Au cours de notre lecture de la littérature
antérieure, nous avons eu à consulter plusieurs travaux qui se
sont penchés d'une manière ou d'une autre sur notre sujet de
recherche.
C'est ainsi, qu'après avoir longuement discuté
des concepts clés de notre travail de recherche dans la section
précédente, nous allons à présent mettre la
lumière sur l'apport de certains travaux de recherches de nos
ainés, ainsi que leurs limites afin de mieux appréhender ce dont
nous voulons parler.
· La dollarisation provoquerait une
dépréciation de la monnaie nationale face au dollar
américain sur le marché de Butembo ;
· Il se pourrait que cette dollarisation occasionne une
hausse du niveau général de prix des produits sur le
marché local, relation dans laquelle la variation du taux de change
constituerait un effet de transition.
Motivé par la recherche et l'identification des
conséquences des changements dans l'appréciation des individus
à l'égard de la monnaie congolaise, le chercheur avait pour
objectif de déterminer les conséquences de la substitution
monétaire sur la valeur de la monnaie
nationale, face au dollar américain, et sur le niveau
général de prix des produits en ville de Butembo.
A l'issue de ses recherches, l'auteur est arrivé aux
conclusions suivantes :
· S'agissant de l'impact de la dollarisation sur
l'état d'appréciation du franc congolais, les analyses lui ont
révélé une liaison croissante, de forme exponentielle,
symbolisée par la courbe entre le taux de dollarisation et le taux de
change du dollar américain en franc congolais.
En des termes simples, cela veut dire que l'augmentation du
taux de dollarisation provoque une dépréciation du franc
congolais, qui se traduit par la hausse du taux de change du dollar en francs
congolais.
Cette première conclusion l'a permis de confirmer sa
première hypothèse selon laquelle la dollarisation provoquerait
une dépréciation de la monnaie nationale face au dollar
américain sur le marché de Butembo.
· Concernant l'influence de cette dollarisation sur le
taux d'inflation, les analyses du chercheur ont fait ressortir une liaison de
modèle polynomiale entre ces variables de courbe avec un coefficient de
détermination indiquant le pouvoir explicatif du taux de dollarisation
sur le taux d'inflation.
Au regard des résultats de ces modèles,
l'auteur est arrivé à la conclusion que l'explication du taux
d'inflation par le taux de dollarisation est mieux signifiée par cette
relation : « Le taux de dollarisation influence le taux de change, lequel
taux de change explique le taux d'inflation. Par conséquent, le taux de
dollarisation exerce une certaine influence sur l'inflation ».
Par contre, le degré d'explication du taux d'inflation
par le taux de dollarisation n'étant que de 50,57% indique que cette
influence n'est pas tellement grande. Cette seconde conclusion a permis de
nuancer la seconde hypothèse stipulant que la dollarisation
influencerait le niveau général des prix des produits sur le
marché local, relation dans laquelle, la variation du taux de change
constitue un effet de transition.
En conclusion générale, le chercheur estime que
la tendance de faire recours à la devise américaine entame la
valeur de la devise nationale, et joue sur le niveau général des
prix des produits en ville de Butembo.
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De ce fait, à côté des efforts fournis
par le gouvernement pour la stabilisation économique observée, le
chercheur estime qu'il conviendrait tout de même de penser à une
éducation régulière de la population sur différents
mécanismes économiques, afin qu'elle ne dérègle pas
de sa propre volonté les conditions du marché. En plus, le
gouvernement a intérêt à bien définir sa politique
budgétaire en vue de stimuler la croissance économique et ainsi
maintenir forte l'économie nationale.
« Vers une politique monétaire plus
efficace : le cas de la République démocratique du Congo
»
Cet article écrit par trois chercheurs, pour le compte
du FMI, examine les difficultés de la politique monétaire de la
RDC dans un contexte de dollarisation poussée du système bancaire
et de faiblesse institutionnelle.
Les chercheurs partent de l'hypothèse selon laquelle
la BCC n'est guère en mesure de maitriser l'inflation, et cela
malgré une réactivité rapide des chocs inflationnistes.
Afin de capter l'efficacité de la politique
monétaire, les chercheurs ont réalisé certains tests
économétriques et sont arrivés aux conclusions suivantes
:
· La première étape de la transmission des
taux d'intérêt est la transmission du taux directeur aux autres
taux d'intérêt dans l'économie, en particulier le taux
préteur. Des tests préliminaires semblent montrer que le taux
prêteur ne change pas au gré du taux directeur - ce qui s'explique
peut-être par la forte dollarisation de l'économie et par le
recours important aux prêts en devises. Cela tend à affaiblir le
mécanisme de transmission monétaire.
· Le deuxième lien est celui entre le taux
directeur et la base monétaire. Nous ne pouvons pas mettre en
évidence de relation de causalité entre le taux
d'intérêt directeur et la base monétaire. Cela pourrait
s'expliquer par l'insuffisance des données ou par le faible
développement du secteur bancaire, puisque la majorité des
habitants - qui sont les principaux détenteurs de monnaie nationale -
n'ont pas accès à des services financiers formels.
Les principales conclusions de leurs analyses montrent que
(i) la forte dollarisation de l'économie est reflétée dans
la relation à long terme ; cela représente une contrainte
importante ; (ii) la Banque centrale a été réactive aux
chocs d'inflation, utilisant le taux directeur pour limiter les hausses de prix
- mais l'analyse suggère que cette instrument, s'il est opérant,
prend au moins six à huit mois pour avoir un impact sur l'inflation ;
(iii) le mécanisme
En outre la dollarisation est aussi une cause de la hausse
généralisée des prix. Mais cette relation n'est pas
directe, puisque le taux d'inflation est directement lié au taux de
change et,
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de transmission n'est pas clair : les analyses
préliminaires suggèrent que la répercussion du taux
directeur vers les autres taux d'intérêt dans l'économie
est limitée.
Et en conclusion, nos chercheurs disent que plusieurs
facteurs expliquent l'efficacité limitée de la politique
monétaire en RDC : forte dollarisation, faiblesse institutionnelle et
administrative, prééminence de la politique budgétaire et
manque de capacités et de crédibilitéì des
autorités monétaires. Une politique monétaire au plein
sens du terme et son efficacitéì demeurent des objectifs de long
terme ; actuellement, elle se limite àÌ la gestion de la monnaie
en circulation et du taux de change.
Les réformes institutionnelles nécessaires pour
rendre le cadre de politique monétaire plus efficace sont importantes,
et il faudra des années, sinon des décennies, pour que l'on
assiste à un recul de la dollarisation, à un développement
des marchés des capitaux et à une politique monétaire plus
opérante.