
changement procédural, d'assurer le développement institutionnel,
le renforcement des capacités des acteurs du foncier et la conduite
d'activités de sécurisation dans les sites spécifiques
comme les zones aménagées, le Millennium Challenge Account -
Burkina Faso a mis en oeuvre le Projet Sécurisation Foncière. Une
stratégie de communication a été élaborée et
un dispositif de communication à trois échelles (nationale,
communale et villageoise) mis en place pour assurer la dissémination de
l'information juridique sur le foncier rural.
Au Burkina Faso, peu de projets sur le foncier disposent d'un
volet communication avec des activités qui sont menées de
façon transversale. Il nous est donc apparu nécessaire de
documenter ce processus afin de faire valoir l'importance de la communication
dans la mise en débat des thématiques sur le foncier pour une
plus grande implication dans la gouvernance foncière locale.
A travers ce travail, notre objectif général a
consisté à analyser le processus de mise en oeuvre des actions de
communication en appui au Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF.
En dehors du Projet Sécurisation foncière,
d'autres acteurs s'intéressent et mettent en oeuvre des actions sur le
foncier. Entre autres, on peut citer le Programme de Développement Rural
Durable (PDRD), le Programme National de Gestion des Terroirs (PNGT), le Groupe
de Recherche et d'Action sur le Foncier (GRAF) et l'Agence Française de
Développement (AFD). L'expérience en communication menée
par le Projet Sécurisation Foncière peut inspirer ces acteurs et
leur permettre d'être efficace dans leurs interventions en anticipant
certaines situations déjà rencontrées. La présente
étude se nourrit de cet objectif et nous espérons ainsi
contribuer à l'amélioration des pratiques de communication dans
les projets fonciers.
La stratégie de dissémination entreprise pour
diffuser l'information sur la loi 034-2009 portant foncier rural a
privilégié la synergie d'actions entre techniciens de
développement, acteurs villageois et l'utilisation d'outils de
communication (calendriers à thème, pièce de
théâtre filmée, supports écrits de formation et
guides d'animation).
La combinaison de ces approches, outils et acteurs a fait ses
preuves au regard du nombre de personnes informées sur la loi 034-2009
portant régime foncier rural. Elle a permis d'améliorer
sensiblement la connaissance des populations des villages cibles sur la loi
mais aussi la gestion des conflits fonciers.
Les résultats de l'évaluation des connaissances,
attitudes et pratiques des coutumiers/religieux, éleveurs et femmes des
villages de Goué et Kourit-Yaoghin révèlent un niveau
moyen d'information des acteurs (autour de 50%) sur le foncier. Cependant, les
informations reçues n'ont pas incité les acteurs
interrogés à se doter de documents de sécurisation.
Au-delà donc de l'information, il est important de mettre l'accent sur
le « faire-agir ». Les approches, outils et
supports de communication devraient mettre l'accent sur la connaissance des
documents légaux de sécurisation, les procédures pour leur
obtention, les coûts et délais d'immatriculation et le recours aux
instances de gestion du foncier tels que les services fonciers ruraux/bureaux
domaniaux, les commissions foncières villageoises et les commissions de
conciliation foncière villageoises.
Face à ces nouvelles exigences et défis à
relever, il est nécessaire de développer des approches nouvelles
pour une meilleure gouvernance foncière en milieu rural.
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